Toute la vérité sur la DHEA - Anti âge contesté

 

Toute la vérité sur la DHEA

DHEA Après les Etats-Unis, la DHEA débarque dans nos pharmacies. Alors que de nombreuses études sont en cours pour prouver ses propriétés, la "pilule-miracle" déchaîne les passions. Quels sont les derniers épisodes de la rocambolesque arrivée de la "pilule de jouvence" en France ? Doctissimo revient sur ce véritable phénomène de société. Propriétés, disponibilité, risques. Un dossier qui fait la part du rêve et de la réalité.

Les origines d’un phénomène

Les origines d’un phénomène Comment en quelques années, la DHEA a-t-elle pu devenir un composé-star ? Cette hormone naturellement produite par l'organisme brûle toutes les étapes au point d'embarrasser les législateurs. Retour sur les origines de cette incroyable frénésie…
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DHEA : les origines d’un phénomène (Juillet 2001)

Comment en quelques années, la DHEA a-t-elle pu sortir du simple cadre scientifique et devenir un composé-star ? Cette hormone naturellement produite par l’organisme diminue fortement avec l’âge, d’où l’idée de rétablir le "niveau optimal" via une supplémentation. Mais alors que de nombreuses études sont encore en cours pour prouver ses vertus, la DHEA brûle les étapes au point d’embarrasser les législateurs. Premiers pas d’un véritable phénomène de société...

DHEA : ces quatre lettres désignent la déhydroépiandrostérone, une hormone naturellement produite par l’organisme. Ce composé est un dérivé du cholestérol  : un stéroïde. Il est principalement synthétisé sur sa forme de sulfate : "DHEAS" par les glandes surrénales.

Une diminution irréversible avec l’âge

La DHEA est présente chez le foetus puis devient négligeable pendant la petite enfance. Elle augmente à l’âge de sept ans environ et culmine entre 20 et 30 ans. Ensuite, sa concentration décroît progressivement pour ne plus représenter qu’un tiers de son maximum. Les femmes en produisent entre 20 et 30 % de moins que les hommes.

Concentration de DHEA dans le sang en fonction de l’âge
Source : J Clin Endocrinol Metab 1984 Sep;59(3):551-5

Cette diminution irréversible avec l’âge a incité les scientifiques à tenter un remplacement ou une substitution sur le modèle des traitements hormonaux substitutifs à base d’estrogènes aujourd’hui prescrits aux femmes ménopausées.

Mais avant d’en faire une pilule miracle, les scientifiques devaient prouver qu’une diminution de cette hormone était responsable d’une altération de certaines fonctions de l’organisme avec l’âge et qu’un retour à un niveau de DHEA optimal pouvait avoir un effet bénéfique en renversant cette tendance. Le taux de DHEA dans le sang devant permettre d’établir la supplémentation nécessaire.

Pourquoi un tel engouement ?

Bien qu’isolée dans les urines humaines au début des années 30 par Adolf Butenandt, ce n’est qu’à la fin des années 1950 que l’on put identifier son origine : les glandes surrénales.

Dans les années 1970, la supplémentation en DHEA sur l’animal a fait l’objet de nombreuses recherches : effet sur le vieillissement, protection vis-à-vis de certains cancers, des maladies à virus, l'athérosclérose, traitement de certaines obésités d'origine génétique, etc... Alors que la Food and Drug Administration interdisait la vente de DHEA en 1984 au regard des risques de toxicité hépatique, la loi américaine était contournée dix ans plus tard et "l’hormone miracle" se retrouvait à nouveau sur le marché américain sous le label de complément nutritionnel.

Mais c’est certainement la vaste étude1 publiée par le Pr. Etienne-Emile Baulieu en avril 2000 qui fut à l’origine de tous les espoirs. Bien que ne créant pas de véritables supermen ou superwomen, la supplémentation de 50 mg a permis aux femmes les plus âgées (entre 70 et 79 ans) de voir une amélioration de leur densité osseuse et de leur libido. Enfin, hommes et femmes ont vu leur peau bénéficier d’une certaine régénérescence (production des glandes sébacées, hydratation, lutte contre une pigmentation anormale et réduction de l’atrophie de l’épiderme) et l’aspect de leur visage s’améliorer. Néanmoins, d’autres études seront nécessaires pour confirmer ces résultats.

Prêts à tout pour obtenir de la DHEA ?

Bien que le Pr. Baulieu rappelle qu’une prise intempestive de DHEA peut se révéler dangereuse, nombreux sont ceux qui ont franchi le pas et s’approvisionnent aux Etats-Unis ou via Internet. Tapez "DHEA" sur un moteur de recherche et vous trouverez plus de 50 000 sites vous proposant des informations ou plus souvent la possibilité d’acheter la pilule miracle. Bien entendu, aucune garantie n’est donnée quant à la composition des gélules...

Dans un sondage effectué le 13 avril sur Doctissimo, une courte majorité s’avouait prête à "braver les interdits pour se procurer de la DHEA" (281 contre 246).

L’impatience des Français vient d’être écourtée par l’annonce de la firme Cooper (Coopération Pharmaceutique Française), qui depuis le mois de juin fournit la DHEA aux pharmacies pour des préparations magistrales. En garantissant sa qualité, Cooper lève ainsi le principal frein à la délivrance en officine de cette hormone supposée lutter contre le vieillissement. Alors interdite ou en vente libre ? Ni l’un ni l’autre, la situation de la DHEA est bien singulière... Mais n’espérez pas acheter dès demain votre DHEA en vente libre, les pharmaciens ne pourront en fabriquer que sur prescription d’un médecin.

Dernier épisode de ce statut rocambolesque, le 10 juillet l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) émet un avis selon lequel : "Au vu de l’analyse du groupe d’experts, l’Afssaps considère que l’utilisation de la DHEA doit être assujettie à la réglementation du médicament et qu’une information des professionnels de santé et du public doit être faite". Le même jour, le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner annoncait devant la presse avoir proposé le classement comme médicament de la DHEA.

David Bême

1 - Proc. Natl. Acad. Sci. USA, Vol. 97, Issue 8, 4279-4284, April 11, 2000

La DHEA en 10 questions

La DHEA en 10 questions L'engouement pour la DHEA semble indifférent aux conseils de prudence des autorités sanitaires. Sur cette "pilule de jouvence", on a l'impression d'avoir tout entendu et son contraire… Pour distinguer le vrai du faux, Doctissimo répond à vos questions.
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La DHEA en 10 questions

Après les Etats-Unis, c'est en France que souffle désormais un vent de folie autour de la DHEA. Les nouveaux adeptes de cette "pilule de Jouvence" semblent rester indifférents aux recommandations et conseils de prudence des autorités sanitaires. On aura tout entendu et son contraire sur cette "hormone de jouvence"... Pour distinguer le vrai du faux, Doctissimo répond à vos questions.

1 -  Quels sont les principaux effets bénéfiques d'un traitement à base de DHEA ?

Hormone naturellement produite par l'organisme, la DHEA ou déhydroépiandrostérone atteint son point culminant entre 20 et 30 ans avant de décroître avec l'âge. D'où l'idée séduisante de compenser cette baisse physiologique inexorable et de lutter ainsi contre le vieillissement.

