Paradoxe de l'écrivain
Paradoxe de l'écrivain
Le paradoxe de l'écrivain est un paradoxe temporel qui décrit la situation suivante : un écrivain s'expédie à lui-même, dans le passé, en utilisant une machine à remonter le temps, un exemplaire imprimé du livre qui l'a rendu célèbre. Dans le passé, il écrit son manuscrit en recopiant simplement l'exemplaire reçu. Le livre n'a donc jamais été écrit, juste recopié. Il apparaît ex nihilo. C'est un paradoxe apparenté au paradoxe du grand-père ; d'une certaine manière c'est exactement la situation contraire.
Le paradoxe de l'écrivain met à mal le principe de causalité : un phénomène devient en effet sa propre cause. On appelle aussi cette situation « boucle de causalité ».
Si le paradoxe du grand-père est généralement décrit par une action physique, ce paradoxe est souvent présenté sous forme d'un transfert d'information. La littérature de science-fiction fournit toutefois des exemples d'interventions physiques constituant des boucles de causalité.
Ce paradoxe ne réclame pas forcément de voyage dans le temps : la prophétie auto-réalisatrice pose exactement le même problème (un événement est sa propre cause), si la prophétie est basée sur une capacité à lire le futur.
Sommaire[masquer] |
Apparitions dans la littérature, le cinéma et les jeux vidéo[modifier]
Malgré la difficulté logique à admettre une telle situation, les auteurs de science-fiction ne se privent pas de l'employer.
- L'utilisation de référence de ce paradoxe dans un roman se trouve dans La Fin de l'Éternité d'Isaac Asimov.
- On dit parfois que le premier exemple de boucle de causalité est l'histoire d'Œdipe. Cette assertion est discutable, car si une prophétie est équivalente à une information expédiée par voyage dans le temps, la mythologie grecque ne conçoit pas l'oracle comme une information venue du futur mais comme une énigme portant sur ce que le Destin a décidé. Comme tout découle d'un Destin écrit avant l'oracle, Œdipe n'est pas vraiment impliqué dans une boucle de causalité.
- Ce paradoxe est le principe du film C'est arrivé demain de René Clair.
- Ce paradoxe est au principe du roman Les Voies d'Anubis de Tim Powers.
- En revanche on se situe bien dans une telle situation à la fin de Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban. En effet, Harry Potter est sauvé par un mystérieux sorcier lors de l'attaque finale. Il utilise ensuite un retourneur de temps dans le but de sauver son parrain. Il se rend alors compte que lui seul est en mesure de lancer le sort qui l'a sauvé. L'auteur souligne d'ailleurs cet aspect puisque Harry Potter précise qu'il aurait été incapable de lancer le sort s'il ne s'était vu le lancer précédemment.
- De même dans certains épisodes de Star Trek, les voyageurs donnent à un scientifique du passé la composition d'un alliage qui servira plus tard à la fabrication des vaisseaux. Ce scientifique n'est autre que l'inventeur historique de cette matière : en fin de compte, personne n'a inventé l'alliage, mais il existe.
- Le film "L'Armée des douze singes" est un paradoxe de l'écrivain dans son ensemble dans la mesure ou le héros James Cole (Bruce Willis) est envoyé dans le passé afin d'empêcher la propagation du virus mortel dont il est question dans le film. Il rencontre Jeffrey Goines (Brad Pitt) dans un hôpital psychiatrique où il va sans le vouloir, lui donner l'idée de créer un virus mortel pour anéantir l'humanité. Dans la scène finale, James tente d'arrêter les plans de Jeffrey mais est poursuivi par les forces de sécurité de l'aéroport. Il se voit alors petit avec ses parents, qui boucle indéfiniment ses visions où il voyait effectivement un homme se faire tuer par les forces de sécurité de l'aéroport. On peut dire dans ce cas là que James Cole est un être à jamais perdu dans le continuum espace-temps ... Condamné à revivre exactement les mêmes évenements à l'infini, ne sachant sa terrible destinée qu'au dernier moment alors qu'une balle est sur le point de le tuer ...
