Le sociologue face au phénomène OVNI
Le sociologue face au phénomène OVNI
(I
Que faut-il penser du phénomène OVNI, non seulement des rencontres rapprochées mais également des abductions, ces soi-disant enlèvements par des êtres extraterrestres ?
Si les OVNI représentent aujourd'hui un véritable défi d'un point de vue scientifique, peut-on rigoureusement croire les témoins et imaginer que des êtres extraterrestres nous rendent régulièrement visite ? La question est posée depuis plus d'un siècle et n’a toujours pas reçu de réponse définitive. C'est toute cette problématique que nous allons essayer d'éclaircir en analysant ce phénomène de société du point de vue sociologique car il est révélateur de bien des influences.
En 1966, à la demande de la Commission Condon, un sondage Gallup fut effectué dans la population américaine à propos des OVNI. Largement ignoré en Europe, ce rapport mérite une deuxième lecture car il est intéressant sur le plan sociologique et permet de tester empiriquement certaines idées théoriques que nous allons explorer[1] car la plupart d'entre elles peuvent encore s'appliquer de nos jours.
Selon le sociologue Donald I.Warren, "les observations d'OVNI, bien que largement répandues autour du monde, peuvent être décrites à partir du contexte social de chaque individu". Ainsi, en page 212 du rapport Condon, on apprend ceci :
- 96% des Américains ont entendu parlé des soucoupes volantes
- 34% des gens pensent que d’autres êtres nous ressemblant quelque peu vivent ailleurs dans l’univers
- 5% de la population prétend avoir vu une soucoupe volante
- 48% environ de la population croit que les OVNI sont réels (43% d’hommes et 52% de femmes)
- Les gens ayant reçu une meilleure éducation ont plus de chances d'avoir entendu parlé des soucoupes volantes
- Les témoins d'OVNI ne diffèrent pas des autres personnes, tant du point de vue de l'éducation, de la région du pays, de l'âge ou du sexe.
Une analyse plus fine permet de découvrir que les révélations généralement peu intéressantes faites dans le rapport Condon sont remplacées par un principe général expliquant les observations d'OVNI en termes sociologiques.
|
Pour expliquer toutes ces manifestations en termes sociologiques, il faut avant tout développer une théorie sociologique testable et plausible. Il faut définir ce que Carl Jung appelait un "archétype social", une tendance générale que l'on retrouve non seulement dans la population prise dans sa globalité mais également chez chaque individu de la société. L'analyse vise ainsi à mettre en évidence un lien entre trois variables :
(1) une condition sociale de discontinuité du statut de l'individu qui donnerait naissance à
(2) un état psychologique de marginalité, d'où résulterait
(3) une forme d'aliénation individuelle qui s'exprimerait sous la forme d'un rejet partiel de sa propre position sociale et d'un rejet de l'évaluation faite par la société. Il incombe dès lors à l'individu de rechercher ses marques et de définir lui-même sa propre place dans le monde.
Sociologiquement, les individus sont "classés" socialement dans la société. Les critères sont multiples et quelques uns gardent encore une dépendance raciste. Ces critères représentent la stratification de la société industrielle et sont basés sur une série de statuts "hiérarchiques" ou d'"achèvements" de l'individu tels que les revenus, l'éducation, le sexe, la race ou l'âge. La place de chacun au sein de ces différents indicateurs détermine un statut dit en "porte-à-faux" d'une classe sociale. Cette évaluation met en évidence une série d'interactions entre ces différents critères qui peuvent rapidement désorganiser les individus.
L'existence même de ce statut peut-être analysée séparément des effets qu'il produit sur les individus, dont les conséquences essentielles sont :
- Le manque de réactions comportementales prédictibles de la part des autres personnes avec lesquelles l'individu interagit (l'individu étant habitué à reconnaître les réactions de sa famille et de ses relations).
- Un stress psychologique à devoir anticiper les normes associées aux différents statuts.
|
Le concept de marginalité représente la place sociopsychologique du statut de l'individu. Ainsi, il faut avouer que trop souvent encore une femme ingénieur possède simultanément deux statuts sociaux incompatibles : être femme et disposer du statut d'expert technique. Le résultat est une ségrégation qui l'exclut partiellement des deux mondes. Un problème similaire se produit chez l'homme ou la femme célibataire, marginalisé par le fait qu'il ou elle n'a pas fondé de foyer, chez les travailleurs noirs engagés dans des multinationales implantées en d'Afrique du sud ou dans toute une série de professions dominées par un groupe d’individus différents de la moyenne de la population (hommes noirs parmi les blancs, main d'oeuvre étrangère, emploi temporaire, etc). Ces individus marginalisés ne possèdent pas le même statut d'achèvement que la moyenne de la population. Les conséquences psychologiques de cette marginalité conduisent à ce qu'on appelle une "dissonance cognitive"[2] .
L'individu ne se comportant pas comme on s'attend à ce qu'une personne se comporte dans cette situation, une pression s'exerce sur lui afin qu'il redéfinisse ses marques. L'alternative consiste, soit à modifier l'information qu'il donne aux autres de sa personne ou altérer le système d'évaluation qui présente ce dilemme. La deuxième solution est dominante, l'individu préférant modifier légèrement le système social à son avantage.
Si cette théorie s’appliquait en 1966, on constate qu’aujourd’hui elle est toujours valable et s’applique à toutes les classes sociales, du cadre supérieur féminin au chômeur perdant espoir de trouver un emploi.
Ce porte-à-faux produit une série d'aliénations sociales qui se reflètent dans les sensations qu'éprouve l'individu : manque de dynamisme, inadaptation, comportement anormal, isolement, culpabilité, sentiment d'infériorité (sous-estimation de soi), etc. Chaque facette de cette aliénation sociale peut se développer jusqu'à différents degrés, mais il est important de constater que ces sensations ne sont pas liées au hasard.
Appliqué au phénomène OVNI, on constate qu’il s’établit une relation entre la condition sociale d'aliénation et son expression individuelle. Non seulement l'individu peut rejeter à ce sujet des conventions acceptées par la société, mais l'ambiguïté du phénomène permet de le considérer comme une expression personnelle du statut de l'individu.
Le Dr D.Warren suggère ainsi que "les observations d'OVNI sont liées au statut de frustration et, tout spécialement, au statut de privation relatif à la place de chacun sur l'échelle sociale". Dans les meilleurs cas, ce sentiment peut déboucher sur l'apparition de nouvelles "expériences", offrant à l'individu de nouveaux moyens de communications qui lui permettront d'asseoir sa place dans la société. Mais en général le porte-à-faux conduit à un sentiment défaitiste, de retrait et d'isolement vis-à-vis des changements de la société. C'est en ce sens que les OVNI sont considérés comme l'une des échappatoires possibles vers des situations non réalisées et peut-être irréalisables.
