Voyage dans le temps

Voyage dans le temps

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Le voyage dans le temps est un des grands thèmes de la science-fiction, au point d’être considéré comme un genre à part entière. L’idée d’aller revivre le passé ou de découvrir à l’avance le futur est un rêve humain causé par le fait que l’être humain avance dans le temps de manière permanente, mais irréversible (et, à l’état de veille, apparemment de façon linéaire).

La première mention d’un voyage dans le temps serait le personnage de Merlin l’Enchanteur dans le cycle arthurien des Chevaliers de la Table ronde, qui visitait les temps passés. Les Celtes croyaient en la possibilité de voyager dans le temps et dans un monde parallèle, à partir des tombes, des tertres ou de certains lieux. Mais la problématique du voyage dans le temps est assez liée à celle de l’oracle, qui existait déjà chez les Grecs et pouvait entraîner les mêmes paradoxes.

Les physiciens et les philosophes, tout autant que les auteurs de science-fiction, s’intéressent au voyage dans le temps, aux effets théoriques des voyages à la vitesse de la lumière et aux paradoxes logiques qui naîtraient d’un voyage dans le temps.

Sommaire

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Voyage dans le sens direct[modifier]

La relativité restreinte d’Albert Einstein (et, par extension, la relativité générale) autorise explicitement certaines dilatations du temps, ce qui ressemble à un « voyage dans le temps ». Par exemple, un voyageur se déplaçant dans l'espace à une vitesse proche de celle de la lumière (par rapport à la Terre) pourrait revenir des années après son départ dans le calendrier terrestre après un voyage qui n'aura duré que quelques jours pour lui.

Cependant, cet effet permet le « voyage dans le temps » seulement accéléré vers le futur. Et cela dit, même sans mouvement, nous voyageons déjà de toute façon du présent vers le futur.

Un concept des temps modernes[modifier]

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La notion de voyage dans le temps est indissolublement liée à une conception moderne du temps.

Dès les origines, c'est un procédé littéraire destiné à exposer les thèses d'un auteur sur sa vision de l'avenir. À ce point de vue, le procédé du voyage dans le temps est une variante, un aspect particulier du roman d'anticipation. Ainsi le thème du voyage dans le temps se confond, dès Herbert George Wells (La Machine à explorer le temps) avec une description de l'avenir à fort contenu politique, assez proche de celle de Jules Verne (Paris au XXe siècle), qui n'y recourt cependant pas : dès les premiers « romans scientifiques » dont le XIXe siècle sera si prolixe, anticipation et voyage dans le temps sont les deux aspects d'un même projet : décrire l'avenir, radieux ou inquiétant. Mais faire voyager le protagoniste dans le temps est un moyen commode de faire entendre en direct le point de vue contemporain, le « voyageur du temps » partageant naturellement les préjugés, les modes de pensée et les étonnements du lecteur. Ce décalage ne pouvait que tenter les romanciers par les possibilités narratives très intéressantes qu'il offrait.

Ainsi « l'explorateur du temps » de Wells, victorien et manifestement socialiste, décrit avec le recul de son temps la terrifiante société dégénérée de l'an 802701, avec maintes allusions, précisément, aux inventions apparaissant à l'époque de Wells : usines souterraines, mécanisation accélérée des villes, gratte-ciels, tours en fer, etc. Le Voyageur imprudent de René Barjavel reprend la même idée : avenir très lointain (« l'an 100 000 ») et dégénérescence biologique de l'Humanité, stupéfaction du voyageur temporel qui est, comme chez Wells, un scientifique apte à comprendre l'incompréhensible (le futur) et à l'expliquer au lecteur.

