Immortalité

 

Immortalité

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« L'immortalité devançant le temps », au Grand Palais à Paris

L'immortalité désigne le fait pour un être vivant d’échapper à la mort et de rester vivant pour une période de temps indéfinie, voire éternelle.

Historique[modifier | modifier le code]

Immortalité, vue par James Caldwall

Selon les points de vue, l'immortalité peut concerner l'âme, le corps ou encore les deux. On peut la considérer dans son sens figuré (posthume) ou propre (terrestre). L'origine de ce concept n'est pas certaine.

Les hommes de Cro-magnon et même de Néandertal enterraient leurs morts avec des fleurs ou des outils[1] et la présence d'ocre dans leurs sépultures a été constatée. Même si cette thèse a été exposée, rien ne permet de déterminer si ces objets étaient placés là en pensant à un éventuel au-delà ou bien s'il s'agissait plus simplement de marques posthumes d’affection au même titre que nous fleurissons les tombes de nos morts.

Une des plus anciennes mentions de l'immortalité (amrita) (entre 5000 et 1500 av. J.C.) se trouve dans le 10e mandala du Rig Veda[2].

L’Égypte des pharaons avait pour sa part son Osiris, pesant le bien et le mal de la vie du mort pour déterminer où l’orienter.

Les briques ayant servi à construire la tour de Babel (Etemenanki) - en fait une ziggourat - aux VIe siècle av. J.-C. portent l’inscription suivante, qui était gravée dans leur moule : « J’ai, Nabuchodonosor, fils de Nabopolassar, fait ériger cette tour en hommage au dieu Mardouk. Seigneur Mardouk, accorde-nous la vie éternelle ». Dans la même sphère culturelle, l'Épopée de Gilgamesh décrit la quête d'un héros recherchant l'immortalité suite à la mort de son ami Enkidu. Il ne l'obtiendra pas, seuls les dieux étant immortels, et sera condamné à mourir lui aussi, et à se coucher dans le sommeil de la mort.

Au IVe siècle av. J.-C., Platon rédige ses propos sur l’immortalité de l’âme (cf. Phédon).

D'après le philologue Ernest Renan, la majorité du peuple hébreu adore le Dieu de ses pères sans espérer la moindre récompense dans l’au-delà, ni même l’existence d’un au-delà. S'il n’est certes pas pour autant interdit d’y croire, non plus qu'à une résurrection physique (vision de Daniel Chapitre 12), la religion elle-même ne s'engage pas à ce sujet. L’Ecclésiaste, par exemple, déclare que les morts ne voient rien et ne sentent rien. Les Pharisiens croient cependant plus tard à l'immortalité de l'âme, selon l'historien Flavius Josèphe. Le livre de Tobie (IIe siècle avant notre ère) évoque une vie après la mort, bien que celui de Job mentionne juste aux épreuves de celui-ci une consolation de son vivant. Si les morts n'espèrent plus en la vie ici-bas, il est jugé concevable de les réveiller et les interroger, puisque le Dieu de l'Ancien Testament interdit explicitement à ses fidèles de le faire.

Le Moyen Âge européen et byzantin s'aligne sur le symbole de Nicée (premier Credo, établi par le concile de Nicée en 325 - modifié par la suite) qui mentionne « Je crois à la résurrection de la chair ». Cette affirmation de Nicée innovait par rapport à la religion gréco-romaine promettant tout au plus une existence posthume chez Pluton (Hadès), qui ne laissait en principe aucun membre de ses effectifs revenir sur Terre. Seuls avaient le droit de le faire ses « visiteurs occasionnels » (Orphée, Télémaque) et, six mois par an, son épouse Proserpine (Perséphone).

Au XIXe, le spiritisme développe une doctrine uniquement basée sur l'immortalité de l'Esprit et affirme communiquer avec les esprits des morts. Si Bertrand Russell ne rejette pas a priori le phénomène, il rappelle cependant[3][réf. souhaitée] que ce phénomène, même vérifié, "indiquerait que nous survivons, mais en aucun cas que nous survivons éternellement".

Immortalité de l'âme et traditions religieuses[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Vie après la mort.