Différentes études ont permis de démontrer des effets bénéfiques sur la mémoire, la densité osseuse, la masse musculaire, dépression... chez l'animal. A ce jour, les vertus tant vantées de la DHEA sont hâtivement extrapolées de résultats obtenus chez le rat. La plupart des études menées chez l'homme concernent un effectif trop restreint ou une trop courte période pour qu'on puisse en tirer de véritables conclusions.

La plus solide des études fut conduite par le Pr. Baulieu1. Elle est la seule de grande envergure à avoir comparé les effets d'une administration de 50 mg/jour de DHEA versus placebo sur 280 sujets de 60 à 79 ans.

Les conclusions de cette étude mettent en évidence trois principaux bénéfices limités aux femmes de plus de 70 ans :

  • Diminution de la fragilité osseuse ;
  • Amélioration de la peau (production des glandes sébacées, hydratation, lutte contre une pigmentation anormale et réduction de l'atrophie de l'épiderme) et de l'aspect du visage ;
  • Amélioration de la libido.

La DHEA en 10 questionsDans son rapport rendu le 3 juillet 20012, l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé propose une relecture de ces résultats pour le moins saignante... Concernant les effets avancés, les experts estiment que les constatations observées peuvent être expliqués par"le simple hasard", ou sont "modestes et discordants", donc "de pertinence discutable". Ils concluent par : "Au total, aucune preuve formelle d'efficacité dans les pathologies associées au vieillissement n'a été établie, même si des pistes peuvent mériter des études ultérieures".

Selon l'AFSSAPS, la DHEA n'aurait montré d'intérêt potentiel que pour le cas particulier d'insuffisances surrénales et dans le traitement du lupus. Pour cette dernière indication, une autorisation de mise sur le marché américain a été déposé auprès de la Food and Drug Administration par les Laboratoires Genelabs Technologies.

2 - La DHEA est-elle un dopant sexuel ?

Peu d'études se sont intéressées à ce paramètre et c'est plutôt la sensation très subjective de bien-être qui était préférée. L'effet sur la libido n'a été étudié que dans le cas particulier des femmes présentant une insuffisance surrénale. Les deux études3,4 sur le sujet indiquent qu'une supplémentation augmente chez ces femmes l'intérêt pour le sexe et le niveau de satisfaction sexuelle.

La vaste étude DHEâge1 a permis de noter un effet positif d'une dose quotidienne de 50 mg/jour sur la libido des femmes les plus âgées de l'échantillon (de 70 à 79 ans). Cependant, aucune conséquence n'a été notée chez les femmes plus jeunes ou chez les hommes. Cet effet pourrait s'expliquer par une augmentation de la dose en testostérone (hormone mâle).

Chez l'homme âgé, l'absence de bénéfice peut s'expliquer par le maintien d'une sécrétion testiculaire de testostérone et donc l'absence de carence.

3 - Quels sont les principaux risques ?

Les principaux risques ont été rappelés dans le rapport de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé2.

  • La prise de DHEA peut stimuler la croissance de cancers hormonodépendants (prostate, sein, utérus) ;
  • Le risque cardiovasculaire potentiel, lié à une baisse de l'HDL cholestérol, observé dans plusieurs études, doit être pris en considération notamment en cas de prise au long cours de DHEA ;

4 - Comment peut-on s'en procurer ?

Sur prescription médicale, auprès de votre pharmacien dans le cadre d'une préparation magistrale (élaborée artisanalement dans les officines à partir de poudre de DHEA tirée de la plante yam). N'espérez pas trouver en vente libre cette hormone qui n'est pas anodine, elle est uniquement vendue sous ordonnance. Avant de vous prescrire cette préparation, le médecin devra demander un bilan hormonal pour connaître l'état de vos "carences". Des antécédents de cancer du sein, de l'utérus ou de la prostate sont des contre-indications absolues.

Les plus audacieux essaieront de commander via Internet. Mais attention, la plupart du temps, le colis repart d'où il vient ! Enfin, vous risquez de n'obtenir que de la poudre de perlimpinpin. Les résultats des tests pratiqués par le Pr. Baulieu sur des boîtes en provenance des Etats-Unis ont mis en évidence des écarts entre la quantité annoncée et la quantité réellement présente dans les comprimés. Doctissimo vous recommande donc la plus grande méfiance vis-à-vis de ces produits.

5 - A quel âge et à quelle dose doit-on prendre de la DHEA ?

Pour le moment, aucun âge et aucune dose ne sont conseillés puisque les seuls avis du Conseil de l'Ordre des Médecins, de l'Ordre des Pharmaciens ou de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé recommandent de ne pas prescrire ni de consommer de la DHEA tant que de plus amples résultats n'auront pas permis de confirmer ou d'infirmer l'intérêt de cette hormone dans la lutte contre le vieillissement.

Le taux sanguin de la DHEA commence à décliner entre 20 et 30 ans, mais la vaste étude DHEâge avec des doses de 50 mg/jour n'a pu démontrer un bénéfice que chez la tranche d'âge entre 70 et 80 ans. Pour savoir si un bénéfice peut être établi à un plus jeune âge, une étude sur des milliers de personnes sur plusieurs années serait nécessaire.

Enfin, il convient de rappeler que la prise de DHEA n'est pas sans risque et peut favoriser la croissance de certains cancers : cancer du sein, de l'utérus ou de la prostate.

6 - Peut-on associer un traitement à la DHEA avec un traitement hormonal substitutif ?

Non, cette association est déconseillée. La DHEA est transformée dans l'organisme en différentes hormones. Ainsi, le cumul de ces deux traitements peut entraîner une augmentation des estrogènes qui peut représenter un risque  de cancer hormonodépendant. Quant à choisir entre les deux traitements, le dernier rapport de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé est sans appel : chez la femme ménopausée, le bénéfice du traitement hormonal substitutif oestro-progestatif est démontré. Ce type de traitement ne doit en aucun cas être abandonné au profit d'un traitement par la DHEA dont les effets sont incertains. Ces deux traitements ne doivent pas être associés pour éviter un surdosage en ostrogènes.

7 - La DHEA peut-elle avoir un effet sur la mémoire et le bien-être psychologique ?

Des études chez l'animal tendent à prouver un effet sur la mémoire des rats. Quant aux effets sur l'homme, le sujet reste entouré d'un grand mystère. On a pu établir que la DHEA est en partie synthétisée directement dans le cerveau et pourrait se fixer sur certains récepteurs impliqués dans les facultés d'apprentissage et de mémorisation. Toutefois peu d'études ont pu confirmer cet effet chez l'homme. Bien au contraire, on trouve plus facilement dans la littérature scientifique des études réfutant l'intérêt d'un apport supplémentaire de DHEA.

Publiées au début de cette année, deux études5,6 font le point sur les recherches effectuées à ce jour sur les effets de la DHEA sur les fonctions cognitives, la démence et la dépression. Les deux concluent que les données actuellement disponibles ne permettent pas de mettre clairement à jour une quelconque amélioration de la mémoire ou de l'état dépressif.

8 - Combien coûte le traitement ?

Bien que les prix soient libres, on peut donner une fourchette de prix pour un traitement mensuel de 25 ou 50 mg/jour entre 9,15 et 45 €uros. Le bilan hormonal préalable à toute prescription est remboursé par la Sécurité Sociale.

9 - Pourquoi ne peut-on l'acheter comme un médicament classique ?