L'une des expressions de ce mécanisme d'évasion est la possibilité qu'il puisse exister d'autres êtres semblables ou différents de nous, ailleurs dans l'univers.
Le sondage Gallup de 1966 permit justement de tester empiriquement ces idées. L'échantillon représentait 3392 adultes de 21 ans et plus appartenant à différentes catégories sociales. L'idée était de découvrir si les 5% de personnes ayant vu des OVNI, soit 6 millions d'américains à cette époque, avaient plus de chance de confirmer la théorie du porte-à-faux que les autres personnes. L'analyse statistique démontra qu'il existait effectivement une relation entre le niveau social de l'individu et les observations d'OVNI. Ainsi 11.1% des témoins d'OVNI appartenaient à une catégorie sociale dans laquelle deux critères parmi les trois analysés (revenus, éducation et profession) étaient égaux, mais dont le troisième était au plus bas de l'échelle sociale, alors qu'il n'y avait que 2.3 % de notifications d'OVNI chez les personnes "non marginalisées". En fait ces 11.1% avaient des revenus très inférieurs à ce qu'ils attendaient sur base de leur niveau d'éducation et de leur profession. 20% des personnes ayant des revenus modérés (entre $5000 et $9999) et ayant reçu une très bonne éducation avaient également observé des OVNI alors que 1.2% des personnes "non marginales" de cette catégorie en avaient vu. Les personnes de races blanches, peu éduquées mais ayant les mêmes revenus observaient 5 fois moins d'OVNI. La différence est encore plus prononcée chez les hommes ayant entamé des études supérieures disposant de revenus modérés. 22.6% d'entre eux avaient été témoins d'OVNI contre 3.2% chez les personnes "non marginales" : "En d'autres mots conclut Warren, ce n'est pas le faible revenu seul, mais le revenu associé à une éducation ou un statut professionnel moyen ou élevé qui provoque les notifications d'OVNI".
Il est toutefois apparu au cours de l'enquête que l'attitude des femmes apportait un facteur de biais dont il fallait tenir compte. Ainsi, les enquêteurs découvrirent que les femmes au foyer considéraient les revenus et la profession de leur époux, alors que les femmes travaillant considéraient évidemment uniquement leurs propres revenus et position sociale. La question était donc de savoir si toutes les femmes avaient évalué leur statut de la même manière. En fait, lorsque les femmes et les noirs furent inclus dans l'analyse, à la question "Avez-vous observé quelque chose que vous pensiez être un OVNI ?", il y avait plus de témoins chez les individus "non marginalisés" que chez les autres (5.9 contre 5.4%), ce qui était en désaccord avec la théorie de Warren. Sans avoir pu approfondir la question, Warren considère toutefois que les femmes, en tant que groupe, se situent dans une position marginale, séparée du statut économique de leur mari.
Les valeurs, les normes culturelles et les demandes fortement qualifiées de la société industrielle ont donné naissance à des ambiguïtés et des anomalies dans le rôle des femmes que Warren définit comme étant "une marginalité par excellence".
L'analyse révéla également que quel que soit le statut social, deux fois plus de femmes que d'hommes observaient des OVNI. Nous avons vu précédemment que selon Ruppelt 66% des observations d'OVNI étaient notifiées par des femmes mais que 10% seulement subsistaient après enquête. L'analyse de Warren révéla également l'influence de la race sur l'observation des OVNI.
Ainsi les noirs présentaient à toute évidence un statut de marginalité dans la société américaine, à dominante blanche et raciste. Sur 50 hommes blancs interrogés, à la question de savoir : "Que sont les soucoupes volantes?", plus d'un quart (28.6%) des témoins fortement en porte-à-faux et 17.4% des témoins l'étant modérément pensaient qu'il s'agissait de véhicules extraterrestres. Aucun des témoins "non marginalisés" ne proposa cette réponse. Tous groupes confondus, 84% des témoins pensaient qu'il s'agissait de ballons, d'avions expérimentaux, de mirage, de météores, etc, et rejetaient l'hypothèse extraterrestre.
Il s’avère enfin que les personnes âgées croient moins que les jeunes que les OVNI proviennent d’une autre planète. Les jeunes croient également plus que les adultes au fait qu’il y a une désinformation.
Warren conclut objectivement : "L'utilité de la sociologie comme base pouvant expliquer ces phénomènes, présumés du ressort des sciences physiques, a été démontrée. Aucune donnée ne rejette la possibilité que quelques individus ont, en fait, observés des objets issus d'un autre système solaire ou que toutes les observations soient des phénomènes terrestres mal interprétés. La science empirique, la sociologie en particulier, ne se considère pas comme l'ultime vérité".
Un phénomène sous influences (II)
En analysant l'influence de la culture, on constate que le profil des notifications d'OVNI ou des extraterrestres illustre parfaitement les craintes et les espoirs de nos sociétés. De façon indirecte, la science, la technologie, les ouvrages sacrés, les oeuvres artistiques (romans de science-fiction, illustrations, films, jouets, etc) et le cautionnement involontaire des médias colportent des thèmes en relation avec l'ufologie qui constituent une base de données inconsciente pouvant influencer les témoins.
Non seulement nous allons découvrir que ces informations influencent les "contactés" mais également Monsieur Tout-le-Monde qui observe un jour, à l'improviste, un OVNI.
Ce n'est pas par hasard si ces histoires farfelues sont apparues durant les années 1950, en pleine Guerre froide, alors que la société ressentait avec anxiété les prémices d'une guerre mondiale atomique. On retrouve des témoignages identiques à notre époque, alors que notre société est en proie à des crises politiques, économiques et sociales que l'on croyait exorcisées.
Sociologiquement parlant, certaines notifications d’OVNI sont, faut-il le rappeler, des contes farfelus. Ils reflètent la fragilité de la société humaine, une association d'hommes et de femmes perdus dans un monde à la fois épris de valeurs universelles et contraints de survivre en communauté dans une société technique, âpre au gain et élitiste, avec tous les dérapages que ce "progrès" et cette socialisation suscitent.
Le manque de repères stables et la banalisation des découvertes ont également conduit certaines personnes à compenser cette angoisse en transformant leurs aspirations en un appel mystique, métaphysique capable de s'emparer des plus grands esprits. Elles se réfèrent à des principes universels, sous-tendus ou non par des motivations lucratives.