- Dans le premier volet de la trilogie Retour vers le Futur, Marty fait découvrir aux jeunes de 1955 « un bon vieux rock, bien rétro » qui n'est autre que la chanson Johnny B. Goode de Chuck Berry. Pendant sa prestation, Marvin Berry téléphone à son cousin Chuck pour lui faire découvrir « un son nouveau ». Ainsi, Chuck Berry ne deviendra célèbre qu'en ayant repris la chanson, et non en l'ayant composée lui-même.
- Le film Terminator présente lui aussi un tel paradoxe : si Reese n'avais pas été envoyé dans le passé, John Connor ne serait jamais venu au monde et alors il n'aurait pas pu envoyer Reese en arrière. De même dans Le Jugement Dernier, on sait que Miles Dyson a créé Skynet à partir des restes du T-800, lui-même créé par Skynet.
- Dans l'épisode « Le pourquoi du comment » de la série Futurama, Fry découvre que Nibbler est le responsable de sa congélation (Il aurait soufflé sur la chaise en équilibre pour faire tomber Fry dans le tube), ce dernier remonte dans le temps afin d'empêcher le Nibbler du passé de le pousser, Nibbler nous dit que si Fry n'est pas congelé, il ne pourra jamais aller dans le futur et rencontrer Leela, au final c'est Fry qui fait tomber son double et donc s'est congelé lui-même. C'est un paradoxe de l'écrivain.
- Dans le premier épisode de la saison 5 de la série LOST, Richard donne une boussole à Locke et lui demande de la lui redonner la prochaine fois qu'ils se verront. Lorsque l'île « bouge » elle retourne en 1954. Locke rencontre Richard et lui donne la boussole. Ensuite, 50 ans plus tard, Richard donnera la boussole à Locke etc. Cette boussole n'a donc jamais été fabriquée. Richard a obtenu cette boussole des mains de Locke, qui lui, l'a obtenue des mains de Richard.
- Dans le jeu Escape From Monkey Island, pour trouver la clef d'un portail dans les marais du temps, Guybrush Threepwood doit accomplir un paradoxe de l'écrivain : une clef lui est d'abord donnée par son lui futur, puis, après son utilisation, il doit la renvoyer à son lui passé. Le respect de la continuité temporelle, y compris dans les dialogues entre son le Guybrush du passé et celui du futur est nécessaire à la résolution de ce passage.
- La série de manga Tsubasa Reservoir Chronicles de Clamp, le "vrai" Shaolan (Tsubasa garçon) est en réalité le fils de son propre clone. Celui-ci fut créé lors de sa capture par Fei Wan Lead après sa première tentative pour sauver la "vraie" princesse Sakura. Les clones de Shaolan et Sakura furent tués dans l'histoire mais ceux-ci firent le voeu de revenir à la vie dans un même monde afin de donner naissance au "vrai" Shaolan pour que celui-ci accomplisse sa quête de sauver la "vraie" Sakura et de rétablir l'équilibre dans les différents mondes. On a là un paradoxe de l'écrivain car on ne peut déterminer qui est venu en premier (le vrai ou le clone) et que les évènements et les actions qui se déroulent dans le récit sont intimement liés à ce paradoxe. On pourrait aussi parler du personnage de Watanuki de sa série crossover XXXHolic qui étant lui aussi un clone du "vrai" Shaolan, créé par le paradoxe temporel faisant en sorte que la "vraie" Sakura (Tsubasa fille) n'a pu être sauvée la première fois. On peut remarquer dans le récit quand sans le sacrifice de Watanuki de perdre ses souvenirs, le "vrai" Shaolan, Kurogane et Fye n'auraient pu savoir et atteindre l'endroit où se trouvait Fei Wan Lead.
- Dans la série d'Eoin Colfer "Artemis Fowl". Artemis se voit contraint de remonter le temps. Son voyage l'amène à s'intéresser au monde surnaturel des fées. S'il n'avait pas réalisé ce voyage, il n'aurait jamais envisagé leur existence ni conçu l'idée d'en kidnapper une. Par conséquent, il n'aurait jamais pu effectuer son voyage dans le temps. C'est ce qui ferme la boucle temporelle, il est impossible de savoir quel acte est la cause et quel acte est la conséquence.