L'industrie pharmaceutique semble peu intéressée par la conduite d'études risques/bénéfices pouvant aboutir à une autorisation de mise sur le marché (AMM). La DHEA, hormone naturelle, est par définition non-brevetable. Les frais engagés par la firme n'empêcheraient pas un concurrent de commercialiser une autre DHEA... Cependant, selon l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé2, "la DHEA a fait l'objet d'un programme de développement clinique avancé dans l'indication lupus, pour laquelle une demande d'AMM pourrait être déposée prochainement en Europe. Des projets d'essais sont soumis à l'AFSSAPS dans d'autres indications (infection par le VIH et maladie de Steinert)".

10 - Que penser des crèmes cosmétiques "à base de DHEA" ?

Pour l'instant, c'est dans le domaine du vieillissement cutané que la DHEA semble avoir trouvé ses premières applications en France. L'étude DHEâge1 avait révélé que l'hormone améliore les qualités de la peau en augmentant son hydratation. Cette constatation a débouché sur l'achat par L'Oréal d'un brevet d'application à l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, responsable de l'étude DHEâge. La firme désire utiliser la DHEA pour produire des cosmétiques. Mais les Laboratoires Mayolis Spindler ont pris les devants. Depuis quelques mois, ils proposent en effet aux femmes un nouveau soin de jour. Ce produit était semble-t-il déjà "dans les cartons" de la firme depuis 2 ans. Mais le bruit fait autour de la DHEA en a accéléré la commercialisation.

Ces crèmes n'ont été soumises à aucune étude permettant de certifier une quelconque action.

David Bême

1 - Proc. Natl. Acad. Sci. USA, Vol. 97, Issue 8, 4279-4284, April 11, 2000
2 - Rapport sur la DHEA - Groupe ad hoc du 3 juillet 2001 - Direction de
     l'évaluation des médicaments et des produits biologiques
3 - Endocr Res. 2000 Nov;26(4):505-11.
4 - N Engl J Med 1999 Sep 30;341(14):1013-20
5 - Cochrane Database Syst Rev. 2001;2:CD000304.
6 - Expert Opin Pharmacother 2001 Apr;2(4):527-35.

 

Entre trafic et vente libre

Entre trafic et vente libre Le 10 juillet, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé propose de classer la DHEA comme médicament. Est-ce le dernier épisode de la rocambolesque arrivée en France de "l'hormone miracle" ? Pour mieux comprendre cette décision, retour sur ces derniers mois riches en rebondissements.
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DHEA : entre trafic et vente libre (Juillet 2001)

Le 10 juillet, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) proposait de classer la DHEA comme médicament. Est-ce le dernier épisode de la rocambolesque arrivée en France de "l'hormone miracle" ? Pour mieux comprendre les enjeux de cette décision, retour sur ces derniers mois riches en rebondissements.

DHEA : entre trafic et vente libreDécouverte dans les années 1930 dans l'urine humaine, cette molécule naturelle est restée longtemps un mystère. Ce n'est qu'au cours des années 1950, qu'on réussit à identifier son origine : les glandes surrénales. Existant sous deux formes dans le plasma, une forme libre et une forme sulfatée (DHEAS), sa concentration décroît avec l'âge après avoir atteint un maximum entre 18 et 45 ans. D'où l'idée de contrecarrer ce déclin grâce à une supplémentation.

Mais avant d'en arriver à ce stade, il fallait démontrer que cette baisse était corrélée à une détérioration de certaines fonctions de l'organisme et qu'un retour à des concentrations "optimales" pouvait enrayer ce déclin.

Un marché en plein papy-boom

Alors qu'au début du siècle, une centaine seulement de centenaires vivaient en France, on en compte aujourd'hui plus de 10 000. La moitié des fillettes nées en l'an 2000 verront tout le siècle. Au recensement de 1999, les personnes âgées de 60 à 75 ans étaient 7 973 000 (soit 13,6 % de la population) et celles âgées de 75 ans et plus étaient 4 505 000 (soit 7,7 % de la population). Avec trois mois d'espérance de vie de plus chaque année, les seniors intéressent de plus en plus la recherche scientifique.

Ainsi, Roger-Gérard Schwartzenberg, Ministre de la Recherche annonçait le 8 mars 2001 envisager la création d'un "Institut de la Longévité". Sur la proposition du Pr. Etienne-Emile Baulieu, vice-président de l'Académie des Sciences et promoteur de la célèbre DHEA, cette institution devrait prendre la forme d'un Groupement d'intérêt scientifique (une structure fédératrice sans murs), associant le ministère de la Recherche, les organismes publics de recherche et les associations de malades.

Le but n'est pas uniquement de vivre plus vieux mais de mieux vieillir. Les seniors et leur santé sont ainsi devenus un marché potentiellement important.

Le long feuilleton de la DHEA

Ces derniers mois, le débat autour de la DHEA a été le théâtre de nombreux communiqués de la part des différents acteurs du monde de la santé. Pour prendre bonne mesure des enjeux, revoyons les grandes dates liées à la disponibilité de cette "hormone de Jouvence" en France.

10 avril 2001 : Le Parisien révèle que la DHEA est déjà vendue dans les pharmacies françaises sous forme de préparations magistrales à partir d'extraits d'une plante mexicaine, le yam. Les préparations magistrales sont des préparations pharmaceutiques formulées par un médecin et fabriquées par le pharmacien au moment de la présentation de l'ordonnance et pour un malade donné.

Le même jour, le Pr. Baulieu, découvreur de la DHEA, interrogé sur Europe 1, déconseille la prise de l'hormone miracle, argumentant du manque de recul sur la sécurité et l'efficacité du produit. Enfin, c'est au tour du Conseil National de l'Ordre des Médecins2 de déconseiller aux médecins la prescription de ces préparations exactement pour les mêmes raisons. Le Conseil de l'Ordre rappelle aussi que cette substance est inscrite à la liste des substances considérées comme dopantes par le Ministère de la jeunesse et des sports. Le message est donc clair : il est urgent d'attendre les résultats des évaluations en cours sur les effets et les risques de la DHEA.

3 mai 2001 : L'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS)3 précise aux pharmaciens qu'ils ne peuvent  délivrer une préparation contenant de la DHEA que s'il sont en mesure de garantir que la qualité de la matière première utilisée ne présente aucun risque pour le consommateur". En d'autres termes, ils doivent être en mesure de procéder au contrôle de la qualité de cette matière première... Prouesse techniquement difficile en officine.

Début Juin : Des laboratoires distributeurs annoncent développer et valider des méthodes d'analyse permettant de garantir la qualité de la DHEA aux pharmaciens. En garantissant sa qualité, Cooper lève ainsi le principal frein à la délivrance en officine de cette hormone supposée lutter contre le vieillissement.

Dans son bulletin bimensuel4, l'Ordre des Pharmaciens s'ouvre sur un éditorial sans détour "DHEA : sachez résister". Son président Jean Parrot insiste sur le fait que le "pharmacien, homme de sciences, capable d'apprécier le rapport - bénéfices incertains/risques d'apparition de cancers hormonodépendants - qui délivrerait le produit" verrait sa responsabilité totalement engagée et conclut "L'Ordre ne peut pas interdire. Il peut conseiller : sachez résister à la demande."