Au moins depuis l'Égypte des pharaons, de nombreuses religions envisagent une vie post-mortem dont les conditions dépendraient d'un jugement divin, et qui compenserait les injustices commises ou subies pendant la vie terrestre. Il n'existe à ce jour pas d'élément scientifique permettant de confirmer, ni même de supposer la possibilité d'une subsistance de la vie après la destruction du cerveau, hormis dans le sens très particulier, sans idée de survie personnelle, de vie "dans la mémoire de ses proches".

L'ordre de présentation est ici chronologique

Dans le bouddhisme[modifier | modifier le code]

Le bouddhisme envisage un cycle de naissance, de mort et de re-naissance agissant en fonction des actions d'un individu. Ce cycle (samsara) étant jugé pénible, lassant et ne menant à rien, le sage vise à s'en extraire pour rejoindre le nirvana, qui est l'état de non-besoin.

Le Dalaï Lama expliqua cependant simplement dans une interview au Figaro dans les années 1990 que "si la science venait à démontrer que la réincarnation est impossible", alors le bouddhisme abandonnerait tout simplement cette croyance"[4].

Dans le christianisme[modifier | modifier le code]

Le christianisme introduit un concept de vie post-mortem différent : la résurrection des corps, en harmonie d'ailleurs avec la vision d'Ezéchiel d'hommes se reconstituant à partir de leurs ossements. À la différence du platonisme, le christianisme ne semble pas s'intéresser spécialement à une âme séparée du corps : c'est bien la reconstitution du corps que la doctrine promet à ses croyants méritants, inscrite dans le Credo qui en résume les points fondamentaux.

La séquence post-mortem est complexe : jugement particulier, jugement dernier, paradis, enfer, purgatoire introduit par la suite en considération des fautes vénielles ne méritant pas un châtiment éternel, mais devant néanmoins être punies, limbes pour les enfants morts sans baptême (Pélage refusera de les admettre et sera excommunié, Benoît XVI les supprimera cependant du dogme), et enfin résurrection.

Dans l'islam[modifier | modifier le code]

Le paradis musulman est décrit comme un lieu agréable (3.15 "Pour les pieux, il y a, auprès de leur Seigneur, des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement"; 29.58 "ceux qui croient et accomplissent de bonnes oeuvres, Nous les installerons certes à l´étage dans le Paradis sous lequel coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement". 47.15. "Voici l'image du Paradis promis aux croyants : il y coulera des ruisseaux à l'eau toujours pure et limpide, des ruisseaux de lait à la saveur inaltérable, des ruisseaux d'un vin délicieux à boire, des ruisseaux d'un miel pur et distillé").

L'enfer est décrit comme un lieu de torture (« ceux qui ne croient pas à Nos versets, Nous les brûlerons biens dans le feu. Chaque fois que leurs peaux auront été consumées, Nous leur donnerons d'autres peaux en échange afin qu'ils goûtent au châtiment » [Coran 4:56], mais s'apparente toutefois aussi au purgatoire chrétien, car Allah est mentionné comme en tirant qui il veut quand il le juge bon[réf. souhaitée].

Dans le mormonisme[modifier | modifier le code]

Dans le Plan de salut des mormons, tout homme est aiguillé après la mort vers l'un des trois degrés de gloire : céleste, terrestre ou téleste

Immortalité du corps, perception contemporaine[modifier | modifier le code]

Observation dans le règne animal[modifier | modifier le code]

Fountain of Eternal Life à Cleveland (Ohio), aux États-Unis[5].

Les formes biologiques ont des limites que l'homme rêve de dépasser par des interventions médicales, ou d'ingénierie, ou encore un rajeunissement cellulaire[6] ou reprogrammation cellulaire[7],[8].

Une sélection naturelle a développé une immortalité biologique chez au moins une espèce, la méduse Turritopsis nutricula[9]. Il existe en effet des êtres vivants dont la structure biologique très simple et le mode de reproduction particulier, permettent de les considérer comme immortels. Du plus simple au plus complexe incluant les bactéries, certains types de levures, l'Hydre et certaines méduses très primitives comme Turritopsis nutricula ou Turritopsis dohrnii qui est actuellement le seul être pluricellulaire connu ayant un cycle de vie réversible.