L'idée de voyage dans le temps n'apparaît qu'avec l'idée de progrès, exactement avec la science-fiction et l'anticipation. S'il va de soi pour nous que le futur est censé apporter des changements, que l'avenir existe d'un point de vue philosophique, il n'en a pas toujours été ainsi. L'idée de voyager dans le temps n'aurait pas traversé l'esprit d'un grec de l'Antiquité, par exemple, car pour les anciens le temps était cyclique. De plus les changements étaient lents et peu perceptibles à l'échelle d'une vie humaine. Ce sera la notion de progrès, d'évolution, de changement qui modifiera notre vision du temps, considéré comme divisé en passé, présent, et avenir. Ces notions existaient certes, mais le « futur » n'était pas censé avoir un intérêt en soi: c'était sur un évènement à venir précis que l'on interrogeait la Pythie à Delphes. Les Grecs ne concevaient l'avenir que comme l'accomplissement du destin, connu des dieux seuls. [réf. nécessaire] Il n'y avait donc pas de « monde futur » ou de « temps à venir » tels que nous le comprenons. Ce sont des notions indissolublement liées à l'idée d'évolution et de progrès. Idées parfaitement étrangères aux anciens et au Moyen Âge.

L'idée que l'avenir va apporter des choses suffisamment étonnantes pour produire de l'intérêt romanesque n'apparait qu'à la Renaissance. Sans être un véritable roman de science-fiction, La Nouvelle Atlantide de Francis Bacon (1561-1626), est incontestablement une sorte de roman d'anticipation sur la cité de l'avenir régie par la sagesse et la science. Certes les voyageurs ne traversent pas le temps, mais les océans. Néanmoins c'est bien une cité « future » que Bacon nous décrit, et plus tout à fait une cité « idéale » comme Platon. Bacon décrit une société parfaite réalisable par la science, donc réalisable dans l'avenir.

Ce n'est que dans la deuxième moitié du XXe siècle que, le procédé narratif du voyage dans le temps étant usé, les auteurs vont s'intéresser aux paradoxes générés par cette hypothèse. En effet, voyager dans le temps, et notamment dans le passé, cela permet de court-circuiter le destin. Celui qui voyage dans le temps plus vite que le commun des mortels connaît l'avenir et peut y parer.

De ce point de vue, ce sont essentiellement aux liens de cause à effet que la SF va s'intéresser dans cette période, avec d'innombrables possibilités. (voir plus bas : « Conséquences des modifications du passé »).

Voyage dans le sens rétrograde[modifier]

Le voyage rétrograde dans le temps semble a priori hautement improbable. Il faudrait pour cela abandonner le postulat de causalité qui veut que l'effet ait obligatoirement lieu après la cause. Il faudrait de plus admettre que le passé existe encore, et qu'il n'est donc pas réellement passé.

Si l'on renonce à ce principe, il faudra alors trouver comment le voyage dans le temps s'accommode d'actions qui risqueraient d'introduire des contradictions dans l'histoire — les fameux paradoxes temporels, largement abordés par les auteurs de science-fiction.

D'une certaine manière, dans l'hypothèse des univers parallèles, il n'y a plus ni problème avec les paradoxes ni violation de la causalité. En effet, s'il est possible de voyager de l'univers A vers l'univers B à une date antérieure, mais pas l'inverse, il suffit de convenir que les dates des deux univers soient décalées pour que la causalité soit respectée.

Une autre théorie inspirée des univers parallèles serait que l'histoire n'est pas linéaire. Un voyageur venant du futur et changeant le cours du temps n'effacerait pas la raison pour laquelle il est venu dans le passé mais effacerait la raison de venir dans le passé d'un autre univers; d'un autre "lui" puisque un nouveau choix créerait un nouvel univers.

De plus, une des preuves théoriques quasi sûre de l'impossibilité d'un tel voyage (du moins technologiquement) est le fait que nous n'ayons encore jamais reçu la visite d'un voyageur temporel. En effet, il est hautement probable que si la technique permettant le voyage rétrograde doit être découverte dans le futur, alors celui-ci sera utilisé et devrait donc avoir été observé dans le passé. Mais certaines théories Ufologues donnent à penser, a contrario, que ce serait déjà le cas. De plus, on ne peut exclure qu'un objet voyageant dans le passé pourrait s'y manifester sous forme immatérielle ou invisible (onde électromagnétique, photon, etc).

Cependant il n'est pas impossible qu'une sorte de réglementation ou encore de loi universelle (de base) oblige un utilisateur à soit ne pas pouvoir modifier le cours du temps (pour la réglementation humaine) ou à n'être que spectateur (loi universelle). De plus une "téléportation" temporelle pourrait provoquer des dommages irréversibles sur un corps vivant, empêchant tout voyage humain.

