Mondialisation
Mondialisation
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Le terme mondialisation désigne le développement de liens d'interdépendance entre hommes, activités humaines et systèmes politiques à l'échelle du monde. Ce phénomène touche la plupart des domaines avec des effets et une temporalité propres à chacun. Il évoque aussi parfois les transferts internationaux de main-d'œuvre ou de connaissances.
Ce terme est souvent utilisé aujourd'hui pour désigner la mondialisation économique, et les changements induits par la diffusion mondiale des informations sous forme numérique sur Internet.
Définitions [modifier]
Le terme « mondialisation » apparaît dans la langue française en 1964 dans le cadre de travaux économiques et géopolitiques; il signifie l'accroissement des mouvements de biens, de services, de main-d’œuvre, de technologie et de capital à l’échelle internationale.[1] Il désigne initialement le seul mouvement d'extension des marchés des produits industriels à l'échelle des blocs géopolitiques de la Guerre froide. Longtemps cantonné au champ académique, il se généralise au cours des années 1990, d'une part sous l'influence des thèses d'émergence d'un « village global » portées par le philosophe Marshall McLuhan, et surtout par le biais des mouvements antimondialistes et altermondialistes, qui attirent, par leur dénomination même, l'attention du public sur l'ampleur du phénomène.
Dans le monde anglophone, la popularisation du terme globalization et son usage comme terme fourre-tout a accentué le débat académique. Il est maintenant admis que le terme désigne le développement de l'interdépendance au niveau mondial. À partir de cette définition générale chaque grand courant académique met l'accent sur la dimension qui lui parait la plus pertinente. Par exemple, certains universitaires comme Manuel Castells [2] se concentrent sur le lien entre les dimensions économiques et sociales. D'autres, comme John Urry [3], mettent l'accent sur la complexité croissante qui caractérise tous les échanges humains (économiques, culturels et politiques). On peut aussi noter que le terme et sa popularité sont liés aux problématiques de développement, comme le montre Jan Nederveen Pieterse[4]. Les polémiques qui agitent le milieu universitaire anglophone reflètent l'existence d'un débat planétaire. Urry est anglais mais Castells est espagnol et Pieterse hollandais.
Le lecteur de ces lignes doit donc garder à l'esprit que les termes globalization et mondialisation et les sens qui leur sont attribués reflètent toujours le point de vue et le courant de pensée des énonciateurs.
Mondialisation et globalisation [modifier]
La distinction entre ces deux termes est propre à la langue française. Le mot anglais (US) original est globalization, repris par la plupart des autres langues. En Anglais, les différentes approches globalization/mondialisation sont explorées par différent courants de pensées. Le terme anglophone globalization couvre largement le même débat que la différence sémantique francophone. Comme dans le monde francophone, différentes personnes donneront différents sens aux termes, mettant l'accent sur la dimension économique, culturelle ou politique, en fonction de leur appartenance, consciente ou non, à tel ou tel courant de pensée.
D'un point de vue étymologique, monde (univers) et globe sont suffisamment proches pour que mondialisation et globalisation soient synonymes dans leur emploi initial en langue française (1964 pour le premier, 1965 pour le second).
Toutefois, la proximité de "globalisation" avec l'anglais et la particularité de mondialisation a amené une divergence sémantique.
En français, le terme "globalisation" désigne l'extension supposée du raisonnement économique à toutes les activités humaines et évoque sa limitation au globe terrestre. Par contre le terme "mondialisation" désigne l'extension planétaire des échanges qu'ils soient culturels, politiques, économiques ou autres. Dans ce cadre l'expression monde peut désigner en outre l'espace proche de la terre, accessible par des moyens aéronautiques ou spatiaux (satellites), ou prendre des significations propres à chaque culture (le monde chinois…). En revanche, l'expression "globalisation financière" s'est imposée pour désigner la constitution d'un marché mondial intégré des capitaux. Par ailleurs, les problèmes d'environnement se posent désormais à l'échelle mondiale, par exemple la déforestation ou la pollution due au développement des transports.