10 juillet 2001 : L'AFSSAPS publie un rapport demandé par Bernard Kouchner, Ministre délégué à la santé sur les effets bénéfiques de la DHEA et les risques éventuellement liés à son association, ainsi que le statut juridique de ce produit. Ces conclusions semblent de nature à calmer les ardeurs des plus téméraires : "Au vu de l'analyse du groupe d'experts, l'Afssaps considère que l'utilisation de la DHEA doit être assujettie à la réglementation du médicament et qu'une information des professionnels de santé et du public doit être faite". Après avoir rappelé les risques vis-à-vis de certains cancers et la baisse du HDL-Cholestérol (le bon cholestérol), l'Afssaps estime "qu'il ne peut être conseillé de prescrire la DHEA dans le cadre de la lutte contre les effets du vieillissement, quel que soit l'âge et le sexe. L'utilisation éventuelle de ce précurseur hormonal n'est donc pas justifiée en dehors des essais thérapeutiques ou de situations cliniques très particulières à juger au cas par cas. La DHEA nécessite une prescription et une surveillance médicale".

Mais peu de laboratoires devraient être intéressés par la conduite d'études pouvant aboutir à une autorisation de mise sur le marché. La DHEA, hormone naturelle, est par définition non-brevetable. Les frais engagés par la firme n'empêcheraient pas un concurrent de commercialiser une autre DHEA.

Un OVNI dans la pharmacopée

Ainsi, la consommation de DHEA n'a pas la caution des pouvoirs publics et encore moins celle des organisations professionnelles. Mais la forte demande de la population, la perspective d'un important marché et la pression exercée par quelques lobbies ou les associations de patients semblent embarrasser les autorités sanitaires au point de lui conférer un statut particulier. Dorénavant, la DHEA est considérée comme un "médicament de fonction" délivré sous prescription médicale.

Ce statut n'équivaut pas à une autorisation de mise sur le marché"(AMM), procédure à laquelle sont soumis les laboratoires désireux de commercialiser un produit particulier. Mais selon l'Afssaps, tout produit contenant de la DHEA sera soumis à des contrôles stricts, notamment concernant les saisies douanières et sera l'objet d'un suivi de pharmacovigilance : tous les effets indésirables devant être notifiés par les médecins auprès des centres de pharmacovigilance.

N'ayant pas été jusqu'à interdire la très médiatique hormone, le gouvernement et l'Afssaps n'ont pas changé les modes de prescription déjà en cours. Le pharmacien peut continuer à l'inclure dans une préparation magistrale, à la condition qu'elle soit prescrite par un médecin. Le prescripteur subit ainsi seul, la pression des patients désirant obtenir la pilule de jeunesse...

David Bême

1 - New England Journal of Medicine, vol. 303, n° 3, 1980.
2 - le communiqué du Conseil National de l'Ordre des Médecins du 10 avril 2001
3 - le communiqué de l'AFSSAPS du 3 mai 2001
4 - Bulletin bimensuel de l'ordre des pharmaciens, disponible sur le site de l'Ordre National des Pharmaciens.

Le site DHEAge du Pr. Baulieu. http://www.dheage.com/

·De 60 ans à 79 ans

Chez les personnes "normales" âgées de 60 à 79 ans, l'étude DHEAge a constaté l'innocuité d'une administration de 50 mg pendant un an avec quelques résultats au niveau de la peau et des os, et une libido augmentée (chez la femme âgée) ; d'autres effets possibles sont encore à l'étude.

·Les hommes

Les résultats chez les hommes ont été, au cours de l'étude DHEAge, moins significatifs que chez les femmes du même âge, ce qui a pu résulter d'une administration insuffisante quantitativement, les hommes étant plus corpulents et lourds que les femmes : des études avec des doses supérieures à 50mg/j sont prévues en 2001, sous rigoureux contrôle.

·Plus de 80 ans

Chez les personnes de plus de 80 ans, les études doivent également commencer :

·Moins de 60 ans

Chez les personnes de moins de 60 ans, il n'y a pas de résultats expérimentaux permettant actuellement d'administrer sans risque de la DHEA, avec un espoir de maintien ou de rétablissement des signes de "jeunesse".

·Cas particuliers

Il serait souhaitable de mettre en place des études sur des personnes dépressives, fatiguées, ostéoporotiques, ou dont la peau est particulièrement altérée, ou ayant un déficit immunitaire, ou traitées par des corticoïdes, etc..., afin de déterminer l'efficaté d'un traitement à la DHEA sur ces différents cas.

Pour la peau, le site DHEAge ne sera en mesure de recommander une lotion, crème ou pommade contenant de la DHEA que quand des préparations "sérieuses" seront disponibles, afin d'essayer de traiter ou prévenir les défauts du vieillissement cutané.

·Femmes après la ménopause

Une importante question concerne les femmes ménopausées. Actuellement, il n'y a aucune raison de penser que l'on puisse substituer avec profit la prise des traitements classiques de substitution hormonale, principalement à base d'oestrogènes, par l'administration de DHEA. Une étude clinique rigoureuse, difficile à effectuer compte tenu de la diversité des préparations utilisées, doit être menée afin de vérifier l'absence d'innocuité de l'association d'un traitement hormonal de substitution (THS) et de DHEA.

 info@dheage.org

 direction@dheage.org

Les médecins et les spécialistes ayant participé à l'étude DHEAge peuvent être contactés en adressant une demande au Dr. V. Faucounau qui vous enverra les coordonnées utiles.

Dr. V. Faucounau E-Mail

Liste des médecins et des centres investigateurs:

Professeur Françoise FORETTE: Hôpital Broca
Collaboratrice : Docteur Florence LATOUR

Professeur Bernard FORETTE: Hôpital Sainte-Périne
Collaboratrice : Docteur Amina MOKRANE

Professeur Robert MOULIAS: Hôpital Charles Foix
Collaboratrice : Docteur Laurence GIRARD

Docteur Marie-Pierre HERVY: Hôpital Bicêtre
Collaboratrice : Docteur Christiane VERNY

Docteur Renée SEBA-LANOË: Hôpital Paul Brousse
Collaboratrice : Docteur Fabienne TOURRES

Docteur Jean-Pierre AQUINO: Centre Médéric Observatoire de l'âge
Collaboratrice : Docteur Hélène PITTI-FERRANDI

Docteur David ELIA: Centre Jack Senet
Collaboratrice : Docteur Marie-Céline LEAUD

 

La DHEA sur la sellette

La DHEA sur la sellette "Je dirai aux médecins de ne pas prescrire de DHEA et aux personnes de ne pas en demander". Tels sont les propos du Dr Véronique Faucounau, coordinatrice du principal essai clinique mené sur la DHEA (l'étude DHEâge). Suite au rapport sévère de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé sur cette hormone, Doctissimo a tenu à recueillir ses réactions.
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La DHEA sur la sellette (Juillet 2001)

"Je dirai aux médecins de ne pas prescrire de DHEA et aux personnes de ne pas en demander". Tels sont les propos du Dr Véronique Faucounau, membre de la Fondation nationale de gérontologie et coordinatrice du principal essai clinique mené sur la DHEA (l'étude DHEâge). Suite au rapport très sévère* de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) sur cette hormone, Doctissimo a tenu à recueillir ses réactions.

Doctissimo : Très critique sur les éventuelles propriétés de la DHEA, l'Afssaps souligne les risques de ce produit et déconseille aux médecins de la prescrire. Que pensez-vous du rapport de l'Afssaps ?           