Cas particuliers: l'être pluricellulaire animalier le plus résistant à toute forme de destruction extérieure terrestre ou non est pour l'instant considéré comme étant le tardigrade, embranchement d'espèce à part entière. Les arbres les plus vieux du monde peuvent espérer vivre quant à eux durant cinq millénaires individuellement. L'animal le plus âgé dépasse les 400 années, certains reptiles les 190. L'être humain a officiellement dépassé les 120 ans de longévité en 1995 avec Jeanne Calment. Enfin, certains animaux atteints de néoténie (ou syndrome de Peter Pan) meurent sans avoir physiologiquement vieilli, tel l'axolotl, le phénomène inverse se traduisant par une progéria).

Turritopsis nutricula échapperait au processus de vieillissement habituel des cellules, et inverserait même son processus de croissance (ce qui est concevable, la structure d'une méduse étant bien moins complexe que celle d'un vertébré)

« Évoluant souvent en eaux profondes, et puisqu’elles ne peuvent peu ou pas mourir, ces méduses sont en train de développer leur présence dans les eaux du monde entier, et non plus seulement dans les eaux des Caraïbes où elles étaient à l’origine. Et le Docteur Maria Miglietta de l’institut marin tropical de Smithsonien d’expliquer « Nous assistons à une invasion silencieuse mondiale »[10].

Perspectives pour le genre humain[modifier | modifier le code]

Dans un livre nommé La Mort de la mort, le docteur Laurent Alexandre, fondateur du site Doctissimo, attire l'attention sur l'effondrement du coût du séquençage génétique chez l'homme, bien plus rapide que par exemple les progrès dus à la loi de Moore, et qui devrait permettre des actions préventives précoces (en 2013, l'actrice Angelina Jolie demanda une mammectomie alors qu'elle n'avait pas de cancer du sein[11], en raison d'un risque suggéré par son gène BRCA 1), et efficaces. Selon lui, « la perspective d’une espérance de vie de 200 ans à la fin de ce siècle est peut-être une hypothèse conservatrice », voire « le premier homme qui vivra 1 000 ans est peut-être déjà né ! »[12], ce qui rapproche sa position de celle d'Aubrey de Grey. S'il ne s'agit pas encore à proprement parler d'immortalité, les progrès prévisibles de la médecine pendant de telles périodes peuvent la laisser espérer, en tout cas techniquement.

Il existe une maladie génétique rare pour qui le corps ne semble pas vieillir au même rythme, à l'inverse de la progéria. Les médecins, qui n'ont pas encore inventé de nom pour ce syndrôme, parlent d'immortalité biologique. Chez quatre cas recensés dans le monde, leur processus de sénescence est ralenti avec un développement près de cinq fois plus long que pour une personne normale[13].

L'immortalité dans la littérature et la recherche[modifier | modifier le code]

Alexis Carrel[modifier | modifier le code]

Le prix Nobel de médecine 1912 Alexis Carrel réussit à maintenir vivant in vitro un cœur de poulet pendant une durée dont les estimations varient, selon les sources, de 28 ans à 37 ans[14]. Or la durée de vie typique d'une poule est de 5 ans. Cette expérience a amené à se demander si la longévité d'un organisme n'était vraiment limitée que par celle de ses composants ou s'il fallait rechercher une autre cause, interne, au processus de mortalité.

Jean Rostand[modifier | modifier le code]

Le biologiste Jean Rostand (1894-1977) déclare dans une interview que « nous ne savons pas si l’homme est une fleur ou une chaise » et s’explique de ce propos provocateur : la chaise est potentiellement éternelle dès lors qu’elle est traitée avec soin et réparée régulièrement. La fleur, au contraire, porte déjà en elle le programme de sa propre destruction. Dans les deux cas, les hommes peuvent espérer découvrir un jour l’immortalité physique : un entretien est en général simple affaire de technique et de discipline ; un programme, lui, peut sans doute s’altérer au niveau du gène. Pour Rostand, « le plus urgent est d’y voir plus clair afin de savoir dans laquelle des deux directions travailler ».