Les travaux théoriques[modifier]

Par ailleurs, en l’absence d’indices de voyage dans le temps, il n’est pas indispensable de supposer son existence. Stephen Hawking a suggéré que l’absence de touristes venant du futur constitue un argument solide contre l’existence du voyage temporel - variante du paradoxe de Fermi, les voyageurs temporels remplaçant les visiteurs extra-terrestres (voir Silverberg et son roman Les temps parallèles). Cet argument est affaibli par l'idée que certaines portes temporelles pourraient être construites, mais ne conduiraient pas le voyageur à une date antérieure à la création de la porte. Sauf à supposer qu'il existe dans l'univers des portes naturelles. On pourrait aussi apposer à cet argument que l'Humanité ait pu s'éteindre (virus, météorite...) avant d'avoir inventé le moyen de voyager dans le temps. A noter que la pensée ufologique moderne n'exclut pas le fait que les manifestations d'OVNI du XXe et XXIe siècles soient les traces de visiteurs du futur, plutôt que de visiteurs extra-terrestres, ce qui contredirait l'argument d'Hawking, tout aussi improuvable que l'inverse (pour l'instant).

Mais Hawking pense que si les lois actuelles de la physique n'interdisent pas le voyage rétrograde, il doit être possible d'en trouver une : il a énoncé un tel principe sous le nom de conjecture de protection chronologique. Hawking explique ce principe par analogie avec la thermodynamique : le premier principe n'interdisait pas de fabriquer un réfrigérateur qui fournirait de l'énergie électrique ; c'est le deuxième principe de la thermodynamique qui prononce une telle interdiction. Cette comparaison sous-entend qu'il existe peut-être une loi qui reste à découvrir et dont découle l'interdiction d'un tel voyage.

Expérimentations[modifier]

Certaines expériences réalisées au cours des dix dernières années donnent chacune l'impression d'un effet rétrograde mais sont interprétées de manière différente par la communauté scientifique.

Voici quelques exemples :

L'expérience de Marlan Scully (qui est inspirée du paradoxe EPR et nécessite l'utilisation de fentes de Young) laisse supposer qu'à l'échelle quantique une particule[1] dans le futur déterminera son passé. Cela met simplement en exergue les difficultés de qualifier la notion de temps à l'échelle quantique, mais en aucun cas cette expérience ne constitue une violation de la causalité.

L'expérience de Lijun Wang a permis d'envoyer des paquets d'ondes à travers une ampoule de césium à cX310 avec pour effet une sortie du paquet d'ondes 62 nanosecondes avant son entrée. Mais cela est simplement dû à un effet d'ultra-réfraction et ces paquets d'ondes n'étant pas des objets constitués de particules bien définies, ils ne peuvent transporter ni énergie ni information du futur vers le passé, donc, là non plus, pas de violation de la causalité.

Enfin, le programme effet STL expérimenté à l'heure actuelle par le docteur Ronald Mallett a pour but très officiel d'observer une violation de la causalité par le biais d'un neutron à travers un cristal photonique ralentissant la lumière. Le neutron réapparaîtrait dans le dispositif avant d'être désintégré. Le rapport est sorti en novembre 2006 et bénéficie du soutien de plusieurs universités des États-Unis. Mais même si cette expérience marche à l'échelle quantique, à la manière de l'expérience de Marlan Scully, on peut s'attendre à une décohérence à l'échelle macroscopique. Donc, là encore, à part à l'échelle quantique, on ne peut toujours pas parler de violation de la causalité.

Hypothèses de dispositifs permettant le voyage[modifier]

Univers de Gödel[modifier]

Article détaillé : Univers de Gödel.

Kurt Gödel a démontré que dans un univers en rotation et sans expansion, la relativité générale indique qu'un long voyage spatial peut conduire à revenir au point de départ à une date antérieure à celle du départ. Le résultat troubla Albert Einstein, qui n'imaginait pas que la relativité générale laisse la porte entrouverte à la possibilité de remonter le temps (la relativité restreinte l'interdisait). On sait par observation que l'univers ne vérifie pas les critères de Gödel (des physiciens considèrent même que parce qu'il autorise le voyage dans le temps, cet univers ne pourrait pas exister).

