Article de ASTROSURF 8 - L'influence scientifique sur les OVNI - partie 3

 

Le problème OVNI

L'influence scientifique (VII)

Crédulité accréditée

Malgré le fait que tous les scientifiques revendiquant ce titre aient conscience des limites de la science et de leurs compétences, plusieurs chercheurs se sont cependant laissés prendre par les prétentions extraordinaires de certains escrocs et autres illusionnistes.

Sans vouloir insister sur leur attitude qui mérite peu d'attention, j’en citerai trois, Jacques Vallée, Jean-Pierre Petit et Peter Kolosimo. Avec le recul des années, ils ont probablement dû reconnaître qu'ils étaient à des années-lumière de la réalité, si jamais ils ont été capables de faire leur autocritique. Nous citerons également deux escrocs parmi d’autres, Uri Geller et Cyril Hoskins mieux connu sous le nom de T.Lobsang Rampa.

1. Jacques Vallée et Uri Geller

Dans son livre "Le Collège Invisible" publié en 1975, l'astrophysicien Jacques Vallée[27] considéré comme le "spécialiste français des OVNI" déclarait que les manipulations d'Uri Geller et de son acolyte Puharich, de soi-disant messagers d'une puissance extraterrestre, méritaient toute notre attention... Alors qu'il était l'un des enquêteurs les plus originaux dans le domaine de l'ufologie, ironisant à propos des témoignages sortis de mauvais "space opera", il acceptait sans critique que nos éventuels visiteurs choisissent des prestidigitateurs pour agents !

Jacques Vallée devait pourtant savoir que plusieurs hommes de science avaient demandé à être confrontés à Uri Geller, mais ce dernier invoquait chaque fois les perturbations que leur présence induisait sur ses pouvoirs. Autrement dit, il voulait bien prouver qu'il était doué de perceptions extrasensorielles, mais il fallait le croire sur parole : "je veux bien le faire, mais ne me regardez pas !" C'est difficilement crédible. Jacques Vallée publia quelques études intéressantes mais manquait foncièrement de rigueur et cela n’a pas renforcé l’ufologie.

2. Jean-Pierre Petit et les Umnites

A partir de 1965, des Espagnols puis des gens habitant en France, en Italie et un peu partout en Europe, qui ne se connaissaient pas, reçurent du courrier des fameux Umnites, les habitants d'une soi-disant planète Ummo capable de voyager dans le temps. Les lettres rédigées en langue indigène furent traduites grâce à la perspicacité d'un certain J.Pollion...

Ces lettres étaient postées des quatre coins du monde et contenaient des documents à connotation scientifique mais également politique, expliquant à leurs contacts le système politique des Umnites, leur philosophie, etc.

La CIA n'y était vraisemblablement pour rien et il faut s'attendre un jour à ce que ce canular d'étudiant soit divulgué, au grand dam de J.-P. Petit qui devrait tout de même se dire que J.Pollion est un bien curieux nom... 

En 2002, J.-P. Petit faisait encore de la publicité sur son site pour les Umnites, activité qu'il abandonna semble-t-il durant 4 ans avant de remettre le dossier Umnite sur la table, prétendant toujours y trouver son inspiration...

Il justifia ce revirement temporaire par une "auto-censure" suite aux nouvelles dispositions légales de la loi française concernant tout atteinte à la sécurité nationale ! (sic). En fait, Jean-Pierre Petit confond naïveté et liberté d'expression dans un Etat de droit. Comme quoi celui qui parle sur son site Internet de "la connerie des autres" et voit la paille dans l'oeil de son voisin ne voit pas la poutre dans le sien et les conneries qu'il transmet cette fois lui-même inconsciemment à la jeune génération. Sa naïveté prête à sourire.

Les jeux vidéos et les programmes informatiques nous plongent parfois dans un monde virtuel qui nous ferait presque croire aux légendes qui courent à propos des cités mystérieuses de l'ancienne Egypte, de l'île de Pâques ou de l'Atlantide. Ces images de synthèse sont extraites du programme Timelapse pour PC publié en 1996 chez Dice. Si ce jeu ne renforce pas le sens critique des joueurs, il excèle par contre par son rendu tridimensionnel et ses textures.