Au soir de sa vie, Rostand se dira persuadé que « si l’on avait consacré aux recherches en biologie toutes les sommes consacrées aux budgets militaires de tous les pays, la question de l’immortalité ou au moins de la jouvence éternelle serait déjà réglée ».

Limite de Hayflick[modifier | modifier le code]

En 1961, le biologiste Leonard Hayflick découvre que certaines cellules spécialisées ne semblent pouvoir se diviser qu’environ 50 fois successivement. Mieux : si ils se divisent 30 fois, puis qu'ils sont ensuite mis au repos pendant un temps élevé, une reprise des reproductions les limitera à 20 divisions successives : ces cellules semblent donc posséder une sorte de compte à rebours interne. Ses pairs lui donnent le nom de limite de Hayflick. Il est par la suite découvert que cette limite est due à une reproduction incomplète des extrémités du brin d’ADN (télomères). Or cette reproduction est complète en ce qui concerne les cellules sexuelles. Des agents inhibant ces télomérases sont découverts. Toutefois, en rendant des cellules immortelles, il faut prendre garde à ne pas en faire des cellules cancéreuses (voir Henrietta Lacks et sa Lignée cellulaire HeLa de « cellules immortelles »). Par ailleurs se pose le problème de traiter la totalité des cellules d’un organisme vivant.

Robert Ettinger[modifier | modifier le code]

En 1964, Robert Ettinger publie son livre intitulé L’homme est-il immortel ?. Ce livre[15] contient quatorze expériences de pensée sur le thème de l’identité. Sa préoccupation est de cerner quelles sont les transformations d’un individu qui nous paraissent acceptables (cryogénisation comprise) pour considérer qu’il est toujours lui-même. La question se pose avec une acuité plus grande encore si une copie à distance d’un individu est créée (expérience de pensée) : « peut-on alors sans problème de conscience détruire l’original et considérer que l’individu a simplement été téléporté ? »

Les idées d'Ettinger ont donné naissance à des sociétés assurant la conservation d'organismes - parfois de simples cerveaux - humains par la cryogénie. Un article de 1986 des professeurs Goldanskii et Vitalii[16] , laisse craindre toutefois que même à la température de l'azote liquide des réactions chimiques par effet tunnel continuent à se produire au fil des mois, endommageant de plus en plus les organismes concernés.

Gamow et Hofstadter[modifier | modifier le code]

Dans M. Tompkins s’explore lui-même (ouvrage non-réédité), le physicien George Gamow s’interroge sur la question de savoir où se localise le "moi" dans un individu. Il imagine par la pensée une population de clones à l’esprit conservé vierge (peu importe comment) et dans lesquels il pourrait être transféré par un procédé donné toutes les connaissances et habitudes d’un individu ainsi que ses goûts. Une fois l’esprit transféré dans le nouvel individu « peut-on considérer que la personne « a changé de corps » et simplement se débarrasser de l’ancien ? » Il est difficile de répondre à cette question, voisine de la précédente.

Douglas Hofstadter et Daniel Dennett, passionnés par cette question de la cognition et de l’identité, décident pour établir une sorte d’état de l’art de créer une compilation des plus intéressants articles, d’après eux, écrits sur le sujet. Ce sera The mind’s I, traduit en français sous le nom "Vues de l’esprit". Beaucoup d’expériences de pensée, dont une qui permet de penser que le "moi" peut fort bien être "délocalisé en plusieurs endroits" si les communications suivent (« Where am I? ») (voir aussi l’article noosphère).

Gordon Bell et le projet Mylifebits[modifier | modifier le code]

Dans l'immédiat, Gordon Bell estime que l'on[Qui ?] doit pouvoir stocker une très grande partie du vécu d'une personne sur un ou plusieurs téraoctets, et y avoir accès de façon directe par le procédé d'hyperliens imaginé par Vannevar Bush. Il s'agit surtout ici d'une mémoire auxiliaire et en principe parfaite, mais si la mémoire constitue le fondement de l'identité, alors peut-être y aurait-il dans cette sorte de backup de quoi reconstituer de façon au moins virtuelle un individu. Achevé en 2007, ce projet MyLifeBits de recherche a été financé par la société Microsoft[17]. Le résultat de cette expérience est relaté dans le livre de Jim Gemmel et Gordon Bell intitulé Total Recall publié en janvier 2011 chez Flammarion[18]. Sur cette base, les transhumanistes envisagent le téléchargement de la personnalité d'un individu sur un support numérique non biologique grâce au « mind up-loading »[19].