Les femmes et la DHEADr Véronique Faucounau : Ses conclusions ne sont pas étonnantes et je me réjouis de cette mise en garde. On peut désormais espérer que cette décision freine un peu l'engouement pour la DHEA. La délivrance de DHEA à grande échelle nous affolait un peu.
Le courrier et les appels que nous recevons nous montrent bien que beaucoup de médecins la prescrivent sans bien la connaître. Je pense que désormais la DHEA va être tellement réglementée qu'elle sera vraiment prescrite au cas par cas. Tant que l'on ne connaît pas tout d'un produit, on ne devrait pas le mettre à la disposition du public.

Doctissimo : L'Afssaps recommande que l'utilisation de la DHEA soit assujettie à la réglementation du médicament. Or, en principe, pour qu'un produit soit considéré comme un médicament, il faut qu'un laboratoire pharmaceutique ait déposé un dossier très complet à l'Afssaps. Les études sur l'efficacité et la toxicité présentées sont les éléments indispensables à une demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM). Or l'Afssaps n'a encore reçu aucune demande d'AMM. Comment expliquer cette situation particulière ?

Dr Véronique Faucounau : Effectivement. Au sujet de la réglementation, je suis d'accord avec vous, le rapport est assez flou. Dans le rapport de l'Afssaps, le gouvernement avait suffisamment d'arguments pour suspendre les préparations magistrales, mais il n'a pas voulu le faire tout de suite.

Je pense qu'ils vont poursuivre leurs analyses sur la matière première. Si elle se révèle de mauvaise qualité, il y aura certainement une mise en garde. L'Afssaps a également annoncé qu'elle comptait envoyer une information aux médecins. On peut supposer que ce document donnera des indications précises de prescription.

Doctissimo : Le rapport est très sévère en ce qui concerne l'efficacité de la DHEA.

Dr Véronique Faucounau : En effet. Mais il est vrai que nous ne savons pas du tout quel est le rôle de la DHEA dans le vieillissement. Nous avons trouvé quelques résultats, mais nous avons toujours dit qu'ils devront être confirmés par d'autres études. Donc lorsque l'Afssaps dit que la DHEA n'est pas un médicament contre le vieillissement, je pense qu'ils ont raison.

Selon moi, la DHEA n'agit qu'en se transformant en estrogènes et en testostérone. Ainsi, les femmes ayant un traitement hormonal contre la ménopause ont tout intérêt à le poursuivre. Pourtant, il y a des gynécologues qui interrompent le traitement hormonal de leurs patientes pour prescrire de la DHEA.

Doctissimo : Le rapport précise que les résultats observés dans l'étude DHEâge, sur l'os, la peau et la libido, chez les femmes les plus âgées, pourraient être dus au hasard. Qu'en pensez-vous ?

Dr Véronique Faucounau : Il est possible, en effet, que, compte tenu du grand nombre de paramètres étudiés, certains aient évolué de manière favorable sans que cela soit lié à la DHEA.

Doctissimo : Etes-vous d'accord quand l'Afssaps souligne les risques liés à ce produit ?

Dr Véronique Faucounau : Comme la DHEA est un précurseur hormonal, il est certain qu'il existe des risques à long terme de cancer hormonodépendants (cancer du sein et de la prostate, essentiellement).

Des modifications du cholestérol s'observent aussi très rapidement. Cela peut augmenter le risque cardiovasculaire chez certaines personnes. C'est un argument pour ne pas donner de la DHEA à n'importe quel âge. En ce qui concerne les autres effets secondaires, les femmes se plaignent souvent d'avoir la peau et les cheveux gras, et de constater une augmentation de leur pilosité. Ces effets sont très fréquents puisqu'ils touchent au moins 80 % des femmes.

Doctissimo : Que diriez-vous au public ?

Dr Véronique Faucounau : Je dirai aux médecins de ne pas prescrire de DHEA et aux personnes de ne pas en demander. D'abord parce que l'on ne dispose pas aujourd'hui d'assez de recul. Ensuite, parce qu'il y a beaucoup d'inconnues sur la matière première, sur sa pureté notamment. Le rapport de l'Afssaps est particulièrement critique à ce sujet. Il faut établir des normes sur cette matière première.

Enfin, il est important que les personnes se rendent compte que pour bien vieillir, le plus important reste une bonne hygiène de vie, qui doit commencer très tôt.

Je pense que l'on en a peut-être trop dit sur la DHEA. On a parlé trop tôt. Nous aurions dû être plus discrets.

Dr Chantal Guéniot

Créé le 12 juillet 2001

 

La nouvelle passion des Français

La nouvelle passion des Français Alors que beaucoup cherchent à se procurer de la DHEA par tous les moyens, de nombreux spécialistes estiment que l’intérêt de cette molécule est modeste et qu’elle ne peut en aucun cas être considérée comme une hormone de jouvence. Alors pourquoi un tel enthousiasme ?
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DHEA : la nouvelle passion des Français (Octobre 2000)

Un vent de folie s’est emparé des Français pour la DHEA. Après les Américains, nos compatriotes découvrent cette hormone aux possibles vertus anti-vieillissement et cherchent à se la procurer par tous les moyens, puisqu’elle nécessite une prescription médicale dans notre pays. Pourtant, de nombreux spécialistes estiment que l’intérêt de cette molécule est modeste et qu’elle ne peut en aucun cas être considérée comme une hormone de jouvence. Alors pourquoi un tel enthousiasme ?

Pour comprendre l’intérêt nouveau de nombreux Français pour la DHEA, il faut revenir quelques mois en arrière. Depuis plusieurs années, les Américains ont coutume de consommer de la DHEA, ou déhydroépiandrostérone, une hormone fabriquée par les glandes surrénales, vendue aux Etats-Unis dans les drug-stores comme simple complément alimentaire. Mais, il est vrai qu’aux Etats-Unis, le recours aux substances anti-âge est fort répandu.

Bien que ce soit un Français, le Pr. Etienne-Emile Baulieu, qui ait découvert les propriétés anti-vieillissement de la DHEA, nos compatriotes ont longtemps peu prêté attention à cette hormone.

Grand succès médiatique pour DHEâge

La nouvelle passion des FrançaisMais, la publication en avril 20001 des résultats de l’étude DHEâge menée à Paris chez 280 personnes âgées de 60 à 79 ans, a totalement changé la donne. Les articles et les émissions de télévision ont été si nombreux à relater les propriétés soi-disant miraculeuses de la DHEA que de nombreux Français se sont précipités sur internet pour commander l’hormone miraculeuse.

Si le gouvernement français n’autorise toujours pas la commercialisation en vente libre de la DHEA en France, rien en effet de plus simple que d’obtenir en cliquant sur pharmacyexpress.com ou dhea.com la fameuse substance. Les sites américains, qui proposent la vente de cette hormone, sont extrêmement nombreux et le choix ne manque pas.

Des colis qui ne contiennent aucune hormone

Si vous vous lancez dans l’aventure, sachez cependant que vous le ferez à vos risques et périls. Le colis risque d’être saisi par les douaniers à la frontière ou les comprimés peuvent être de mauvaise qualité ou ne pas contenir de DHEA du tout.

Après avoir analysé le contenu d’une cinquantaine de boîtes “de DHEA” vendues sur des sites internet ou dans les drug-stores américains, l’équipe du Pr. Baulieu a ainsi observé que certains comprimés ne sont en fait que de vulgaires placebos dépourvus de molécule active, ou contiennent un autre produit. Pour ce motif, le Pr. Baulieu plaide d’ailleurs avec conviction auprès des autorités françaises afin de permettre la mise sur le marché prochaine en France de DHEA produite par des laboratoires pharmaceutiques sérieux. Il a bon espoir d’être entendu et, selon lui, les Français devraient pouvoir prochainement en disposer à leur tour.