Pourquoi est-ce un paradoxe ?[modifier]
À première vue, une situation de ce type ne crée aucun problème logique. Elle vérifie le principe de cohérence de Novikov et ne provoque pas d'incompatibilité.
Mais on peut trouver étrange que cette situation survienne alors que son absence serait également logique. Prenons l'exemple d'Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban : Harry survit à sa rencontre avec les détraqueurs parce qu'un homme a lancé un sort pour les mettre en fuite. Il fait ensuite un saut de quelques heures dans le passé. Au cours de ce saut, il lance le sort qui lui a sauvé la vie. Tout semble cohérent. Sauf que sa mort face aux détraqueurs, entraînant l'absence de voyageur temporel, serait aussi une solution cohérente. Toutefois, il y aurait eu incohérence si Harry avait renoncé à lancer le sort lorsqu'il était revenu dans le passé, ce qui aurait rendu impossible tous les évènements vécus après cet instant par son lui du passé. Pour que la boucle soit bouclée, il fallait nécessairement que le Harry du passé fut sauvé d'une manière conforme aux souvenirs du Harry présent (comme il ne distinguait que des silhouettes, il aurait pu s'agir d'Hermione, ou de quelqu'un d'autre).
Finalement, l'utilisation de boucles de causalité apparaît comme une licence poétique accordée à la plupart des auteurs utilisant le voyage dans le temps.
Refermer les boucles[modifier]
Un cas non-paradoxal est celui où le voyageur crée lui-même une boucle contenant des événements différents de ceux qui faisaient partie de son passé avant son voyage. Typiquement, dans Le Guide du voyageur galactique, un poète qui a écrit exilé dans une forêt est ensuite devenu célèbre. Une entreprise utilisa une machine à remonter le temps pour lui proposer de le sponsoriser. Mais devenu riche, il ne s'exila pas en forêt, et ne put donc écrire de si beaux poèmes. Heureusement, les responsables de l'entreprise avaient emporté un recueil imprimé de ses poèmes. Après intervention, on retrouve un paradoxe de l'écrivain classique.
Cette variante consiste à "réparer" l'histoire après avoir failli causer un paradoxe du grand-père. C'est ce que fait le héros de Retour vers le futur quand il provoque la rencontre de ses parents, après l'avoir accidentellement empêchée. Marty MacFly retourne en 1955, du temps où ses parents ont son âge, c'est-à-dire en fin d'adolescence. Lors d'un bal au lycée ils se sont embrassés pour la première fois et ils ont formé un couple dont un des fils est Marty. Mais par accident, sa mère tombe amoureuse de lui la semaine avant ce fameux bal. Or si elle tombe amoureuse de lui le premier baiser n'aura pas lieu, le mariage et le couple ne viendront pas, et les enfants n'existeront pas. Marty n'a donc pas de raison d'être là. Lors de la soirée il sort une photo de lui et de sa fratrie. Il remarque que les corps de son frère et de sa sœur disparaissent progressivement, ainsi que le sien plus tard : tout simplement parce qu'il y a un paradoxe temporel. Mais soudainement après le baiser de ses parents, l'image revient normalement car le cours normal de l'histoire a été remis en place après l'accident (cette situation est assez étrange car cela voudrait dire que l'existence de quelqu'un n'est pas précisément établie (on existe, ou on n'existe pas), mais est assise sur des probabilités variant en fonction des modifications éventuelles de l'histoire. La disparition progressive des enfants sur la photo matérialiserait donc la diminution des probabilités que les parents de Marty les engendrent, la baisse atteignant son paroxysme lorsque Marty lui-même commence à s'effacer).
Variante: être son propre père[modifier]
Cette variante est assez parlante : un voyageur temporel remonte un an avant sa naissance, rencontre sa mère, tombe amoureux d'elle et ils ont un enfant, qui n'est autre que le voyageur.