Trous noirs et trous de ver[modifier]

Article détaillé : Trou de ver.

La relativité générale indique qu’il existerait des configurations dans lesquelles deux trous noirs sont reliés l’un à l’autre. Une telle configuration est habituellement appelée trou de ver ou plus rarement pont d’Einstein-Rosen. De telles configurations ont beaucoup inspiré les auteurs de science-fiction car proposant un moyen de voyager très rapidement sur des grandes distances, voire voyager dans le temps. En pratique, de telles configurations, si elles sont autorisées par la relativité générale, semblent totalement irréalisables dans un contexte astrophysique où elles ne présentent de ce fait aucun intérêt majeur.

La science-fiction prend ici le relais pour décrire un avenir où l’homme saura créer des boucles temporelles et maîtriser les coordonnées d’arrivées. Cela ne contredit pas l'argument de Stephen Hawking selon lequel le voyage temporel ne se fera pas car on aurait alors eu des visites de nos descendants: une boucle temporelle ne permettrait de remonter dans le temps que jusqu’à sa création, autrement dit, créée en 2300 et utilisée en 3000, elle ne permettrait de revenir qu’en l’an 2300 et pas avant.

Le dispositif de Tipler[modifier]

Frank Tipler a proposé un montage qui autoriserait le voyage rétrograde dans le temps. Cependant le dispositif met en jeu de telles énergies qu'on peut douter de la possibilité, même théorique, de le fabriquer et surtout de le stabiliser.

Le voyage rétrograde de David Deutsch[modifier]

Il est censé selon son auteur ne pas violer la causalité : il s'agit d'une application du principe de Turing via un générateur de réalité virtuelle (un immense calculateur quantique) qui permettrait à un observateur d'avoir une interactivité avec un passé parallèle au nôtre (donc différent du nôtre… mais identique en tout point !). L'interactivité avec ce passé parallèle ne produirait pas de paradoxe temporel. Physiquement possible selon son auteur, ce type de voyage reste pour l'heure du domaine de la spéculation.

Le rêve et le voyage dans le temps[modifier]

L'ingénieur John William Dunne a soutenu dans An Experiment with Time (1927), que le rêve permettait de voyager virtuellement dans le temps : « Est-il possible que les rêves, les rêves en général, tous les rêves, les rêves de tout le monde, soient composés d'images provenant d'expériences passées et d'images d'expériences à venir, mélangées en proportions plus ou moins égales ? » Il a basé cette théorie sur une étude de ses propres rêves, dont certains furent prémonitoires : prémonition de l'éruption de la montagne Pelée, à la Martinique ou encore prémonition de l'accident du train postal Londres-Édimbourg.

J. R. R. Tolkien s'est inspiré de cette thèse dans certains de ses romans inachevés : The Lost Road (La Route perdue), et The Notion Club Papers (publiés respectivement dans les volumes 5 et 9 de The History of Middle-earth). Une étude du rapport entre la théorie de Dunne et les textes de Tolkien est présentée dans V. Flieger, A Question of Time (1997).

Œuvres de fiction et voyage dans le temps[modifier]

Les auteurs, en particulier de science-fiction, ont largement exploré de très nombreuses variantes imaginables des possibilités et problèmes produits par un tel voyage.

En raison des risques de changement des événements passés, le genre du voyage dans le temps rejoint l’uchronie dans certaines œuvres. Le steampunk, projetant le futur dans un XIXe siècle décalé, relève aussi du voyage dans le temps, mais conçu avec un retour en arrière, alors que l'uchronie est une déviation.

Problèmes que poserait un tel voyage[modifier]

La possibilité du voyage dans le temps détruit une forme forte du principe de causalité en rompant le lien entre ce qui fut et ce qui sera[2], avec un impact métaphysique dont les conséquences sont à la mesure de la plus ou moins grande facilité de ce type de voyage.