Ces caractéristiques ne sont pas particulières aux pays occidentaux. Le problème OVNI se répercute dans tous ses détails en Amérique latine, en Afrique, dans les pays de l'Est, au Proche-Orient, en Extrême-Orient, en Asie et même en Océanie. Dans des conditions sociales précaires, il n'est pas étonnant que certains recourent à l'ultime solution et en appellent aux forces surnaturelles, aux croyances aux OVNI et aux êtres supérieurs.
Les principes directeurs qui guident ces personnes peuvent se résumer à une sorte de pari Pascalien : agir ou subir. Si la majorité des gens croient aujourd'hui que les extraterrestres peuvent potentiellement exister, certains se sentent obligés de croire que leur existence est une réalité au risque de devoir redéfinir leur conception du monde au sens large. Philosophiquement parlant, cette possibilité est très motivante et plus d'un scientifique passionnés par le sujet avouent que cette possibilité de rencontre a initialisé leur démarche, rapidement contrariée par la rigueur de leur méthode.
L'influence des textes sacrés
Parallèlement aux notifications réellement énigmatiques, on trouve une exploitation quasi religieuse du phénomène OVNI. Les visiteurs extraterrestres sont souvent considérés comme des prêcheurs de bonne parole, apportant aux Terriens un message d'allégresse, d'espoir ou de prudence dans un monde corrompu, prêt à se détruire, sans valeur morale, etc.
Les textes sacrés offrent ici tout l'éventail des arguments pour satisfaire les adeptes des spéculations extraterrestres, à l'écart de toute caution officielle. Nous pouvons puiser dans la mythologie latine ou africaine, la gnose, l'Ecriture Sainte, les textes sacrés du Moyen-Orient, le Tao, les textes sanskrits, les soutra indiennes ou les récits du Temps des rêves des aborigènes d’Australie. Toutes ces sources sont riches de paraboles et d'allusions mystiques.
Selon Aristote, le diable grec par exemple, le daimon, servait d'intermédiaire entre Dieu et les hommes, au point d'habiter à deux pas, sur la Lune.
Socrate d'ailleurs discutait avec lui. Mais ne souriez pas; un peu plus tard on retrouve le diabolos grec à la cour de Yahvé. Bien que "tombé du ciel", Satan restait un ange, même s'il était déchu.
Les textes bibliques relatent des événements plus énigmatiques. Dans l'Ancien Testament Ezéchiel[3] (VIe.s. av. JC) donne une description de l'apparition de l'Eternel : "Je regardai, et voici, il vint du septentrion un vent impétueux, une grosse nuée, et une gerbe de feu, qui répandait de tous côtés une lumière éclatante, au centre de laquelle brillait comme de l'airain poli, sortant du milieu du feu".
Consulter la Bible en ligne - Le Coran en ligne
Institute For Biblical and Scientific Studies
Le Deutéronome[4] qui est un texte de lois civiles et religieuses rédigé vers 622 av. JC précise la vision de Moïse : "Et l'Eternel apparut dans la tente, dans une colonne de nuées; et la colonne de nuée s'arrêta à l'entrée de la tente". Le lecteur pourra essayer d'interpréter la "gloire de Dieu". Il constatera rapidement l'influence de sa culture et des médias.
Pour donner plus de vraisemblance au récit et donner corps aux êtres célestes, Josué[5] fit porter l'épée à son Dieu, lui faisant subir les affres de la guerre : "Josué, et tout Israël avec lui, passa de Makkéda à Libna, et il attaqua Libna. L'Eternel la livra aussi, avec son roi, entre les mains d'Israël, et la frappa du tranchant de l'épée". Enfin, pour punir les infidèles, les anges de la Genèse[6] n'ont pas hésité à détruire Sodome et Gomorrhe malgré l'intercession d'Abraham : "Alors l'Eternel fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, de par l'Eternel. Il détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre". Une fois encore, le mystique invoquera une malédiction divine ou une intervention extraterrestre.
La région du Mont Sodome en Israël. Document P.Leflon. |
Ces souvenirs mystiques de visions divines, de malédictions ou de guerres entre les dieux et les hommes sont des thèmes récurrents souvent exploités par les sectes, quelques unes étant armées. Or, ainsi que nous l'avons dit à propos des récits historiques, rien ne vient appuyer leurs thèses, au contraire.
Au premier abord la Bible véhicule de nombreux textes mystérieux. A côtés des nombreux textes mythiques reconnus, une analyse socio-historique et géologique permet d’élucider la plupart des autres récits. Prenons par exemple les villes de Sodome et Gomorrhe soi-disant détruites par un phénomène surnaturel, une intervention divine.
En réalité la région de la Mer morte se trouve sur une importante faille géologique et on trouve dans le désert les preuves du déplacement de l'écorce terrestre. Un tremblement de terre peut expliquer la destruction de ces deux villes sans qu'il faille rechercher une explication surnaturelle.
Les exégètes et les scientifiques reconnaissent que les textes bibliques peuvent aussi être interprétés à plusieurs niveaux[7]. Tous ceux qui ont étudié la Bible savent qu'à cette époque, dans tout le Proche-Orient le "miracle" était considéré comme une figure de style plutôt qu'une réalité, comme aujourd'hui la métaphore ou l'analogie peut éclairer son sujet. Toutefois, les preuves historiques et matérielles nous manquent encore pour étayer tous les comptes-rendus bibliques. Et si même nous découvrions un jour des extraterrestres, certains exégètes modernes considèrent que leur existence ne serait pas exclue par le message du Christ, la Révélation n'excluant nullement l'existence d'autres formes intelligentes dans l'univers.
A lire : Les altérations dans la Bible
Fidèles et convertis ont également trouvé dans la gnose et les autres textes ésotériques une appréciable approbation de leur fidélité à leur gourou, interprétation sacrée quelquefois confirmée par le sacrifice charnel des femmes. Ainsi la Genèse[8] décrit la corruption du genre humain : "Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans l'antiquité. L'Eternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur coeur se portaient chaque jour uniquement vers le mal... Et l'Eternel dit : J'exterminerai de la face de la terre l'homme que j'ai créé, depuis l'homme jusqu'au bétail, aux reptiles et aux oiseaux du ciel; car je me repens de les avoir faits". Ainsi que nous le savons de tristes échos, cette séduction suivie d'une action purificatrice s'accordent parfaitement avec les messages que certaines sectes diffusent.