Cette approche est controversée du fait qu'elle ne tient pas compte de la réalité du "Moi" psychologique. À savoir, si la copie est faite d'un original à un duplicata, lequel des deux abritera le "Moi" original. En bref, si on fait plusieurs copies de moi, dans laquelle de ces copies je continuerai à exister ? Chacune de ces copies ne serait peut-être une nouvelle copie de moi-même avec mon histoire et ma mémoire croyant chacune d'elles continuer ma vie ?

Kurzweil[modifier | modifier le code]

Kurzweil[20] reprend l'exemple de substitution progressive également exposé par Bruno Marchal[21] dans sa thèse :

  • Si UN neurone est remplacé par son équivalent fonctionnel, le comportement de l'individu va être en tous points semblable.
  • En les remplaçant tous un par un, le résultat serait un individu complet, identique fonctionnellement au précédent, sous forme électronique. Pour Kurzweil, telle est la voie par laquelle l'homme a le plus de chances d'atteindre, sinon à l'immortalité, du moins à une espérance de prolongation de sa vie consciente d'un facteur 10, voire 100… tant que la stabilité politique et économique permet d'assurer la maintenance des machines et de payer leur facture d'électricité. Ce thème est repris par l'auteur de Greg Egan dans son roman La Cité des permutants (Permutation City).

Sur le plan pratique, le problème se présente pour Kurzweil en trois phases :

  1. Il faut dans un premier temps radiographier le cerveau non pas avec une résolution du dixième de millimètre comme le permettent les procédés d’imagerie médicale par résonance magnétique nucléaire, mais bel et bien aller chercher l’information sur chaque cellule là où elle se trouve. Kurzweil rappelle qu’il y a quelque chose « qui passe partout » dans le cerveau : le flux sanguin. Son pari raisonné est que quelques millions de microscopiques machines issues de la nanotechnologie pourraient partir à la découverte du terrain, transmettre immédiatement l’information (qu’elles ne pourraient stocker), et celle-ci être collationnée par ordinateur
  2. Le processus ne saurait être instantané, et il se peut qu'il ne soit pas complet. Nous ne savons pas quelle durée aurait un scan (probablement entre quelques dizaines d’heures et quelques années), et dans l’intervalle nos opinions sur une quantité de sujets auraient changé, ainsi que notre « moi ». Kurzweil ne s’inquiète pas outre mesure de la question : au cours d’une nuit de sommeil, notre « moi » change légèrement aussi[22], sans que nous nous en angoissions particulièrement (excepté les très jeunes enfants, alors en pleine phase d’apprentissage); par ailleurs il nous arrive au cours de notre vie d’oublier quelques connaissances anciennes ou récentes sans grand dommage pour notre intégrité mentale
  3. Plus complexe sera la reconstitution de l’état mental scanné (avec de très fortes redondances puisqu’un endroit sera analysé au cours du temps par des quantités de microcapteurs), la représentation de chaque neurone et cellule gliale, et enfin la gravure du tout dans le silicium ou sa reconstitution sur des machines de traitement de l’information d’un type ou d’un autre. Toutefois cette troisième phase peut se faire attendre si besoin plusieurs décennies, les deux premières seules ayant à être réalisées du vivant de l’intéressé.

Il est important de se rappeler que tout cela reste pour le moment spéculatif, en d’autres termes théoriquement envisageable, mais nullement certain.

La société Imagination engines (start-up créée par des anciens du Massachusetts Institute of Technology - MIT) affirme travailler sur un projet de ce genre nommé InItsImage qui est détaillé sur son site.

Étienne-Émile Baulieu et la DHEA[modifier | modifier le code]

Spécialiste des hormones stéroïdes, il est mondialement connu pour la mise au point en 1981 de l'anti-progestérone RU 486, ou pilule abortive.