Paradoxe métapsychologique[modifier]

Le libre arbitre et la connaissance sont les deux principes métapsychologiques qui règlent nos actions et nos pensées. Nous possédons à la fois le libre arbitre et la connaissance uniquement au temps présent. D'une part, la connaissance est formée des informations sensorielles que nous fournit l'environnement et des informations réfléchies, soit celles que nous pouvons établir en «connaissance de cause». D'autre part, le libre arbitre est inhérent, car personne n'agit dans le même contexte de connaissance de cause que nous le faisons nous-mêmes. Le voyage dans le temps entraîne le paradoxe métapsychologique suivant: Un individu voyageant dans le passé n'aurait accès qu'à la connaissance, dans la mesure où il la connait, et est privé de son libre arbitre, car une autre personne a déjà agi en connaissance de cause pour le temps T-1 et la position X. Le voyageur serait infiniment contraint dans ses actions, ce serait un humain-machine. D'autre part, un individu voyageant dans le futur ne possèderait que son libre arbitre, mais n'aurait pas accès à la connaissance, car celle-ci n'existerait pas encore dans la noosphère. Toute action serait alors futile, car le libre arbitre ne s'effectue pas sans connaissance de cause. Nous avons démontré le paradoxe métapsychologique selon lequel le libre arbitre et la connaissance ne sont disponibles et vérifiables qu'au temps présent et disparaissent de manière inhérente aux temps T-1 et T+1 respectivement.[réf. nécessaire]

Violation des principes physiques[modifier]

Par essence, le voyage dans le temps entraîne la violation de la plupart des principes de conservation connus (si l’on considère l’univers comme un système isolé) : masse, énergie, charge, etc.

Par exemple, imaginons que vous soyez dans une machine à remonter le temps et qu'un témoin vous observe : vous l'utilisez pour revenir dans le passé, et la seconde suivante le témoin constate que la masse constituant la machine, ainsi que ses passagers, a disparu. Et comme elle est actuellement censée être dans le passé, on en déduit qu'elle a disparu de l'univers à cet instant précis, ce qui viole le principe de conservation de la masse.

Ces problèmes sont résolus dans l'hypothèse des univers parallèles. La conservation se fait à l'échelle du multivers. Et également dans le cas où il y aurait échange de matière ou d'énergie entre les deux époques.[réf. nécessaire]

Conséquences des modifications du passé[modifier]

Les auteurs traditionnels de science fiction (Isaac Asimov dans La Fin de l'Éternité et Poul Anderson dans La Patrouille du temps) considèrent non seulement qu'une modification faible du passé aura peu de conséquences sur les siècles suivants, mais aussi que plus on s'éloigne de l'événement modifié, plus les conséquences s'estompent. Au contraire, les auteurs récents (surtout écrivant pour les enfants) insistent souvent sur l'effet papillon qui rend selon eux extrêmement périlleux pour l'humanité tout entière tout voyage vers des périodes très reculées de l'histoire de la Terre (Chris Archer dans Haute tension ou K. A. Applegate dans Animorphs, ou la nouvelle Un coup de tonnerre de Ray Bradbury).

Dans La Patrouille du temps de Poul Anderson, le professeur de voyage dans le temps donne l'argumentation suivante : un mouton faisant partie d'un bon troupeau il y a 500 ans peut être un aïeul de tous les moutons élevés actuellement dans un pays. Est-ce qu'en tuant ce mouton on provoquerait l'extinction de tous les moutons du pays ? Au contraire, il y aurait autant de moutons, à une différence dans leur code génétique près, devenue insignifiante au fil des générations. L'auteur explique à travers son œuvre que le tissu temporel s'auto-régulerait en réparant de lui-même les coupures effectuées par les voyageurs temporels. En revanche, certains évènements sont considérés comme clés dans l'évolution de l'univers et ne doivent pas être modifiés. De plus, il peut y avoir discontinuité du tissu temporel et les lois de la causalité et de la conservation peuvent être, en théorie, violées.

D'autres auteurs permettent à leurs personnages de voyager dans le temps tout en leur rendant impossible de changer le passé. C'est le cas de H. G. Wells dans La Machine à explorer le temps, et c'est aussi une solution pour résoudre les paradoxes.