Le thème du surhomme né d'une mère humaine est fréquemment utilisé dans la littérature sacrée. Géant ou normal, séparé des hommes ou vivant parmi eux, il est doté de pouvoirs surnaturels. Dans l’interprétation des Pères de l’Eglise, le Christ est un exemple célèbre.
|
Concrètement, ce rapport au surhomme a véhiculé une rumeur bien terrienne. Vyacheslav Zaitsev relata il y a quelques décennies dans un magazine[9] russe imprimé en Finlande qu’un archéologue chinois aurait trouvé en 1938 dans les cavernes du massif de Bayan Khara Ula, dans l'Himalaya non loin du Tibet, un total de 716 disques de granite de 30 à 50 cm de diamètre portant des sillons spiroïdaux analogues à ceux que porte un disque de vinyle. Ils auraient appartenu à un peuple venu de l’espace. Cette découverte choqua à ce point les scientifiques de l’Académie de Préhistoire de Pékin qu’ils refusèrent de publier les travaux des quatre archéologues. Ce n’est qu’en 1965 qu’ils reçurent l’autorisation de publier un article portant pour titre : “Groove Writing relating to Spaceships which, as Recorded on the Disks, existed 12,000 Years Ago”[10]. On comprend l’attitude des autorités.
Les peuplades troglodytes habitant cette région, les Dropa et les Ham semblaient présenter des aptitudes physiques et mentales hors du commun. Les légendes chinoises parlèrent de petits hommes maigres hauts d’environ 1.20m au faciès jaunâtre venus des nuages il y a longtemps. Ils présentaient une énorme tête, un corps grêle et étaient si laids que des “hommes sur des chevaux rapides” les ont traqués. En fait les archéologues chinois découvrirent dans les cavernes de Bayan Khara Ula des vestiges de squelettes d’aspect humain remontant à 12000 ans présentant un énorme crâne et un squelette sous-développé. Les parois internes des grottes étaient couvertes en de nombreux endroits de peintures représentant le lever du Soleil, la Lune et les étoiles, séparés par des lignes pointillées. La rumeur raconta qu'il s'agissait des descendants d'extraterrestres.
|
Les sillons analysés sur les disques comportaient des symboles et des hiéroglyphes mais écrits si petits qu'il fallait une loupe pour les lire. Le Dr Tsum Um Nui les auraient traduit ainsi : “Les Dropas sont descendus des nuages dans leurs planeurs. Nos hommes, nos femmes et nos enfants se sont cachés dans les grottes dix fois avant le lever du Soleil. Quand finalement ils comprirent le langage signé des Dropas, ils réalisèrent que les nouveaux arrivants avaient des intentions pacifiques...”. D’autres hiéroglyphes disaient combien ces êtres regrettaient d’avoir perdu leurs vaisseaux suite à cet atterrissage périlleux dans les montagnes, et devant l’échec de la tribu quand elle tenta d’en construire de nouveaux. Les disques furent expédiés à Moscou pour analyses. Les scientifiques découvrirent qu’ils étaient constitués de cobalt et d’autres métaux. Ils étaient capables de vibrer à une fréquence inhabituelle lorsqu’on les chargeait d’électricité. Pour certains chercheurs ces disques faisaient partie d’un circuit électrique.
Si la science se décide à étudier le sujet rigoureusement, nous connaîtrons peut-être un jour la solution de l’énigme. Elle présente toutefois tous les indices d’une mise en scène comme certains pseudoscientifiques le pratiquaient si bien au début du siècle dernier. Que cette histoire soit véridique ou de pure invention, le fait que cette tribu des Ham ait existé suffit à prendre ce récit en considération, ne fut-ce que sur le plan paléo-ethnologique.
Dans la philosophie bouddhique, les récits épiques du Mahâbhârata ou la soutra Samarangana (ou Samar)[11] font aussi explicitement référence aux moyens extraordinaires dont disposaient les hommes, il y a plusieurs millénaires. Les récits sanskrits Mamusa citent par exemple des "vimanas", que certains ufologues considèrent comme des "soucoupes volantes". Elles sont décrites comme étaient faites d'un alliage léger, le fer, le cuivre et le plomb entrant également dans leur construction. Elles avaient un corps parfaitement proportionné, etc. Elles pouvaient évoluer dans l'air et monter dans les régions solaires (Suryamandala) et stellaires (Nakstramandala), propulsées par "du feu et du mercure dans le fond". On apprend ainsi, à travers 230 strophes, qu' "au moyen de ces machines, les êtres humains peuvent voler dans les airs et des êtres célestes descendre sur terre".
A consulter : Les textes sanskrits tirés du Mahâbhârata (Neurom)
Les textes sacrés, dont Hindous, en ligne
Le Mahâbhârata va plus loin encore. Il stipule que le dieu Aswatthaman lança une arme appelée "Agneya" qui jeta un projectile dans l'atmosphère, faisant tomber du sang et tuant toutes les créatures vivantes. L'eau se mit à bouillir, les arbres furent détruit par l'incendie, les chevaux et les chars furent brûlés par la force de cette arme. Le dieu Shiva inventa une arme plus redoutable encore, la “Pasupata”, capable d’anéantir toute vie à la surface de la Terre. Cette arme de destruction pouvait être lancée “avec une très faible lumière, ... à la main, avec la parole ou avec la pensée”. Antérieurement, le Mausala Parva rapporte que par une arme analogue tous les êtres des races de Vrishni et d'Andhaka furent réduits en cendres. Le roi en fut si atterré qu'il réduisit le tonnerre en poudre et le jeta à la mer... Heureusement, une fois encore Krishna sauva la Terre.
Tous ces textes épiques ou sacrés sous-entendent qu'un peu partout et à toutes les époques, les hommes côtoyaient des êtres se déplaçant dans des véhicules volants et disposant d'une arme fatale. Quel peuple pouvait donc disposer de cette technologie, si ce n'est un peuple extraterrestre supérieur... Quelle que soit la secte, si l'interlocuteur est bien préparé, endoctriné même, ce genre d'interprétation pourra lui être proposée avec succès.
Toute personne critique devrait toutefois faire preuve d'un peu plus de rigueur dans son analyse et devrait remettre ce point de vue en question. En effet, on peut à juste titre s’interroger sur les niveaux intellectuel et technologique atteints par ces sociétés, leur intérêt pour le surnaturel, les problèmes sociaux existants, la raison et la fréquence des conflits armés, l’état géologique et climatologique des lieux, etc. Et par un étrange retournement de circonstance, on constatera vraisemblablement que ces récits ne font que représenter de manière folklorique ou allégorique des guerres tribales, des mythes voire même des catastrophes naturelles dont la mémoire collective a perdu la trace.