Mais il est également connu, dès 1963, pour ses travaux sur la DHEA sécrétée par les glandes surrénales, et a mis en évidence certaines de ses propriétés, notamment par rapport à certains aspects secondaires du vieillissement (amélioration cutanée, augmentation de la densité osseuse et de la libido chez la femme ménopausée).

La DHEA est un androgène qui est réputé pour ses effets antivieillissement. L'efficacité de la DHEA reste controversée. Elle a été établie le plus souvent grâce à des études animales ou des études effectuées par comparaison avec un placebo (notamment l'étude DHEAge). La DHEA n'est actuellement (2011) pas en vente libre en France, les autorités sanitaires Française (AFSSAPS) ayant décidé de poursuivre son évaluation avant de donner son autorisation de mise sur le marché. Il est en revanche possible de se la procurer par prescription médicale ou sur Internet dans des pays comme les États-Unis (sans garantie de pureté) où elle est commercialisée depuis les années 1990 en tant que simple complément alimentaire.


Aubrey de Grey[modifier | modifier le code]

Le projet SENS (Strategies for Engineered Negligible Senescence (2002))[23] a pour but l'extension radicale de l'espérance de vie humaine (et de la jeunesse) au moyen de procédures médicales créées afin de contrer les dysfonctionnements de l'organisme.

Par exemple le sous-projet ambitieux et novateur WILT prévoit de bloquer la réparation des télomères dans l'organisme en interdisant la synthèse de télomérase (afin de rendre le cancer impossible) tout en repeuplant périodiquement l'organisme à l'aide de cellules souches saines (les télomères de ces cellules souches étant intacts, la limite de Hayflick n'est plus un problème).

La stratégie de financement repose sur le Methuselah Mouse Prize (prix de la Souris Mathusalem). William Haseltine, le pionnier du séquençage du génome humain, a déclaré à ce sujet : « Il n'y a aucun effort comparable à celui-ci, et il a déjà significativement contribué à la prise de conscience que la médecine régénérative est une réalité très proche, pas une hypothèse ».

Professeur Skulachev[modifier | modifier le code]

En septembre 2010, le professeur Vladimir Skulachev, de l'université de Moscou (en Russie), annonce avoir stoppé le vieillissement chez des souris au moyen d'un anti-oxydant[Lequel ?] pénétrant tout l'organisme et inoffensif pour ses organes vitaux. L'oxygène est normalement transformé en eau par les processus vitaux, mais un petit pourcentage tourne en radicaux libres dangereux pour l'ADN et ce sont eux que cette pilule est censée stopper. Le prix Nobel 1999 Günter Blobel confirme le caractère sérieux de cette découverte, et Aubrey de Grey s'est rendu à Moscou pour examiner ces candidates au projet de souris Mathusalem.

Cette revendication est dans la lignée d'une similaire par un laboratoire britannique[24] quelques mois plus tôt et, au début des années 1990, de l'annonce des effets bénéfiques de la DHEA par le professeur Beaulieu. Il ne s'agit cependant que d'annonces et quelques années seront nécessaires à confirmer ou infirmer leur efficacité d'une part, leur réelle innocuité et leur généralisation possible au grand public d'autre part.

Médecine régénérative[modifier | modifier le code]

Dans une approche totalement opposée aux transplantations d'organes, la médecine régénérative cherche à utiliser des cellules souches pour régénérer des organes in situ idéalement dans un parfait état de fraîcheur. Des progrès en ce sens ont été sanctionnés par un prix Nobel de médecine à Shinya Yamanaka et John Gurdon en 2012[25].

Professeur Christophe de Jaeger[modifier | modifier le code]

Le professeur de Jaeger, médecin gériatre spécialisé dans la longévité humaine[26] a présenté à TEDx Montpellier 2013 un exposé synthétisant l'état de l'art sur le vieillissement, sa prévention, et l'immortalité cellulaire non cancéreuse[27], nommé « Nous ne sommes pas faits pour mourir ». Il y explore aussi les aspects familiaux, sociétaux et internationaux de l'arrêt ou du ralentissement du vieillissement.