3. Peter Kolosimo et l’Atlantide

On retrouve une démarche ambiguë analogue chez Peter Kolosimo[28] un auteur disposant d'une érudition scientifique certaine, qui témoigne dans "La Planète Inconnue" publiée en 1975 de l'existence de l'Atlantide dont parle Platon, qu'il situe au milieu de l'océan Atlantique Nord. Pourtant lui aussi devrait savoir que la théorie de Wegener permet d'écarter cette fable. Où peut-il bien placer son continent légendaire quand on sait que les profils des différentes plaques tectoniques coïncident entre eux, empêchant l'existence d'un autre continent dans les éventuels interstices ? Reste les îles Caraïbes, les Bahamas ou les Açores... Mais là encore les chercheurs n'ont jamais rien révélé qui sorte de l'ordinaire, si ce n'est quelques galions espagnols. Plus récemment on a découvert de grandes allées pavées dans les eaux des Bahamas et des reliefs sous-marines que certains ont interpretés comme étant les restes de la cité engloutie mais tous les experts ne sont pas unanimes et on n'y retrouve pas les descriptions de Platon.

Kolosimo raconte qu'avant l'engloutissement de l'Atlantide, des pilotes atlantes auraient décollé à bord de "fusées scintillantes". Historiquement parlant, si le sage athénien Solon (640-558 ACN) abien recueilli certaines légendes atlantes auprès des prêtes égyptiens, ceux-ci n'ont jamais fait état de "fusées scintillantes". Si cela avait existé, les prêtes l'auraient certainement consigné sous une forme ou une autre. Or, il n'existe aucune trace de tels objets.

L'art des civilisations disparues, l'étude des langues conceptuelles mortes et la culture des premiers hommes posent suffisamment d'énigmes aux spécialistes sans qu'il faille "en rajouter" avec des récits naïfs relatant la construction des statues de l'île de Pâques, révélant le mystère des Pyramides ou des "pistes" de Nasca.

Cet amalgame des détails ordinaires et des interprétations mystiques, alliés à une imprudente imprécision des comptes-rendus journalistiques ou scientifiques, desservent l'oeuvre de la science. Du coup les meilleurs esprits doivent faire face à des énigmes qui restèrent longtemps insolubles ou qui le sont encore, tel le planétarium portatif[29]découvert près d'Antikythèra qui date du 1er siècle après Jésus-Christ (découverte sous-marine, Grèce, 1900) et contenant 33 engrenages dont un différentiel, le crâne de cristal découvert au Honduras britannique ou la découverte de piles électriques à Ctésiphon datant de 200 ans avant Jésus-Christ (Wilhelm Konig, 1938).

A lire : Hérétiques

Les découvertes impossibles (conservez votre sens critique !)

De gauche à droite le planétarium d'Antikythèra aujourd'hui exposé au Musée archéologique d'Athènes et sa reproduction moderne; un crâne de cristal découvert au Honduras britannique (on en connaît sept de différentes origines, tous différents dont certains sont exposés dans les musées nationaux. On ne peut pas les dater au carbone-14 ce qui pose une énigme. Une légende raconte qu'il en existerait 12 et qu'une fois réunis ils seraient capables d'émettre un message, peut-être grâce à leur propriété piézo-électrique; et enfin une pile électrique découverte à Ctésiphon datant de 200 ans avant notre ère et son principe de fonctionnement. Une dizaine de piles de ce genre ont été découvertes dans les ruines de Khujut Rabu, une ville Parthe située près de Baghdad. Ces objets laissent certains scientifiques perplexes.

4. Cyril Hoskins alias T.Lobsang Rampa

En 1956, Tuesday Lobsang Rampa, publia son fameux livre d’aventure tibétaine “Le Troisième oeil” dans lequel il racontait comment il avait été initié aux pouvoirs ésotériques et la manière dont son enveloppe charnelle avait reçu l'esprit de Rampa. Il raconta ses aventures astrales, son voyage sur Vénus à bord d'une soucoupe volante et comment il découvrit grâce à des Lamas une cité perdue dans les montagnes Himalayennes de Shan Lan où il explora “La caverne des anciens”, découvrit ses lumières irréelles qui ne nécessitaient aucun entretien et ses artefacts du futur. Tout le monde voulut y croire, y compris l’un de mes professeurs Jésuites. Des journalistes iront jusqu’à questionner le Dalaï Lama sur l'histoire de Rampa, qui avoua ne pas connaître l'homme.

Le récit de "La caverne des anciens" fut soumis à la critique d'experts américains (dont j'ignore les qualifications). La moitié d'entre eux jugea le récit authentique, l'autre moitié... considéra qu'il s'agissait d'une supercherie !