La différence sémantique peut s'envisager sous un autre angle. Certains voient dans le terme globalisation la simple transposition du terme anglais en français, globalisation étant synonyme de mondialisation. D'autres voient une différence de nature entre les deux termes et considèrent la globalisation comme une étape après la mondialisation, qui la dépasserait et consisterait en une dissolution des identités nationales et l'abolition des frontières au sein des réseaux d'échange mondiaux.
Mondialisation [modifier]
Complètement générique, le terme mondialisation désigne un processus historique par lequel des individus, des activités humaines et des structures politiques voient leur dépendance mutuelle et leurs échanges matériels autant qu'immatériels s'accroître sur des distances significatives à l'échelle de la planète. Elle consiste en l'interdépendance croissante des économies et contribue à l'expansion des échanges et des interactions humaines[5].
Les mondialisations [modifier]
La genèse du terme explique que ce processus soit le plus souvent envisagé sous le seul aspect de la mondialisation économique, développement des échanges de biens et de services, accentuée depuis la fin des années 1980 par la création de marchés financiers au niveau mondial. Toutefois s'y ajoutent :
- l'aspect culturel qu'apporte l'accès d'une très large partie de la population mondiale à des éléments de culture de populations parfois très éloignés d'une part et aussi la prise de conscience par les pays développés dans leur ensemble de la diversité des cultures au niveau mondial[6].
- l'aspect politique que représente le développement d'organisations internationales et d'ONG[7].
- l'aspect sociologique de la mondialisation résumé par Zygmunt Bauman, sociologue et professeur émérite des universités de Varsovie et de Leeds : « La mondialisation est inéluctable et irréversible. Nous vivons déjà dans un monde d’interconnexion et d’interdépendance à l’échelle de la planète. Tout ce qui peut se passer quelque part affecte la vie et l’avenir des gens partout ailleurs. Lorsque l’on évalue les mesures à adopter dans un endroit donné, il faut prendre en compte les réactions dans le reste du monde. Aucun territoire souverain, si vaste, si peuplé, si riche soit-il, ne peut protéger à lui seul ses conditions de vie, sa sécurité, sa prospérité à long terme, son modèle social ou l’existence de ses habitants. Notre dépendance mutuelle s’exerce à l’échelle mondiale (…) » [8].
En toute rigueur, il conviendrait ainsi de parler des mondialisations, afin de distinguer le domaine considéré (économie, culture, politique) et la période historique envisagée.
Un phénomène inéluctable ? [modifier]
Le caractère inéluctable ou naturel du processus de mondialisation est souvent mis en avant (voir la citation précédente).
Cependant, cette idée, présentée comme une "idée reçue" par le collectif "Les Éconoclastes"[9], peut être nuancée lorsqu'on s'intéresse de plus près aux aspects commerciaux et financiers du phénomène. En effet, d'une part "la part des exportations dans la production mondiale de 1913 ne sera dépassée qu'en 1970 et stagne depuis lors" notent les Éconoclastes, d'autre part "les mouvements nets de capitaux sont actuellement plus modestes qu'au début du XXe siècle"[10].
Ainsi, pour Martin Wolf, "la mondialisation relève sinon d'un mythe, du moins d'un abus de langage"[11].
Mondialisme [modifier]
Si la mondialisation est un processus qui se traduit dans les faits, le mondialisme est une idéologie. Celle-ci affirme le caractère inéluctable de la mondialisation et son incompatibilité avec la structure de l'État-nation, son caractère inhérent à vouloir apporter la paix définitive par l'instauration d'un gouvernement mondial passant par un humanisme. Le mondialisme en tant que tel ne constitue cependant pas une idéologie constituée. On le retrouve au sein d'idéologies plus vastes, allant du néolibéral à l'internationalisme d'extrême-gauche.
Un glissement du sens du terme vers sa seule acception néo-libérale a donné naissance aux termes d'antimondialisation et d'altermondialisation pour désigner des courants de pensée visant respectivement à limiter le processus de mondialisation ou à en modifier le contenu.
Conceptions de la mondialisation [modifier]
Aussitôt que la mondialisation s’est imposée comme phénomène planétaire, on a cherché à la définir. Deux conceptions, qu’on peut dire « unitaire » et « conflictuelle et plurielle » s’affrontent autour de l’explication de ce phénomène[12] [13].