Car il faut bien se dire que si des extraterrestres ont réellement côtoyé ces populations durant de longues périodes, les écrivains publics, les artistes, les artisans, les architectes et les autorités locales auraient certainement consignés ces faits d’une manière ou d’une autre, sur papier, dans la pierre ou en façonnant des objets à leur image. Rrien de tout cela n’existe et les seules traces alléguées que nous possédons sont de soi-disant artefacts et quelques gravures peu convaincantes dignes d’un faussaire ainsi qu’une littérature mystique très peu crédible.
L'exploitation commerciale du phénomène OVNI (III)
A leur tour, la littérature, le cinéma de fiction et le marketing débridé ont exploité le filon extraterrestre, délaissant les fantômes et autres Frankenstein, entités ou êtres que la science refusait d'approcher. Suite à la découverte des "canaux" martiens à la fin du XIXeme siècle par les astronomes Schiaparelli et Lowell [12] et les vagues successives de "soucoupes volantes", des auteurs, des scénaristes et d'habiles commerçants ont profité de l'intérêt du public envers les petits hommes verts pour explorer et tirer profit de ce nouveau monde peuplé de Martiens. Tout commença avec les romans à deux sous et les fanzines.
1. Les romans et les bandes dessinées
La littérature[13] regorge d'aventures passionnantes et divertissantes. A côté des célèbres magazines Amazing stories, Flying Saucers, Pete Mangan, Space Action, Space Worlds, Super Science, Weird Science-Fantasy, de l'Anthologie de la science-fiction ou des "Histoires d'extraterrestres" à quelques centimes la copie, n’oublions pas les superhéros tels Buck Rogers qui se réveilla en l’an 2430, son aïeul Brick Bradford spécialiste des voyages spatio-temporels ou encore Flash Gordon, Captain Marvel, Captain Adam - devenu Captain Atom après l’explosion de la première bombe atomique - ou encore Superman, Batman et autre Spiderman, autant de personnages qui ravivèrent le nationalisme américain à travers des aventures épiques où chacun donnait libre cours à son imagination.
Les romans de science-fiction ont abordé tous les thèmes imaginables, purement spéculatifs et récréatifs pour les uns ou fondés sur l’état de la science ou de la société du moment pour les autres. Quelques chercheurs, astronomes ou physiciens ont également déployé tout leur savoir et leur imagination à notre plus grande joie, mais ont tous refusés, semble-t-il, de parler de soucoupes volantes.
Ainsi Arthur C.Clarke préféra inventer des satellites géostationnaires, des stations orbitales, des voiles solaires, le jeu des pentominos, le GPS et planifia l’exploration spatiale avant de porter à l’écran "2001 l’odyssée de l’espace" et "2010: odyssée II". Avec "Les robots", Isaac Asimov inaugura l’ère de la cybernétique et nous fit découvrir les lois de la robotique et ses limites dans un monde devenu artificiel. Aujourd’hui, après avoir bâti sa "Fondation" et volé dans l’hyperespace Asimov explore les colonies martiennes.
|
Fred Hoyle et son fils Goeffrey ont préféré explorer un quasar "Au plus profond de l’espace", jouant avec les effets de la relativité. Dans "Fireball" Paul Davies initie le lecteur à la propulsion à antimatière suivant l’exemple de Lauwrence Manning. Décodant avec génie un message venu de l’espace, dans "Contact" Carl Sagan construisit un vaisseau spatio-temporel qui permit à une exploratrice d’explorer l'espace en utilisant des trous de vers, du moins le croit-elle. Enfin, Léo Szilard s’interrogea sur l’intelligence des dauphins après avoir participé, à regret, à l’élaboration de la bombe atomique.
La plupart des auteurs cependant ne sont pas astronome, ingénieur ou physicien de profession. Leurs récits d'anticipation n’en contiennent pas moins des idées très intéressantes et des scénarii parfois poétiques mêlant adroitement science, technologie et mythologie.
Tout commença vraisemblablement avec "Le Voyage dans la Lune" de Jules Verne publié en 1875 et qui fut même joué au théâtre et à l'opéra, expédiant Impey Barbicane et ses amis dans un obus surdimensionné explorer la surface lunaire. Ce sujet avait déjà traité deux siècles plus tôt par Cyrano de Bergerac.
"L'oeuf de cristal" de H.G.Wells suggéra que Mars pouvait être habité par des êtres intelligents, idée que Ray Bradbury exploita dans ses "Chroniques martiennes", un sujet qui tint en
Symbole emblématique du space opera, Edmund Hamilton rencontra "Les rois des étoiles", découvrit l’arme absolue, le disrupteur, des créatures aux formes et aux pouvoirs étranges et tomba amoureux de Lianna, princesse de Fomalhaut.
Le futur garde une place pour la religion et les sectes les plus diverses dans "Projet Vatican XVII" et "La Confrérie du Talisman" de Clifford Simak. La guerre n’est pas exclue non plus, ainsi que Van Vogt, Hamilton ou Robert Howard, auteur de "Conan", peuvent en témoigner.
C’est dans la bande dessinée que les soucoupes volantes cette fois font une intrusion remarquée. Si les extraterrestres ne sont pas verts, Roger Leloup met en scène Yoko Tsuno dans "La lumière d'Ixo", confrontant nos terriens avec de sympathiques Vinéens à la peau bleue.
Antérieurement, les héros Blake et Mortimer d'Edgar Jacobs découvrirent des soucoupes volantes en essayant de résoudre "L'Enigme de l'Atlantide". Dans "Les soleils de glace", Eddy Paape et Greg mettent en vedette Luc Orient et nous montre les effets les mutations génétiques sur la flore suite à l’atterrissage d’une soucoupe volante. "Voyage intemporel" de Sergio Macédo ou "Les êtres de lumière" de Jean Pleyers reprend aussi des thèmes empruntés à l'ufologie : soucoupe volante, faisceau lumineux, communication avec des extraterrestres.
Pour accréditer leur collection, certains auteurs ont préféré fonder leurs histoires sur des faits jugés authentiques : citons par exemple Dan Cooper dans "Le mystère des soucoupes volantes" d'Albert Weinberg ou "Le Dossier des soucoupes volantes" aux éditions Dargaud qui raconte en bandes dessinées les grands "classiques" du genre.