À partir de quand le présent est-il affecté ?[modifier]

On trouve des histoires de science-fiction dans lesquelles, quand un voyageur temporel cherche à modifier radicalement le passé, ceux qui sont restés dans l'époque d'où vient ce voyageur disposent paradoxalement d'un délai pour envoyer des poursuivants. Ainsi dans l'album de Valérian et Laureline La Cité des eaux mouvantes, quand le criminel Xombul rejoint le passé, il a l'intention de provoquer des changements qui provoqueraient la non-existence de Galaxity. En voyageant vers l'époque concernée, les héros parviennent à empêcher un changement majeur du passé.

Dans La Fin de l'Éternité d'Isaac Asimov, les raisons d'une telle persistance sont mieux explicitées : un spécialiste explique que même si l'envoi d'une personne dans le passé peut provoquer un accident conduisant à la non-existence du service temporel, celui-ci continue à exister tant que leurs actions donnent une forte probabilité à la réparation de l'accident.

On trouve aussi des histoires dans lesquelles certains personnages peuvent être protégées contre les modifications du passé. Dans Valerian, trois terriens existent toujours malgré l'effacement de la Terre : Valerian et Laureline, qui ont obtenu cette faveur de « Dieu », et Jal, qui était en mission aux frontières de l'univers (et donc « hors de portée ») au moment de l'effacement. De même, dans le dessin animé La Ligue des justiciers, dans l'épisode « Le Règne de Savage  », le champ d'énergie de Green Lantern permet aux héros de ne pas être touchés par la vague de modification du présent. Si tous les habitants de l'univers trouvent normal de vivre dans un monde dominé par les nazis, les héros gardent leurs souvenirs du monde réel et n'en acquièrent pas d'autres ; ils devinent donc qu'un voyageur temporel a dû modifier le cours de la Seconde Guerre mondiale.

Les paradoxes temporels[modifier]

Article détaillé : Paradoxe temporel.

Les paradoxes temporels sont des situations autocontradictoires (paradoxe du grand-père: que se passerait-t-il si j’essayais de revenir dans le passé et que je tuais mon grand-père ? - exemple dû au romancier René Barjavel en 1943 dans Le Voyageur imprudent) ou au contraire sans cause extérieure à eux-mêmes (paradoxe de l'écrivain) rendues possibles par le voyage dans le temps. En science-fiction, on ne cherche pas forcément à les résoudre, mais on peut le faire en faisant intervenir un univers parallèle, en donnant aux voyageurs la responsabilité d'éviter de telles situations (et puisque ils sont dans cette situations c'est qu'ils ont réussi à s'en sortir en faisant ce qu'il faut, ce qui rejoint la position de Descartes sur Dieu qui ne contredit pas lui-même), ou encore en postulant que l'histoire est figée, ce qui impose de maintenir une histoire globale cohérente (absence de situations autocontradictoires, il n'y a que des situations autoréalisatrices - mais qui peuvent avoir plusieurs solutions différentes dans des univers parallèles) .

Se rencontrer soi-même (Les doubles/clones temporels)[modifier]

Se rencontrer soi-même en voyageant dans le temps est une possibilité théorique (si le voyage dans le sens rétrograde est possible) qui n'est pas un paradoxe en soi. Cependant plusieurs auteurs ont souligné l'aspect déroutant que cela aurait pour les personnages, et aussi à quel point une telle situation est fascinante.

Dans Le Voyageur imprudent, de René Barjavel, l'explorateur temporel Pierre Saint-Menoux se rencontre lui même par l'effet d'un saut très court de quelques heures dans le futur. L'étrangeté de la situation se double d'un terrible problème : qui va repartir dans le passé ? Ces deux êtres sont plus que des jumeaux et seule une légère différence dans leur mémoire permet de les distinguer : l'un est plus vieux de quelques heures.