Conception unitaire [modifier]
Selon la conception unitaire, la mondialisation évoque la notion d’un monde uni, d’un monde formant un village planétaire, d’un monde sans frontière. Ceci dans une approche géographique, idéologique ou économique. Cette conception est soutenue par des organisations internationales ou institutions internationales (notamment le FMI, l’OMC et autres), par le courant idéologique notamment le mondialisme. Elle est également partagée par quelques analystes[14].
Définir la mondialisation comme l’unification du monde signifie que l’on parle de l’interpénétration des cultures, des technologies et des économies (intégration dans l’économie mondiale). De ce fait, les expressions comme culture mondiale ou civilisation mondiale, gouvernance mondiale, économie mondiale, voire citoyen mondial sont de plus en plus utilisées.
Si l’approche unitaire de la mondialisation bénéficie des atouts du XXIe siècle (c’est-à-dire le progrès et révolution de la technologie qui renforce l’intégration physique, l’internationalisation et l’expansion des mouvements financiers ; et la position du capitalisme, seul système économique et centre de l’économie mondiale), il est suivi, cependant, par toutes les critiques fusant sur l’économie de marché ou le capitalisme.
La conception qui définit la mondialisation comme l’unification du monde contient par ailleurs une position intellectuelle qui prône plus d’ouverture pour arriver à une paix mondiale, une suppression totale des frontières. En revanche, même si cette conception présenterait l’avantage de créer dans l’homme le germe de l’espoir, elle resterait cependant restrictive dans la mesure où elle négligerait les autres manifestations de la mondialisation.
Conception conflictuelle et pluraliste [modifier]
Opposée à la conception unitaire, la conception conflictuelle et pluraliste considère la forme actuelle de la mondialisation comme la source de nos problèmes. Elle met en avant une approche de coopération plutôt que de mise en concurrence, qui est le principe de base de la forme actuelle de la mondialisation. Les sympathisants les plus farouches de cette conception sont les courants altermondialiste et antimondialiste. Elle est également partagée par quelques analystes indépendants. Les problèmes que pose cette approche de la mondialisation sont ceux de l'hétérogénéité, de l'incompatibilité, de la fragmentation et de l'intégration, de l'ordre et du désordre, de l'inégalité, de l'exclusion et de la solidarité, de la domination, de l'exploitation, des affrontements idéologiques et des relations humaines qui sont souvent régies par des rapports de force.
Cette conception présenterait selon ses tenants l’avantage d’appréhender un peu plus clairement les éléments divers de ce phénomène aux multiples aspects alors que la première s’articulerait autour d’un seul point. Du fait d’être défendue par les altermondialistes, cette conception est généralement vue comme une théorie économique et sociale proche du socialisme, notamment parce qu'elle prend la défense des plus pauvres. La vision de l'altermondialisme est davantage de coopération que de mise en concurrence des populations.
Historique [modifier]
Voir aussi l'article mondialisation économique
Si le vocable « mondialisation » est récent, il désigne cependant différentes périodes de l'Histoire, dont certaines anciennes [15].
Dans l'Antiquité [modifier]
Contestée il y a encore peu, l'idée qu'une sorte de processus assimilable à la mondialisation ait eu lieu dans l'antiquité est de plus en plus reconnus par les spécialistes[réf. nécessaire] , comme le démontre le fait qu'un colloque sur ce sujet ait été récemment organisé au sénat.
On peut situer une première expression de ce processus à partir du second milléanaire avant Jésus-Christ: un vaste zone commerciale s'étendant de l'indus au monde minoen via les cités du croissant fertile. Cette première tentative sera de courte durée du fait de l'arrêt des échanges commerciaux causé par l'irruption d'envahisseurs indo-européens à la fin du second millénaire.
Une seconde tentative aura lieu à partir de la fondation de l'empire perse qui permet que s'établisse un contact commercial indirect entre les colonies phéniciennes et grecques, et les cités indiennes, entre Gibraltar et le Gange. Les grecs vont ainsi découvrir prendre pleinement conscience de l'étendue du monde comme le montre les relations d'Hérodote, et, plus encore, de Ctésias de Cnide, médecin du grand roi perse.