2. Le cinéma
Aidé par l’image et les effets spéciaux, le cinéma de science-fiction est plus évocateur encore et plus spectaculaire : outre un certain nombre de romans précités qui ont été portés à l'écran, les premiers films du genre refléteront notre perception des extraterrestres. Ainsi dès 1951, "L’homme de la planète X" nous met pour la première fois en présence d’extraterrestres anthropomorphes. Il ne s’agit plus d’envahisseurs terrifiants mais de personnages faibles et vulnérables. Citons également les "Tars Tarkas" du romancier Edgar R. Burroughs (également créateur de Tarzan) et les créatures de M.Anderson, scénariste des "Chroniques martiennes".
Mais cet état d’esprit fut passager. En 1953, George Pal porta à l’écran "La guerre des mondes" de H.G.Wells, nous confrontant avec des Martiens hideux et guerriers, prémices de la lutte américaine anti-communiste. La même année Joseph Newman proposa sur le même thème "The island earth". Trois ans plus tard "Planète Interdite" fut une adaptation remarquée d’une pièce de William Shakespeare “The Tempest”, confrontant un savant orgueilleux à la matérialisation de ses craintes et de ses cauchemars. Parmi les nouveaux personnages, Robby le Robot. Dans "Le jour des trifides" les plantes se transmutèrent en tueurs sanguinaires, engageant une bataille avec les Etats-Unis.
Mais ce sont les films contemporains qui demeurent techniquement les plus avancés, faisant appel à coups de dizaines de millions de dollars aux effets spéciaux les plus complexes pour animer des créatures extraterrestres fantasques ou simuler leur technologie avantgardiste. Parmi les meilleurs films du genre, citons pour mémoire "Le Blob", remake du film de 1958 avec Steve McQueen, "La chose", la trilogie des "Alien", "Prédateur", "Stargate" et les très sophistiqués "Man in Black". Pour les amateurs d’humour et les enfants citons encore "E.T. l’extraterrestre", "Mars attack !
|
Les soucoupes volantes sont rarement mises en évidence et les rares films les mettant en vedette méritent à juste titre d’être cités. Afin de nous avertir des dangers d’une guerre atomique à l’époque de la Guerre froide, en 1951, Robert Mise envoie Klaatu et son robot Gort, les messagers d'une autre planète sur Terre dans "Le jour où la Terre" s'arrêta.
En 1956, "L'invasion des soucoupes volantes" (les soucoupes volantes attaquent) de Ed Hunt incorpore des incidents connus de l'ufologie (enlèvement des Hill et de Villas Boas) tandis que "Cocoon" de Ron Howard sortit en 1985, nous invite à découvrir la civilisation à l’origine de l'Atlantide.
En 1988, la voluptueuse Kim Basinger sortit d'une soucoupe volante toute aussi belle dans "J’ai épousé une extraterrestre" de Richard Benjamin.
Citons également "Independence Day" (ID4) de Roland Emmerich sortit en 1996 qui ravive notre ego d’être humain mais c'est "Rencontre du troisième type" de Steven Spielberg sortit en 1977 qui reste le film le plus "réaliste" car il fait référence à des événements historiques et des phénomènes patents de l’ufologie. Une version longue nous invite même à explorer quelques minutes l’intérieur du vaisseau-mère alien.
Bien que les amateurs du genre soient minoritaires, tout au moins dans les pays francophones, en 1996 il y avait simultanément 11 films en cours de tournage touchant le thème des extraterrestres !
En 2007, le réalisateur Seb Janiak n'a pas résisté à la vague OVNI et publia sur le web un excellent documentaire sur la soi-disant conspiration entourant ce phénomène intitulé "La conspiration d'Orion".
A voir : La conspiration d'Orion (sur le blog)
|
Les séries télévisées
A l'inverse des films de fiction cauchemardesques, avec la série "La Quatrième Dimension" (Twilight Zone qui fut diffusée à partir de 1959 sur CBS), Rod Serling explora avec talent les espoirs de l'humanité, sa fierté, son orgueil mais aussi ses déceptions ou sa peur face à l'inconnu. La série eut un succès retentissant par la qualité de ses scénarii et les prestations de ses acteurs, parmi lesquels beaucoup deviendront des célébrités : Charles Bronson, Bill Bixby, John Carradine, Veronica Cartwright, James Coburn, Robert Cummings, Robert Duvall, Peter Falk, Dennis Hopper, Ron Howard, Buster Keaton, Martin Landau, Paul Mazursky, Roddy McDowall, Burgess Meredith, Leonard Nimoy, Warren Oates, Sydney Pollack, Robert Redford, Mickey Rooney, William Shatner, Dean Stockwell, Lee Van Cleef, ...
La série totalisa 156 épisodes jusqu'en 1964 dans lesquels Rod Serling fit de nombreuses apparitions. Outre les différents supports multimédia (livre, cassette vidéo et DVD), La Quatrième Dimension" donnera naissance à 3 films (1983, 1985, 2002) et 3 séries TV dont une en cantonais avec des acteurs chinois de Hong Kong. Il est vrai qu’avec 1.3 milliards d’habitants, la Chine est un marché très lucratif.
En 1963, Leslie Stevens et Joseph Stefano produisent durant 2 saisons la série "Au-delà du réel" pour le compte de la MGM et United Artists Television. Les amateurs l'ont gardé en mémoire, non pas pour ses créatures monstrueuses extraterrestres animales ou végétales que les critiques ont tourné en dérision dès les premiers épisodes, mais pour son générique qui fit le tour du monde. Accompagné d'une bande son propice à inspirer la crainte, il commençait en effet par ces mots : "Ce n'est pas une défaillance de votre téléviseur, n'essayez donc pas de régler l'image. Nous avons le contrôle total de l'émission. Contrôle du balayage horizontal, contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi bien vous donner une image floue qu'une image pure comme le cristal. Pour l'heure qui vient, asseyez-vous tranquillement. Nous contrôlerons tout ce que vous verrez et entendrez. Vous allez participer à une grande aventure et faire l'expérience du mystère avec "Au-delà du réel"". La série s'inspirait de "La Quatrième Dimension" mais dans un registre plus folklorique et sera diffusée en France à partir de 1972.