Cette situation est logiquement inacceptable, ne serait-ce que pour des raisons génétiques (on ne peut pas être identique à son père pour le simple fait que dans la reproduction sexuée, seule la moitié du patrimoine génétique de chaque géniteurs se combinent ensemble pour créer un nouvel individu ; ce qui est exposé dans La Patrouille du temps, de Poul Anderson). Elle est cependant évoquée par des nouvelles de Robert Heinlein et Jean-Pierre Andrevon, sur le plan humoristique par Gotlib dans sa Rubrique-à-brac, dans un épisode des Griffin[réf. souhaitée], dans un épisode de la série Futurama où le héros Fry est son propre grand-père et par Douglas Adams dans Le Guide du voyageur galactique. Ce dernier précise que ce genre de situation ne crée guère de problème dans les familles où on a l'esprit ouvert. De Robert Heinlein, on peut toutefois citer une nouvelle, Tous des zombies, qui présente le cas intéressant où à la suite d'un changement de sexe dû à une ambivalence génétique accidentelle et une modification hormonale, le héros/l'héroïne voyageant dans le temps arrive à être à la fois son père et sa mère, ce qui résoudrait (?) le problème posé par la génétique. Dans un registre scientifique plus simple, ce cas de figure est aussi envisageable par un simple clonage du voyageur, consistant, une fois revenu dans le temps, à procéder à l'insertion d'une de ses cellules dans un ovule énucléé, qui sera ensuite inséminé artificiellement dans le corps de la mère porteuse, qui n'est autre que celle qui a effectivement donné naissance au voyageur.
Elle est en revanche peu utilisée dans la science-fiction. Néanmoins des rumeurs ont circulé concernant l'univers Star Wars selon lesquelles Jacen Solo aurait appris à utiliser ses pouvoirs de Jedi pour remonter le temps et serait le père d'Anakin Skywalker, son propre grand-père, ce qui ferait de Jacen son propre arrière-grand-père (en fait, avant sa mort, Jacen avait effectivement appris à voyager dans le passé, une première dans l'univers de Star Wars, mais seulement sous forme de spectre). De même, un lapsus de l'auteur d'Harry Potter, confondant le maléfique Voldemort et son ancêtre Salazar Serpentard fut à l'origine d'une théorie suivant laquelle Voldemort serait l'ancêtre de sa propre lignée, après mise au point d'un retourneur de temps pour les années.
Une des clé de la série Tsubasa Reservoir Chronicles repose sur cette variante. En effet, le "vrai" Shaolan est le fils de son propre clone (voir explications plus précises plus haut)
Autre Variante : Le paradoxe de la boule de Billard[modifier]
Cette autre variante montre comment une situation particulière peut être sa source. Ainsi, les cause et effet ne font qu'un. La particularité de cette situation est qu'elle est applicable directement dans un système semblable à l'univers.
Imaginez une table de billard, le tapis représente la trame de l'espace. Les 3 dimensions de l'espace se trouvent réduites à deux dimensions. Les boules de billards sont des comètes se déplaçant sur cette trame spatiale. La Quatrième dimension se trouve être la hauteur. Les boules ne peuvent pas entrer dans la 4ème dimension puisqu'elles se déplacent sur la table (largeur + longueur). En revanche, les trous aux coins de la table sont reliés par des tunnels sous la table. Ce sont des Trou de ver (qui permettent de revenir dans le passé en un endroit différent).
Sur cette table, imaginons une boule A et une boule B qui se déplacent, elles entrent en collision et leurs trajectoires sont modifiées. La boule B dérive aléatoirement mais la boule A se dirige directement vers un trou. Elle tombe dedans et se retrouve donc dans un trou de ver. Elle sort de ce tunnel en un autre trou, dans le passé. En continuant sa trajectoire, elle percute une autre boule C qui va alors tomber dans un trou. En réalité, les boules A, B et C ne sont qu'une seule et même boule. Elle va dans le passé, se percute elle même pour pouvoir aller dans le passé pour pouvoir se percuter elle même et ainsi de suite.