En attendant, si vous voulez de la DHEA à tout prix, vous pourrez vous tourner vers certaines pharmacies, qui fabriquent en France des préparations magistrales de DHEA, ou vers les pharmacies d’autres pays européens comme la Suisse où la DHEA peut être délivrée sur ordonnance.

Une hormone parmi d’autres

Reste que vous serez peut-être déçu par les effets ressentis à la suite de l’administration de l’hormone. En effet, si la DHEA semble améliorer la libido et permettre de prévenir la perte osseuse liée à l’ostéoporose, ses effets sont d’ampleur assez limités et ont surtout été observés chez les femmes les plus âgées. Rien ne prouve donc que sa prescription puisse supplanter celle d’autres hormones qui agissent elles aussi contre le vieillissement comme les estrogènes et les progestatifs proposés aux femmes dès la ménopause.

Des points à éclaircir

En réalité, il faut raison garder. La DHEA est certainement une molécule intéressante, mais ses effets dans la prévention du vieillissement doivent encore être étudiés précisément de même que sa tolérance au long cours qui reste mal appréciée. L’étude DHEâge se poursuit d’ailleurs en ce moment chez 235 des 280 volontaires et l’on devrait rapidement mieux connaître son impact sur la prévention de la perte osseuse et les fonctions cérébrales (dépression, mémoire). Une seconde étude devrait également être menée afin d’apprécier son action chez les personnes de plus de 80 ans. Enfin, certains gynécologues espèrent mettre en place des travaux afin de préciser si la DHEA pourrait être utilisée en remplacement ou en relais du traitement hormonal classique de la ménopause.

Des crèmes à la DHEA

Pour l’instant, c’est dans le domaine du vieillissement cutané que la DHEA semble avoir trouvé ses premières applications en France. L’étude DHEâge avait révélé que l’hormone améliore les qualités de la peau en augmentant son hydratation. Cette constatation a débouché sur l’achat par L’Oréal d’un brevet d’application à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, responsable de l’étude DHEâge. La firme désire utiliser la DHEA pour produire des cosmétiques. Cependant, ce sont en fait les Laboratoires Mayolis Spindler qui ont pris les devants. Depuis quelques mois, ils proposent en effet aux femmes un nouveau soin du jour. Ce produit était semble-t-il déjà prêt “dans les cartons” de la firme depuis 2 ans. Mais, le bruit fait autour de la DHEA en a accéléré la commercialisation.

Dr Corinne Tutin

1 - Proc. Natl. Acad. Sci. USA, Vol. 97, Issue 8, 4279-4284, April 11, 2000

 

DHEA, pour les hommes aussi !

DHEA, pour les hommes aussi ! On connaissait déjà les effets de la DHEA, "l’hormone-miracle", sur la libido mais aussi sur la peau et les os des femmes. Une récente étude de l’équipe du Pr. Baulieu vient révéler de nouvelles vertus de cette hormone… sur les hommes.
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DHEA, pour les hommes aussi !

On connaissait déjà les effets de la DHEA, "l’hormone-miracle", sur la libido mais aussi sur la peau et les os des femmes. Une récente étude de l’équipe du Pr. Baulieu vient révéler de nouvelles vertus de cette hormone… sur les hommes.

Les vertus de la DHEA pour les hommesLa vaste étude DHEâge1 avait permis de mettre en évidence trois actions de la DHEA : une amélioration de la qualité de la peau, de la libido et une augmentation de la densité osseuse chez la femme ménopausée. Trois apports concernant surtout la femme de plus de 70 ans. Plus récemment, des chercheurs ont étudié les effets de la baisse naturelle de la DHEA sur la santé. Résultats : un risque accru de décès chez les hommes et plus encore chez les fumeurs.

Une étude menée sur 290 volontaires

Réalisée par l’équipe du Pr. Baulieu avec le concours du Dr Jean-François Dartigues2, cette étude3 s’inscrit dans le cadre de l’étude Paquid qui suit depuis de nombreuses années des personnes âgées demeurant en Gironde et en Dordogne.

Au total, 290 de ces volontaires ont accepté de subir une prise de sang à huit ans d’intervalle. Ainsi, on a pu doser chez eux la DHEA, ou déhydroépiandrostérone, une hormone produite par les glandes surrénales, qui semble exercer une influence notable au cours du vieillissement.

Un risque de décès multiplié par 6,5

Les résultats confirment que le taux de DHEA diminue globalement avec le temps, de 2,3 % chez les hommes et de 3,9 % chez les femmes, ce qui suggère que cette hormone intervient bel et bien au cours du processus de sénescence.

Surtout, une baisse sur 8 ans des concentrations de DHEA s’associe à une augmentation du risque de décès, chez les hommes mais non chez les femmes. Ainsi, "Les hommes présentant la plus basse concentration de DHEA auraient un risque de décès multiplié par deux. Chez les hommes de 65 à 70 ans, ce risque était multiplié par 6,5", indiquent les chercheurs.

Encore une raison pour arrêter de fumer !

Un faible taux de DHEA était plus néfaste chez les fumeurs. Le tabagisme augmentait en effet la probabilité de décès par 6,7. Comment expliquer ce rôle négatif de la baisse de la DHEA et les différences observées entre les deux sexes ? Rien n’est encore très clair et plusieurs hypothèses émergent sans qu’on puisse déterminer la plus plausible :

  • La baisse de la DHEA n’est peut-être qu’un marqueur qui témoigne d’une modification d’autres paramètres exerçant une influence importante sur la santé ;
  • La DHEA pourrait agir sur le système cardiovasculaire, dont les détériorations sont plus importantes et plus précoces chez les hommes.

Seules de plus amples études permettront de répondre à ces questions.

Le dosage de la DHEA pourrait permettre de
prévenir certains troubles cardiaques

Selon une étude américaine récente ayant porté sur 1 167 hommes, les taux sanguins de DHEA et de sulfate de DHEA les plus bas seraient liés au développement d’une maladie cardiaque dite ischémique. Sous ce nom barbare se cache un risque connu de tous : l’infarctus. En effet, un défaut d’irrigation sanguine du coeur, dû à une obstruction progressive des artères coronaires, aboutit quasi-systématiquement à une obstruction totale d’une ou plusieurs d’entre elles : c’est l’infarctus du myocarde. Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité en France. Si les taux sanguins de DHEA peuvent devenir un facteur prédictif de la survenue de certains accidents cardiaques, un dépistage et une prévention efficace pourraient être mis en place. D’autres études devront vérifier que la prise de DHEA diminue le risque d’accident cardiovasculaire chez l’homme…

David Bême

Source : Am J Epidemiol 2001 Jan 1; 153(1) :79-89

Quant aux liens entre tabagisme et faible concentration de DHEA, ils pourraient inciter les chercheurs à étudier les bénéfices d’une supplémentation chez les fumeurs. Affaire à suivre…

Dr Corinne Tutin

1 - Proc Natl Acad Sci U S A 2000 Apr 11; 97(8): 4279-84.
2 - Unité 330 de l‘Institut national de la santé et de la recherche médicale,
     Bordeaux
3 - Proc Natl Acad Sci U S A 2001 Jun 26

 

Prégnénolone, DHEA : entre miracle et mirage

Prégnénolone, DHEA : entre miracle et mirage Depuis quelques mois, la DHEA, tout comme la prégnénolone, fait l'objet d'une communication impressionnante. Sur les ondes et sur le net, les témoignages flatteurs sont légion. Que faut-il en penser, quelle est la part de vrai et de subjectif ?
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DHEA, prégnénolone : entre miracle et mirage

Depuis quelques mois, la DHEA tout comme la prégnénolone font l’objet d’une communication impressionnante. Sur les ondes et sur le net, les témoignages flatteurs sont légion. Que faut-il en penser, quelle est la part de vrai et de subjectif ? Doctissimo fait le point…

La DHEA (ou déhydroépiandrostérone) est une hormone naturellement fabriquée par notre organisme. Outre-Atlantique, elle est aujourd’hui vendue dans les drugstores comme simple complément alimentaire et connaît un succès impressionnant. Mais notre connaissance de ce composé nous permet-elle déjà de parler d’hormone de jouvence ?