Dans La Fin de l'Éternité, un des membres du conseil est fasciné par cette problématique. Dans le film L'Armée des douze singes, un enfant observe la scène de sa mort. Dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, on apprend que de nombreux voyageurs temporels se sont tués eux-mêmes. Dans Retour vers le Futur, la destruction de l'univers par les violations de lois physiques sont évoqués par le Doc mais un simple malaise suit la rencontre des deux Jennifer et rien ne se passe lorsque Biff se rencontre plus jeune en 1955. Ce principe de violations des lois physiques est repris dans le film Timecop, selon lequel, si une personne touche son double du passé ou du futur, une violente réaction transforme les deux personnes en amas de chair qui se désintègre ensuite. Le film Les Visiteurs proposent une variante où un objet ancien transporté dans le présent, et qui s'approcherait à moins de 100 mètres de son double actuel, engendrait de violentes réactions météorologiques, ainsi qu'une explosion où les deux objets fusionneraient en un seul.

D'autres auteurs ne voient aucun problème à une telle rencontre. Sonic pour sa part a l'idée de se rendre à différentes époques auxquelles il avait déjà voyagé pour se rencontrer lui-même jusqu'à réunir un groupe de cinq Sonic et cinq Tails pour combattre un Robotnik géant, dans l'épisode Histoire de préhistoire de la série Les Aventures de Sonic[3].

De la même façon, Doraemon, pour pouvoir faire les devoirs de son ami en un temps très court et dormir longtemps ensuite, a l'idée d'aller se chercher lui-même à cinq moments différents de la nuit à venir. Les devoirs sont faits rapidement mais Doraemon ne pourra pas dormir une minute car il se fera chercher par ses doubles du passé tout au long de la nuit.

Dans le jeu vidéo InFAMOUS, le personnage que Cole MacGrath combat, Kessler, n'est autre que son double bien plus agé que lui, qui "a utilisé son nouveau pouvoir dévastateur afin de prendre un aller simple pour le passé, voulant à tout prix réécrire l'histoire". Kessler, sans jamais décliner son identité, fait de Cole (son jeune lui), le sauveur de l'humanité que lui-même n'a pas pu devenir. Il modifie donc la vie de Cole afin d'éviter qu'elle ne devienne la sienne, principalement en tuant la femme qu'il aime. Le contact physique entre Kessler et Cole résulte de la vision d'images de la mémoire (plus grande, de par sa plus longue vie) de Kessler.

Dans le jeu vidéo Prince of Persia : l'Ame du Guerrier, le Prince rencontre sur l'Ile du Temps plusieurs fois son double venant du futur (qui arbore une apparence physique méconnaissable grâce au Masque du Revenant). Cependant, "l'homme en noir" reste pour lui un mystère, étant donné qu'il n'a pu que l'apercevoir plusieurs fois de manière furtive seulement, sans dialogue ni contact. Il comprend alors tout lorsqu'il se voit obligé de porter le Masque du Revenant afin de sauver sa vie en changeant son passé, devenant alors lui-même "l'homme en noir". On remarque qu'il se comportera exactement de la même façon qu'il avait vu son double le faire, plus ou moins involontairement. Il est donc impuissant face au Destin qui lui a été tracé, mais en est l'auteur. Il s'autoinfluence. Il ne modifiera qu'un seul évènement, qui n'est autre que la mort de son double, alors que Prince, il avait vu mourir "l'homme en noir". Il retrouve à ce moment son apparence originelle.

Conjugaison[modifier]

Le Guide du voyageur galactique, de Douglas Adams, souligne que conjuguer correctement un verbe décrivant un voyage dans le temps est un problème bien pire que les paradoxes temporels. Par exemple, quand on vient de faire un saut dans le passé, il faut disposer d'un temps grammatical décrivant un événement à venir dans le temps de l'univers, déjà réalisé dans son temps propre. Dans l'univers d'Adams, de nombreux temps ont été inventés pour pallier ce problème.

Références[modifier]

  1. Léger abus de langage, il est vrai, car stricto sensu on ne peut réellement parler de l'existence d'une particule avant sa détection
  2. http://www.unites.uqam.ca/philo/pdf/Robillard,_M__2009.pdf [archive]
  3. http://www.bcdb.com/cartoon/32577-Prehistoric_Sonic.html [archive]

Voir aussi[modifier]

Liens externes[modifier]



12/08/2011
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