L'opinion des seconds fut confirmé le jour où des étudiants tibétains engagèrent le détective Clifford Burgess pour faire toute la lumière sur cette affaire. Son enquête sera publiée en 1958 dans le magazine Tomorrow, 6, p9-13, sous le titre "The Tibetan Lama Hoax", le canular du Lama Tibétain. 

Il apparut en effet que l'auteur n'avait jamais vécu au Tibet et que toute son histoire n'était que fabulation. De son véritable nom Cyril Henry Hoskins, il était né dans le Devon, en Angleterre, son père s'appelant Joseph Henry Hopkins. Cyril étudia les sciences occultes durant ses temps libres, se rasa la tête et pris le nom de "Dr Kuan-suo". Ses aventures étaient décidement trop belles pour être vraies ! Une mise en garde fut à nouveau publiée en 1974 dans "Tibet Society Bulletin".

Cyril Hoskins mourut en 1981 non sans avoir publié douze romans qui continuent de faire rêver les lecteurs. Mais même après sa mort il fait encore parler de lui comme en témoigne le certificat de participation présenté ci-dessous à droite édité par la NASA en toute bonne foi pour commémorer les missions d'exploration de Mars. Bien qu'il ait été prévenu, l'administrateur du projet Edward J.Weiler n'a pas jugé bon de retirer le faux certificat. En fait tous les patronymes sont acceptés car on retrouve même celui de ... Genghis Kahn ! A se demander si la NASA dispose d'un contrôle qualité et ne devient pas une société folklorique car elle propose ce genre de certificat pour toutes les missions spatiales qu'elle organise !

Cyril Henry Hoskins alias Lobsang Rampa a mystifié des millions de lecteurs en leur faisant croire qu'il était un lama tibétain doué de pouvoirs extrasensoriels, qu'il avait visité des cavernes extraordinaires dans l'Himalaya ou voyagé en soucoupe volante jusque Vénus. Des escrocs tel le jeune canadien Daniel W. Harris continuent encore à propager sa légende et usurpa son identité en enregistrant sciemment un certificat posthume à son nom. Le responsable du site Internet Lobsang Rampa continue également à propager l'idée que cet écrivain est un moine tibétain à des fins purement commerciales.

Le site Internet Lobsang Rampa est également dédié à l'oeuvre de cet auteur et continue à propager la rumeur, niant la vérité en disant qu'il s'agit d'un moine bouddhiste né au Tibet, docteur en médecine, etc.

Pour sa part le jeune Canadien Daniel W. Harris dit Dan Harris qui soi-disant connaissait bien la famille Rampa a participé à cette fabulation en publiant un dossier sur ce "lama tibétain" mais il a depuis essuyé tant de critiques qu'il a supprimé la page concernée sur son site. Il n'a pas pour autant abandonné l'idée de supporter cet écrivain sur des sites consacrés aux OVNI tel SETIUFO...

Ici nous touchons à la pataphysique d'Alfred Jarry et à toutes les croyances qui soutiennent les doctrines philosophiques ou religieuses. Si les objets décrits dans certains de ces livres ne sont pas imaginaires, mis à part ceux de Cyril Hoskins, alias Lobsang Rampa, les comptes-rendus en revanche manquant parfois d'objectivité et de preuves. Tous ces actes déforcent l'oeuvre de la science et émoussent le sens critique des lecteurs.

Gardons-nous de poser un jugement de valeur sans plus de considérations. Veillons également à ce que de telles idées pseudoscientifiques ne franchissent jamais la porte des écoles sous la bénédiction de l'enseignement public. Ainsi quand j'avais 12 ans, c'était un père Jésuite qui meublait l'absence d'un professeur en nous lisant le "Troisième oeil". De telles erreurs de conduite peuvent influencer les adolescents dans un sens assez inattendu quoique prévisible... Combien d'entre nous n'ont pas cru à toutes ces histoires étant écolier. Il nous a fallut une bonne dose de sens critique pour les remettre en question et certains n'y sont toujours pas parvenus.

Cela nous amène à discuter des sectes et de ces illuminés soi-disant contactés par des extraterrestres car leur impact sur la société est loin d’être innocent.

Prochain chapitre

Une religion de l'âge spatial

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[27] J.Vallée, "Le Collège invisible", Albin Michel, 1975.

[28] P.Kolosimo, "La planète inconnue", Albin Michel, 1975.

[29] I.Peterson, “Le chaos dans le système solaire”, Belin-Pour la Science, 1995, chapitre 2.



19/04/2008
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