Des connaissances suffisantes ?

DHEA, prégnénoloneLa sécrétion de DHEA par l'organisme diminue à partir de l'âge de 25 ans. De cette constatation est née l’hypothèse selon laquelle la supplémentation en DHEA des personnes âgées pourrait avoir des effets anti-vieillissement. Des études ont pu déterminer que pour avoir une action sur l’organisme, elle devait être sulfatée, on parle alors de S-DHEA.

Bien que scientifiquement intéressante, ses effets dans la prévention du vieillissement restaient encore peu étudiés ainsi que sa tolérance au long cours. C’est en partie les objectifs de l’étude DHEâge1.

Le Pr. Etienne-Emile Beaulieu (chercheur à l’Institut National de la Santé et de la recherche Médicale -INSERM-, professeur au Collège de France et surtout célèbre pour avoir découvert la pilule abortive : le RU 486) a réalisé cette étude sur 280 personnes ayant entre 60 et 80 ans, traité par 50 mg de DHEA/jour pendant un an et plus.

Outre une certaine innocuité, seules trois actions de la DHEA ont été statistiquement démontrées :

  • Une amélioration de la qualité de la peau ;
  • Une amélioration de la libido ;
  • Une augmentation de la densité osseuse chez la femme ménopausée.

Ces trois apports ne sont pas négligeables en terme de qualité de vie mais concernent surtout la femme de plus de 70 ans.

Des contre-indications non négligeables

En revanche, cette substance a plusieurs contre-indications. Dans certains cas de cancer hormono-dépendants, la prise de cette hormone va favoriser un développement plus important des tumeurs. D’autres effets secondaires potentiels ne sont pas non plus à prendre à la légère : acné, augmentation de la pilosité, dysménorrhée, insomnie, diminution du bon cholestérol, etc. C’est pourquoi, la DHEA ne doit donc être prise que sous contrôle médical strict.

La prégnénolone, nouveau produit miracle ?

Autre hormone stéroïdienne, la prégnénolone est un précurseur de la DHEA. En effet, de cette molécule sont issues bon nombre d’hormones stéroïdiennes : progestérone, estradiol, cortisol, aldostérone, etc.

Connue depuis plusieurs dizaines d’années, cette substance permettrait d’augmenter les capacités de mémorisation… chez le rat. Peut-on pour autant extrapoler ces résultats à l’homme ? Cela paraît pour le moins hasardeux d’autant plus que la dernière étude pratiquée sur l’homme date de 1944 !

De plus, la prégnénolone étant un précurseur de nombreuses hormones, il est ainsi difficile de déterminer précisément l’action propre de chacune de ces substances. De tels conseils élémentaires de prudence n’empêchent pas les Américains d’en consommer librement sans contrôle médical dans l’espoir d’améliorer leur mémoire. Cependant, cette substance comporte les mêmes effets secondaires et contre-indications que la DHEA, favorisant notamment le développement de cancers sous-jacents.

Interdites en France

Ces substances ne sont pas en vente libre en France. Aussi, même pour sa consommation personnelle, il est interdit d'en importer autrement qu'en quantité raisonnable, en les transportant personnellement et en étant muni d'une ordonnance.

Mais les plus intrépides auront tôt fait de découvrir qu’il semble bien facile d’en commander grâce à Internet. Sachez que la plupart du temps, le colis repart d’où il vient, contrairement à votre argent ! De plus, vous vous exposez à un risque important d'escroquerie et de contrefaçon. Les résultats des tests pratiqués par le Pr. Baulieu sur des boîtes en provenance des Etats-Unis ont mis en évidence des écarts entre la quantité annoncée et la quantité réellement présente dans les comprimés. Parfois, les comprimés ne contenaient aucune des hormones présupposées !

Doctissimo vous recommande donc la plus grande prudence vis-à-vis de ces produits. L’engouement actuel justifié par la recherche du bien-être et d’une jeunesse éternelle ne doit pas nous faire oublier les règles élémentaires de prudence. En cas d’hésitation, il est indispensable de demander conseil à votre médecin.

François Resplandy

1 - Proc Natl Acad Sci U S A 2000 Apr 11; 97(8): 4279-84.

 

DHEA : Un coup de jeune pour la libido ?

DHEA et libido "Pilule-miracle", "hormone de jouvence"., la DHEA est considérée par certains comme un véritable stimulant de la libido. Les femmes éprouveraient plus désir et accèderaient à une sexualité plus épanouie. On se laisserait facilement tenter. Mais qu'en disent les scientifiques ?
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DHEA : Un coup de jeune pour la libido ?

"Pilule-miracle", "hormone de jouvence"., la DHEA est considérée par certains comme un véritable stimulant de la libido. Les femmes éprouveraient plus de désir et accèderaient à une sexualité plus épanouie. On se laisserait facilement tenter. Mais qu'en disent les scientifiques ?

La DHEA - ou déhydroépiandrostérone - est une hormone naturellement produite par l'organisme et dont les taux atteignent leur maximum entre 18 et 45 ans pour diminuer ensuite progressivement.

Des relations pas toujours si simples entre DHEA et vieillissement

La DHEA est transformée dans l'organisme en androgènes et, dans une moindre mesure, en estrogènes. C'est pourquoi la prise de DHEA se traduit par une augmentation notable du taux de l'hormone mâle ou testostérone.

Compte tenu du rôle classique que jouent les androgènes dans la sexualité, il était tentant de penser que la DHEA pourrait améliorer la libido des personnes vieillissantes. Mais la réalité est plus complexe. Car, de prime abord, les conséquences de l'âge sur le taux de DHEA sont loin d'être linéaires. Ainsi que l'a rappelé le groupe d'experts réunis l'an dernier par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS),“si les concentrations de DHEA baissent en fonction de l'âge à partir de 30-40 ans, le niveau de ces concentrations reste extrêmement variable d'une personne à l'autre”. Surtout, les preuves d'une action de la DHEA sur la sexualité restent des plus incertaines.

Des effets positifs chez certains femmes âgées

La plus grande étude réalisée sur ce thème est l'étude DHEâge, qui a été entreprise chez 280 personnes de 60 à 79 ans apparemment en bonne santé par Pr Etienne-Emile Baulieu 1. Ses résultats ont suggéré que la prise de 50 mg par jour de DHEA, une dose qui permet de retrouver en théorie les taux hormonaux décrits chez les jeunes adultes, pouvait améliorer la libido. Cependant, cet effet n'a été noté que chez les femmes de plus de 70 ans et non chez les plus jeunes ou encore chez les hommes.