Points de vue[modifier | modifier le code]

  • Paul Valéry estime dans Tel Quel que « de même que les hommes ont besoin de changer de vêtements, les idées ont besoin de changer d'hommes » : le renouvellement des générations évite à son avis que la société ne se sclérose.
  • Georges Wolinski, dans un épisode de La Vie compliquée de Georges le tueur, répond indirectement aux préoccupations d'immortalité de Cavanna en expliquant qu'« un immortel remet éternellement au lendemain ce qu'il n'a pas envie de faire », et que donc c'est dans l'ensemble la certitude (ou presque) de la mort qui pousse l'homme à agir.
  • Robert Ettinger mentionne l'avis généreux des personnes qui refusent l'immortalité parce qu'il faut faire de la place aux générations futures, tout en trouvant cette philanthropie suspecte quand elle émane de personnes « qui ne donnent même pas aux œuvres de charité le 1 % déductible de leur revenu ».
  • Albert Camus dans La Peste estime que « [...] puisque l'ordre du monde est réglé par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu'on ne croie pas en lui et qu'on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers ce ciel où il se tait ».
  • Ernest Renan, érudit à la fois des cultures religieuse et positiviste, se hasarde à une synthèse possible : « L'infinité de l'avenir noie bien des difficultés. Si Dieu existe, il doit être bon, et il finira par être juste. L'homme serait ainsi immortel dans l'infini, à l'infini. Les deux grands postulats de la vie humaine, Dieu et l'immortalité de l'âme, gratuits au point de vue du fini où nous vivons, sont peut-être vrais à la limite de l'infini[28] »
  • Citations diverses sur l'immortalité

Média[modifier | modifier le code]

Personnalités historiques[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

  • 1845 : Eugène Sue : Le Juif errant : l’immortalité peut-elle être une calamité pour qui en est doté ? Cette idée sera reprise dans Highlander
  • 1862 : Edmond About, L’Homme à l’oreille cassée : la réanimation sous le Second Empire d’un grognard gelé pendant la retraite de Russie, et quelques problèmes afférents.
  • 1891 : Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray) : dans l'Angleterre victorienne, un homme conserve sa jeunesse tandis que son portrait vieillit à sa place.
  • 1897 : Bram Stoker, Dracula : Personnage historique rendu immortel par une malédiction.
  • 1939 : Aldous Huxley, Jouvence ("After Many Summer"), essai sur la jeunesse éternelle
  • 1946 : Simone de Beauvoir, Tous les hommes sont mortels : roman sur un homme, le comte Fosca qui, une fois devenu immortel, se rend compte à ses dépens que l'immortalité tue... l'esprit, la volonté, l'amour, l'envie de vivre...
  • 1947 : Jorge Luis Borges, L'immortel : une nouvelle sur la vanité de la quête de l'immortalité puisque le moteur qui motive chacun de nous est de se savoir mortel. Un Romain qui a servi dans les armées de César trouve un fleuve qui lui donne l'immortalité, puis passera des siècles à chercher le ruisseau qui pourra le rendre à nouveau mortel.
  • 1973 : René Barjavel, Le Grand Secret : Jeanne et Roland s'aiment mais un jour Roland disparaît subitement. Jeanne découvrira qu'il se trouve sur une île protégée où se trouvent seulement des humains atteints du virus de l'immortalité.
  • 1976 : François Cavanna, Stop-crève : essai sur l’absence officielle d’intérêt des pouvoirs publics sur le sujet.
  • 1976 : Anne Rice, Entretien avec un vampire
  • 2005 : Michel Houellebecq, La Possibilité d'une île : il aborde le sujet du clonage et de la création artificielle d'une nouvelle espèce tout en poursuivant la réflexion de l'auteur sur la société contemporaine, en particulier sur les relations entre les hommes et les femmes.
  • 2007 : Dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, si quelqu'un reunit les reliques de la mort il deviendra le maitre de la mort, ce qui signifie une immortalité ou plutôt une invulnérabilité .
  • 2009 : Herbot Lothey, Guide pratique de l'immortalité, trucs infaillibles et histoires vraies pour passer à coup sûr à la postérité, Pearson, Paris 2009.
Science-fiction

Cinéma et télévision[modifier | modifier le code]

Arrêt du vieillissement
Rajeunissement
Retour à la vie

Bandes-dessinées[modifier | modifier le code]

Jeu vidéo[modifier | modifier le code]