Loin de mettre un terme à ce processus d'unification commerciale, culturelle et diplomatique du monde antique, le destruction de l'empire perse, et la formation des États hellénistique va l'accroitre sensiblement. Ainsi la "mondialisation" hellénistique partage-t-elle de nombreux traits communs avec celle de notre temps:
- Le brassage des populations: à la suite des conquêtes d'Alexandre les grecs vont s'intaller un peu partout dans l'empire perse (en particulier en Bactriane). En conséquence se créent des cités cosmopolites à l'exemple d'Alexandrie, peuplée de grecs, d'égyptiens, de juifs et d'orientaux.
- La constitution d'une culture mondiale: la koiné grecque devient la Lingua Franca, et la culture grecque devient culture universelle que s'efforcent d'acquérir les non-grec. S'y joint la constitution d'une welt-Literatur (la bibliothèque d'Alexandrie contenant des textes indiens et bouddhistes).
- L'intensification et la mondialisation des échanges: le commerce devient particulièrement florissant, essentiellement du fait qu'Alexandre y réinjecte les liquidités jusqu'alors thésaurisés par les Perses. D'autre part la quasi-disparition de toute autorité impériale met à mal les barrières douanières. Se manifestent ainsi nombre de phéonomènes typiques d'une économie "mondialisée": des grecs installés en Inde confectionnant des Bouddha qui seront exportés jusqu'au Japon.
- Le multilatéralisme: constitution d'États plus ou moins égaux par leur taille et par leur force, ce qui entraîne une certaine émulation
- L'innovation technique: grandes découvertes scientifiques et avancées techniques qui ne seront pas égalées avant longtemps à Syracuse et Alexandrie en particulier.
Avant le XVIIe siècle [modifier]
Les hommes du XVIIe siècle ou des siècles antérieurs avaient des représentations du monde différentes des nôtres. La terre était peuplée de moins de 700 millions d'habitants. On ne peut donc pas vraiment parler de mondialisation.
On constate pourtant que des évènements politiques et culturels majeurs ponctuent l'Histoire :
- Extension de l'empire romain, unification de la Chine, grands mouvements de population,
- Extension de l'empire byzantin à partir du VIe siècle (empereur Justinien),
- Formation de l'empire carolingien aux IXe siècle-Xe siècle, extension musulmane,
- Ouverture de routes commerciales dès la fin du Xe siècle en Europe (cf. Pierre Riché, le terme Europe n'était pas encore employé), (foires de Champagne au XIIe siècle, à cette époque, la Chine est florissante avec empire Song.
- La Chine lançait entre 1415 et 1433 des expéditions vers l'Afrique (amiral Zheng He) beaucoup plus audacieuses que les expéditions de Christophe Colomb .
- La Renaissance au XVe siècle s'accompagne d'échanges maritimes en mer du nord, en mer Baltique (Hanse), et entre la mer du nord et les ports italiens qui contournent l'Espagne. Au XVIe siècle suivront les grandes découvertes.
Ces changements s'accompagnent d'une extension considérable de l'espace connu ainsi que des échanges économiques, technologiques et culturels entre civilisations.
L'étude des échanges de biens de ces époques incite à penser que l'historiographie du XIXe siècle a sous-estimé l'importance des échanges matériels et culturels entre civilisations éloignées jusqu'à la fin du Moyen Âge. Par exemple :
- La Route de la soie existait bien avant le XIIIe siècle,
- La mise en évidence de liens commerciaux réguliers entre la région de la baltique et Rome,
- La découverte en Chine de vases grecs accrédite l'existence de mouvements mondiaux de biens et d'idées dès l'Antiquité,
- On peut également donner en exemple le rôle fondamental des routes commerciales arabes sur l'islamisation de l'Afrique,
- Il y eut aussi des échanges entre l'Inde et l'Islam vers le IXe siècle, conduisant à l'introduction progressive en Europe du système de numération positionnel décimal à partir de l'An mil.
Aux XVe et XVIe siècle, le mouvement de la Renaissance entraîne un grand bouleversement : l'imprimerie apparaît, on prend conscience de la rotondité de la terre, les européens font de grandes découvertes.
Pendant le siècle des Lumières, la diffusion de la presse, la prise de conscience de l'héliocentrisme, l'industrialisation et la colonisation entraînent d'autres types de bouleversements, que Montesquieu analyse en ces termes :
- « Aujourd'hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celles de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde. Ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières ».