Après 6 mois de traitement, les femmes les plus âgées déclaraient être davantage intéressées par la sexualité. Après 12 mois, elles reconnaissaient avoir une activité sexuelle plus importante (masturbation, rapports) et ressentir une meilleure satisfaction sur ce plan. Néanmoins, il s'agit de résultats subjectifs, donc difficiles à interpréter... Dans leur rapport de 2001, les experts de l'AFSSAPS ont d'ailleurs estimé que les effets positifs décrits pour certains paramètres comme la libido pourraient être liés au seul hasard.

Qu'en est-il chez les personnes plus jeunes ?

Les travaux réalisés sur ce thème demeurent rares bien que la DHEA soit autorisée comme complément alimentaire depuis 1994 aux États-Unis. Une étude publiée en 2001 par des sexologues américains a décrit une restauration du désir sexuel chez six femmes non ménopausées parmi huit se plaignant d'une diminution de la libido et ayant reçu 50 mg à 100 mg de DHEA par jour2. Reste qu'une autre étude réalisée plus récemment chez 12 femmes non ménopausées et dépourvues de problèmes sexuels n'a pas permit d'observer de quelconques effets sur la lubrification vaginale ou les réponses sexuelles à la vision de films érotiques et ce malgré l'administration de doses bien plus fortes3. Malgré tout, il n'est pas impossible que la prescription de cette hormone puisse éventuellement être intéressante chez certaines jeunes femmes présentant des taux de DHEA trop bas et une baisse du désir sexuel en rapport avec une insuffisance de fonctionnement des glandes surrénales secondaire à une maladie (Arlt W. et coll., Endocr. Res., 2002, nov.; 26, 4 : 505-511.).

Que faire ?

En raison de son action non démontrée sur la sexualité et, plus généralement, sur le bien-être et le vieillissement, évitez de prendre de la DHEA, sauf si votre médecin vous en préconise formellement l'utilisation. En attendant que d'autres travaux prouvent l'intérêt de cette hormone, il paraît sage de s'en passer. Rappelons en effet que l'administration de DHEA diminue le taux du "bon cholestérol", ce qui pourrait contribuer à accroître le risque cardio-vasculaire, et qu'il n'est pas totalement exclu qu'elle ne puisse accroître la probabilité de survenue du cancer du sein, de l'utérus et de la prostate…

Souvenons-nous également que les spécialistes de la revue “Prescrire” ont conclu en avril dernier après lecture de 113 études et rapports d'évaluation que “les essais cliniques rigoureux ayant évalué l'activité sexuelle sont peu nombreux et ne sont pas en faveur d'une action de la DHEA sur l'activité sexuelle dans la population générale”. En revanche, deux effets ne sont pas contestés : la DHEA stimule la pousse des poils, même chez les femmes, et participe aux poussées d'acné. Avis aux amateurs !

Dr Corinne Tutin

1. Beaulieu E.E. et coll., PNAS, 2000, apr. 11 ; 97, 8 : 4279-4284
2. Guay A.T., J. Sex Marital Ther. 2001, oct-dec ; 27, 5 : 513-519
3. Meston C.M, Heiman J.R., J. Sex. Marital Ther., 2002, jan-mar ;
    28, 1 : 53-60

 

DHEA : l’hormone qui fait maigrir ?

DHEA  maigrir obésité La DHEA a la réputation d’être l’hormone anti-âge. Mais on prétend qu’elle serait également une arme anti-gras ! En plus d’être bonne pour la mémoire, le capital osseux, la libido féminine, la DHEA permettrait de réduire l’obésité et les problèmes de pré-diabète. Alors cette substance vient-elle de gagner une nouvelle vertu ? Doctissimo pèse le pour et le contre de cette prétendue cure de jouvence…
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DHEA : l’hormone qui fait maigrir ?

La DHEA a la réputation d’être l’hormone anti-âge. Mais on prétend qu’elle serait également une alliée minceur ! En plus d’être bonne pour la mémoire, le capital osseux, la libido, la DHEA permettrait de réduire l’obésité. Doctissimo pèse le pour et le contre de cette prétendue pilule miracle…

Vous n’avez jamais entendu parler de la déhydroépiandrosterone ? Mais si l’on vous dit DHEA, vous voyez immédiatement de quoi il s’agit ?

L’hormone de la jeunesse ?

DHEA seniors maigrirA quoi sert cette hormone ? C’est bien simple, on ne sait pas exactement ! Les scientifiques ont au départ remarqué que celle-ci est secrétée de manière croissante jusqu'à l’âge de 20 ans. Puis elle se met à décroître durant toute la vie : à 70 ans, on ne possède plus que 20 % des réserves de nos belles années. En toute logique, des chercheurs en quête de l’hormone de jouvence se sont alors demandé : "Et si on essayait de maintenir son taux élevé tout au long de la vie ?". Résultat : l’idée d’une supplémentation en DHEA permettrait de maintenir les capacités cognitives, le capital osseux… et de booster la libido féminine.

Mais on manque encore de recul et de nombreux seniors restent sceptiques… Néanmoins, un argument de poids va peut-être faire pencher la balance.

Mince alors !

Jusqu’à présent, différentes études montraient que la DHEA pouvait avoir quelques effets sur la graisse abdominale… de rats de laboratoires ! La question était donc, est-ce que cette hormone miracle peut agir chez l’homme ? Des chercheurs américains ont donc recruté 56 seniors, la moitié recevant de la DHEA, l’autre moitié un placebo pendant six mois. Résultat : une réduction significative du tour de taille. La DHEA a ainsi permis de diminuer de 10,2 % la masse grasse au niveau de l’abdomen chez les femmes et de 7,4 % chez les hommes. La graisse sous-cutanée avait quant à elle diminué de 6 % dans les deux sexes…

Eloigner le diabète

Mais l’action de la DHEA ne serait pas uniquement bénéfique pour la ligne. En s’attaquant à la graisse abdominale, cette supplémentation permettrait de lutter contre la résistance à l’insuline. De quoi s’agit-il ? D’un problème appelé le syndrome métabolique, en forte augmentation. L’insuline, c’est l’hormone qui permet de réguler le taux de sucre dans le sang, après un repas. Elle va favoriser le stockage du glucose. Or l’alimentation et le surpoids favorisent une "résistance" de l’organisme à l’insuline, qui devient de moins en moins efficace… jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus du tout, et c’est le diabète, (lire à ce propos notre article sur l’épidémie de diabésité). Or selon les chercheurs, la DHEA permettrait à l’insuline de fonctionner de manière plus optimale, diminuant ainsi les risques.

Pas de précipitation

Inutile pour l’heure de se précipiter sur la DHEA ! En ce qui concerne ses propriétés amincissante, il est un peu prématuré pour affirmer ce nouveau bénéfice. D’ailleurs, les auteurs sont en train de mettre sur pied une enquête de plus grande envergure, pour vérifier ces nouvelles vertus. De plus, on manque de recul sur cette hormone qui pourrait augmenter les risques de cancers hormono-dépendants et les troubles cardiovasculaires. Outre ces dangers, des effets secondaires sont fréquents : peau grasse, acné…

Bref, pour perdre du poids, comme pour bien vieillir, il n’y a pas encore de pilule miracle, alors privilégiez les moyens simples : une alimentation équilibrée et un peu d’activité physique.

Alain Sousa
 



31/10/2013
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