Parmi les séries TV à succès, citons bien sûr les séries cultes "Star Trek" (1966, 80 épisodes) et ses nombreuses suites dont " The Next Generation" (1987, 178 épisodes), "Deep Space Nine" (1993, 176 épisodes), "Voyager" (1995, 172 épisodes) et "Enterprise" (2001, ~97 épisodes), "Les Envahisseurs" (1967, 43 épisodes), "Cosmos 1999" (1975, 48 épisodes), "Babylon 5" (1993, 105 épisodes), "Sliders, les mondes parallèles" (1995, 87 épisodes) et les séries B de moindre envergure telles que "UFO - Alerte dans l’espace" (1970, 26 épisodes), "L’Age de cristal" (1977, 14 épisodes et un film), "Battlestar Galactica" (1978, 24 épisodes), "Buck Rogers au 25eme siècle" (1979, 36 épisodes), "V" (1983, 24 épisodes) cette dernière n’étant qu’une adaptation du film "Invasion Los Angeles" pour la télévision, "Starman" (1986, 22 épisodes), "Futur Immédiat" (1989, 23 épisodes et 5 téléfilms adaptés du film "Alien Nation"), "Earth 2" (1994, 22 épisodes), "Dark skies" (1996, 19 épisodes), "Invasion Planète Terre" (1997, 88 épisodes), "First wave" (1998, 44 épisodes) et dernièrement "Andromeda" (2000, 88 épisodes à ce jour). Bien sûr cette liste n'est pas exhaustive.
La plupart de ces séries ont été diffusées sur un nombre très restreint de chaînes francophones et généralement privées pour citer RTL Club, M6 et 13eme Rue essentiellement.
|
Convaincu de la réalité des extraterrestres, en 2002 Stephen Spielberg produit "Taken", une série produite par Leslie Bohem comprenant 10 épisodes de 1h30 chacun. La série reprend les principales notifications d'OVNI des 50 dernières années, y compris les "crop circles", les enlèvements et beaucoup d'autres événements que reconnaîtront les passionnés d'ufologie. Elle ne sera traduite en français qu'en 2005 sous le titre "Disparitions".
La série "Au-delà du réel" (X-files) de Chris Carter fut un succès incontesté des années '90. Diffusée entre 1993 et 2002, durant 9 saisons soit 202 épisodes de 52 minutes chacun, elle plongea le téléspectateur dans le monde du fantastique et du paranormal, abordant ses sujets dans un style moderne et dynamique où les situations étaient, dit-on, parfois proches des attitudes des citoyens ou des autorités actuelles. La série donnera naissance à deux longs métrages (2002) et de nombreux livres.
Leurs héros furent tellement sollicités par les publicitaires qu’en 1997 et 98 l’agent Mulder, David Buchovny, cherchait les traces d’OVNI à bord d’une Ford. L’agent Scully, Gillian Anderson, fut tellement plébiscitée par le public qu’elle accepta en 1995 de présenter la série télévisée "Weird Science" sur BBC1 consacrée aux découvertes les plus folles de la science. Depuis, d’autres acteurs, notamment les héros des différentes séries de Star Trek, ont été sollicités pour présenter des documentaires scientifiques.
En 1998, notre héroïne présentait l’émission "Future Fantastic" sur BBC World qui, comme son nom l’indique était un essai de prospective à partir des nouvelles technologies. Gillian Anderson discuta en autre de science-fiction et d’astronautique, mêlant de temps en temps les OVNI et les extraterrestres à ses réflexions. Tout cela n'était pas très rigoureux mais le public était ravi...
Forte de ce succès, la chaîne populaire BEL-RTL diffusa une nouvelle série du même acabit, "Les dossiers de l’étrange" en 1998. Mais il semble que le public francophone n'apprécie guère ces documentaires à l’inverse du public anglo-saxon ou anglophile.
Entre-temps il manquait une série de space opera hollywoodienne dans laquelle les Terriens pouvaient se battre au corps à corps ou par vaisseaux spatiaux interposés avec des extraterrestres convoitant la Terre.
La lacune fut comblée en 1994 lorsque les productions Artisan Home Entertainment sortirent le film "Stargate", avec Kurt Russell et James Spader. Reprenant le fameux thème des êtres extraterrestres ayant soi-disant fondé les grandes civilisations dont celles de Sumer, de Chine et d'Egypte (Cfr les ouvrages de Erich von Däniken, Zecharia Sitchin, Louis Pauwels et Jacques Bergier et autre T.Lopsang Rampa), et bénéficiant d'effets spéciaux originaux, le film recevra un accueil chaleureux dans le public.
Aussitôt le film fut adapté pour la télévision mettant en vedette et produit par Richard Dean Anderson, alias McGyver dans le rôle du Colonel O'Neill, hommage évidemment au célèbre expert en technologie spatiale des années 1970.
Rebaptisée "Stargate SG-1", la série tira avantage du concept des trous de vers pour centrer l'action des personnages autour de la "Porte des Etoiles" et du danger que représentent les envahisseurs Goa'uld. La série se déroulant (soi-disant) dans la base de Cheyenne du NORAD, ayant l'appui de l'Armée de l'air, en liaison directe avec la Zone 51 et le Président des Etats-Unis et s'opposant aux actions illégales du NID et autre agence d'espionnage, "Stargate SG-1" donne au téléspectateur le sentiment de refléter un contexte et des situations tout à fait crédibles quoique improbables.
|
A l'opposé de la série "X-files" dans laquelle les deux héros évoluent sur Terre et sont confrontés à des décisions administratives et des actions sous le manteau qui ruinent leurs actions ou les mettent en danger de mort, "Stargate SG-1" est constituée d’une équipe complète sous le couvert des autorités et à l'avantage de transporter le téléspectateur à travers la Galaxie et au delà, à la rencontre de diverses sociétés extraterrestres et à la recherche des cités habitées par les Anciens, ceux qui bâtirent le réseau des Portes des Etoiles. La série deviendra rapidement une série culte confrontant notre société à tout un univers mythologique peuplé d'extraterrestres belliqueux ou bienveillants et équipés d'une technologie à faire pâlir les experts de la Zone 51.
"Stargate SG-1" fut diffusée durant 9 saisons totalisant 194 épisodes de 43 minutes chacun sans compter la série "Atlantis", en particulier sur la chaîne de science-fiction de la BBC, la chaîne allemande RTL II et la chaîne française M6, égalisant ainsi le record établit par "X-files". Avis aux amateurs.
A consulter:
SCIFI - Les affiches de cinéma - TopKool
Séries cultes ou séries B, tous ces contes et reportages de fiction donnent des idées aux téléspectateurs et nous influencent inconsciemment. Même rationnels et de formation scientifique, l'écrivain ou le journaliste y fait parfois référence quand il parle de sciences alternatives, de l'avenir de l'astronautique, de prospective ou de l'éventualité d'une vie extraterrestre. Dans ces conditions, il n'est que normal que les amateurs les moins critiques, plus idéalistes ou plus émotifs considèrent ces sujets comme autant de réalités alternatives toutes aussi vraies qu'un reportage télévisé décrivant un événement historique qu'ils n'ont jamais connu. Combien de fois les journaux ne nous rapportent-ils pas des faits divers où des adolescents ont reproduit dans la réalité ce qu'ils avaient vu à la télévision, au cinéma ou dans les jeux vidéos...