Le XIXe siècle : essor de la révolution industrielle [modifier]
Le XIXe siècle marque véritablement l'essor de la révolution industrielle correspondant à la période appelée contemporaine par les historiens. Le ressort essentiel du processus est alors l'abaissement des coûts de transport, avec la généralisation de la machine à vapeur et celui des coûts de communication avec le télégraphe. Ces deux éléments permettent la mise en communication des différentes parties du globe et d'importants transferts d'hommes, de biens et de savoirs en fonction des inégalités de peuplement, de richesse et de pouvoir.
Le XIXe siècle (entendu au sens des historiens, il commence avec la Révolution française et finit avec la Première Guerre mondiale) voit ainsi se dérouler des flux de population à l'échelle planétaire. Alors qu'en Europe, la Révolution agricole éloigne les paysans de leur campagne et que les villes absorbent avec difficulté la hausse soudaine de la population du vieux continent (elle quadruple entre 1750 et 1900), les occidentaux migrent massivement à travers le monde (Amériques, Australie, Algérie…). Ces flux de population modifient en profondeur la répartition de la main-d'œuvre au niveau mondial.
Au niveau économique, l'industrialisation rend possible le développement d'échanges de produits manufacturés entre pays industrialisés et en cours d'industrialisation, tandis que la colonisation entraîne des flux de matières premières depuis les colonies vers l'Europe. L'impact économique de ces échanges est cependant faible au regard de celui induit par les migrations mondiales.
La colonisation a également pour effet d'intégrer l'essentiel de la planète dans un espace politique commun, et de favoriser des transferts financiers entre pays ainsi que vers les colonies.
Dans le domaine culturel, la multiplication des récits de voyage ou des modes comme le japonisme montrent la montée en puissance dans l'imaginaire européen d'autres cultures, elles-mêmes souvent mises à mal par la colonisation. Jules Verne fait faire à Philéas Fogg Le Tour du monde en quatre-vingts jours, grâce au génie technique européen. À cette époque cependant, le mondialisme trouve sa première expression d'ampleur sur le socle du marxisme avec la fondation des Internationales.
Les chaos du « court XXe siècle »[16] [modifier]
Les débuts du XXe siècle sont marqués par une méfiance croissante à l'égard des échanges mondiaux, entraînant le repli de nombreux pays sur eux-mêmes au détriment du processus de mondialisation.
- Le phénomène commence dans le secteur où les échanges étaient les plus importants, celui de flux humains. En mettant en place de quotas à l'immigration (1911 pour les asiatiques, 1921 pour les autres populations), les États-Unis arrêtent brutalement le flux le plus important, tandis que les révolutions russes privent l'Europe d'un important partenaire commercial et financier.
- La plupart des pays érigent alors d'importantes barrières douanières dans le but de protéger leur économie. Ce brusque cloisonnement des échanges matériels et financiers est un facteur essentiel de la crise des années 1930, qui marque le point d'arrêt quasi-total de la mondialisation.
- Le rejet de ce processus dépasse alors le simple plan économique pour s'étendre à la politique, avec l'effondrement de la Société des Nations et un refus des cultures étrangères et des étrangers eux-mêmes qui tourne souvent à la xénophobie.
Si le début du XXe siècle freine la mondialisation, la deuxième moitié du XXe relance et accélère ce processus. Après 1945, celui-ci reprend, de manière très inégale en fonction des domaines. La reconstruction de l'Europe ainsi, la mise en place du bloc soviétique puis les décolonisations limitent la portée des échanges de biens et de services. La mondialisation s'inscrit alors plutôt dans la création d'organisations internationales, ONU, Banque mondiale, FMI ou GATT, ainsi que dans la généralisation des produits de la culture des États-Unis, en particulier le cinéma.
Alors que le terme est déjà utilisé, ce n'est que vers 1971 que les échanges de biens retrouvent, en part du PIB mondial, leur niveau de 1910 et que reprend véritablement la mondialisation économique. Appuyée sur la baisse des coûts de transport, celle-ci désigne essentiellement le développement des échanges en biens manufacturés entre pays riches et nouveaux pays industrialisés (Corée du Sud, Taiwan, Brésil, Argentine…), qui représentent 80% du commerce mondial
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