Dans de nombreux jeux, il existe un code de triche permettant de rendre le joueur immortel et ainsi l'aider à terminer le jeu plus facilement.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Avec des instruments de musique uniquement chez Néandertal
  2. Extrait du Rig Veda [archive]
  3. Bertrand Russell, Science et Religion, Folio
  4. En expliquant avec bonne humeur que sa profonde différence de caractère avec le précédent Dalaï Lama s'expliquerait ainsi fort bien, mais qu'il préférait pour le moment y voir une manifestation de l'humour cosmique
  5. (en) Marshall Fredericks, GCVM History and Mission, Greater Cleveland Veteran's Memorial, Inc., 2003 (lire en ligne [archive])
  6. http://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/20101117.OBS3097/rajeunissement-cellulaire.html [archive]
  7. http://www.universcience.fr/fr/science-actualites/enquete-as/wl/1248100298723/reprogrammation-cellulaire-enquete-sur-une-revolution-scientifique/ [archive]
  8. John Gurdon et Shinya Yamanaka prix Lasker 2009 pour leurs travaux de reprogrammation cellulaire - La Recherche [archive]
  9. (en) Gilbert =Scott F., « Cheating Death: The Immortal Life Cycle of Turritopsis » [archive], 2006. Consulté le 14 septembre 2009
  10. Une méduse serait le seul animal immortel [archive], 10 mars 2010. Consulté le 1er octobre 2011
  11. http://www.rfi.fr/ameriques/20130514-angelina-jolie-cancer-sein-masectomie-new-york-times [archive]
  12. http://www.medfut.org/livres/361/ [archive]
  13. Susan Donaldson James, « 8-Year-Old Never Ages, Could Reveal 'Biological Immortality' » [archive] sur ABC News, 16 août 2013
  14. À partir de 1912 d'après cette source, qui précise que l'expérience aurait été arrêtée en 1946, c'est-à-dire deux ans après la mort de Carrell lui-même [1] [archive]
  15. Robert Ettinger, L'homme est-il immortel ?, Denoël, 1964 (préface de Jean Rostand)
  16. Quantum Chemical Reactions in the Deep Cold, Scientific American, 254:46, février 1986.
  17. Projet Mylifebits [archive]
  18. (en) Bell, Gordon; Gemmell, Jim (2009). Total Recall: How the E-Memory Revolution Will Change Everything. Penguin Group. ISBN 9780525951346.
  19. Catherine Ducruet, Rendre l'esprit éternel, Les échos, 19 mai 2011, page 2
  20. Page Kurzweil AI [archive]
  21. IRIDIA. Repris dans cet article plus récent : http://iridia.ulb.ac.be/~marchal/publications/M&PI_15-MAI-91.pdf [archive]
  22. Le bon sens populaire l'avait constaté de longue date avec un proverbe comme La nuit porte conseil
  23. site officiel [archive]
  24. Sur la piste d'une pilule pour vivre trente ans de plus [archive] sur Le Parisien, 1er juillet 2010. Consulté le 1er juillet 2010
  25. « Leur recherche sur la transformation des cellules adultes en cellules souches susceptibles de régénérer les tissus de l'organisme pourrait bouleverser tout le domaine thérapeutique pour les maladies liées au vieillissement, du cancer, à l'infarctus, en passant par le diabète et la maladie de Parkinson. «Leurs découvertes ont révolutionné notre compréhension de la manière dont les cellules et les organismes se développent», écrit le comité Nobel » : http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/10/08/19251-nobel-medecine-cellules-souches-lhonneur [archive]
  26. président de la société française de médecine et physiologie de la longévité, vice-président pour l’Europe de la World Society Interdisciplinary Anti-Aging Medicine, rédacteur en chef de la revue « Médecine et Longévité »
  27. https://www.youtube.com/watch?v=CNSB-ueKp5I [archive]
  28. Ernest Renan, Dialogues philosophiques, réédition de 1925, page 72

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jacques Bergier, chapitre Les Immortels parmi nous, dans Visa pour une autre Terre, 1974, éd. Albin Michel
  • Jacques Bergier, Les Maîtres secrets du Temps, 1974, éd. J'ai Lu

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]



29/10/2013
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