3. L'art (IV)
L’idée des soucoupes volantes est également entretenue par les architectes, les musiciens et les publicistes. Les premiers bâtissent des maisons tout confort en forme de soucoupe (Lancashire, GB, 1976), des centres de conférence y ressemblant (Evoluon, PB, 1975), des musées elliptiques consacrés à l’ufologie (Hakui, Ishikawa, Japon, 1993; secte de Raël, Canada) ou des planétariums ovoïdes équipés de hublots (Bhubaneswar, Inde, 1992).
|
Chez les musiciens, depuis toujours le groupe rock ELO (anciennement Electric Light Orchestra) représente sur la jaquette de ces disques une très belle soucoupe volante multicolore et le compositeur japonais Isao Tomita crée toujours des mélodies à connotations sidérales, mélangeant subtilement musique de synthèse et enregistrements radioastronomiques, qu'il s'agisse de la marche saccadée des pulsars ou de la respiration sourde de Jupiter. Mais ce sont les albums étiquetés de “New Age” qui, dans le style éthéré, font le plus appel à la “musique des sphères” pour transcender nos esprits.
4. Le marketing
Nous entrons ici dans un secteur commercial très lucratif qui rapporte des milliards de dollars chaque année. Cette reconnaissance publique des extraterrestres ou des soucoupes volantes a conduit à la prolifération de boutiques proposant toutes sortes d'objets en relation avec les OVNI. On trouve ainsi des répliques des vaisseaux d'"Independence Day" ou de la série "Les Envahisseurs", toute la panoplie des accessoires se rapportant à "Star Trek", des programmes et des jeux électroniques simulant "La guerre des étoiles", des casse-tête, des puzzles, des disques, des poupées, des boissons, des sauces, des timbres, des sweat-shirts, des casquettes, des affiches et autres autocollants sur le sujet.
|
Les publicistes exploitent le concept de soucoupe volante de façon plus frappante encore. Au Japon, les constructeurs de calculatrices, d'appareils photos ou de programmes informatiques n'hésitent pas à venter les performances de leurs produits en les affichant devant une photographie d'OVNI.
|
En France, PERRIER offre sa célèbre boisson à de gentils extraterrestres tout vert, CRUNCH propose des confiseries sorties tout droit d'une soucoupe volante multicolore. Ailleurs les extraterrestres se nourrissent de pâtes LUSTUCRU et de saucisses ZWAN, ces dernières initialisant le contact. En Belgique le CREDIT A L’INDUSTRIE n’a pas hésité à ouvrir un compte en banque aux Galaxiens, DENIM vend son Jeans 01 dans tout l’univers et un peu partout dans le monde LEVI’S habille les soucoupes volantes. D’IETEREN pense que les extraterrestres rêvent de posséder une Golf. D’autres font escale dans la chaîne des hôtels français MERCURE ou roulent en CITROEN, en PEUGEOT ou en TOYOTA. Enfin, profitant de la rumeur anglo-saxonne, en Angleterre GRIP propose une assurance... contre les enlèvements extraterrestres ! Même le “Bob”, le conducteur qui ne boit pas a convaincu un pilote extraterrestre fan de la RTBF. Mais gardons la tête froide : pour BELGACOM, les extraterrestres existent s’ils sont dans les pages jaunes de l’annuaire du téléphone...
|
Quand tout cela ne suffit pas pour faire tourner la tête des lecteurs néophytes - et des enquêteurs confrontés aux témoignages insolites -, des farceurs n'hésitent pas à souder ensembles deux poêles à frire ou à fabriquer une soucoupe volante au tour, lancent l'engin en l'air et le photographie. D'autres peignent des singes en vert ou de petites soucoupes volantes sur une vitre et photographient ces canulars pour fournir une preuve à l'appui de leur récit. Mais c'est aussi pour cette raison qu'une photographie ne prouve rien !
5. La littérature
C'est bien sûr dans la littérature que les auteurs se sont défoulés et ont donné libre cours à leur imagination. Certains ouvrages de vulgarisation, les biographies, les témoignages, les rapports d’études sur les OVNI et les articles de presse à sensations ont en effet à leur tour conforté l’idée que les OVNI – entendons par là les extraterrestres – étaient une réalité.
C’est l’ouvrage de Kenneth Arnold “The Coming of the Saucers” publié en 1947 qui ouvrit aux éditeurs tout un créneau impensable jusqu’alors. Des escrocs comme Frank Scully, George Adamski ou George Van Tassel profitèrent de cette opportunité avec succès parfois pendant des décennies.
|
Suite aux études d’Aimé Michel sur “l’orthoténie”, vers 1956 les ufologues Français étaient persuadés que les OVNI suivaient des lignes droites sur de longues distances. “Flying Saucer and the Straight-line Mystery” sortit en 1956 et suscita l’intérêt du monde scientifique. Son étude ne sera
En 1960, Brinsley Le Poer Trench, le premier éditeur du fameux magazine anglais "Flying Saucer Review", publia un intéressant ouvrage consacré à la relation entre l’histoire, le mythe et la problématique OVNI, “The Sky People”. Il récidiva en 1963 en publiant “Men Among Mankind” dans lequel il tenta de démontrer de quelle manière les anciens auteurs nous avaient légué une impressionnante collection d’objets mystérieux dans la littérature religieuse et occulte, objets qui ont manifestement influencé le phénomène OVNI, de façon tout à la fois subtile et ostensible.
La littérature ufologique évolua ensuite. En 1965, l’astrophysicien et docteur en informatique français Jacques Vallée analysa statistiquement les notifications d’OVNI et publia ses résultats dans “Anatomie d’un phénomène”.
Troublé par certains témoignages, il avoua toutefois que "les véritables OVNI, tels que décrits par les témoins, n’étaient probablement pas des vaisseaux. Ils semblent être en violation avec le continuum espace-temps, tout au moins si on se base sur la réalité physique". Vallée ne rejetait cependant pas toutes les allégations dans le domaine du mythe.
Dans “Passport to Magonia” publié en 1968 et réédité en 1993, Jacques Vallée critiqua sévèrement les statistiques “boulons et écrous”, suggérant qu’il n’était pas invraisemblable de dresser un parallèle entre les miracles, les puissances surnaturelles et les contes modernes relatant l’atterrissage d’OVNI. Selon Vallée, “les mécanismes qui ont généré ces différentes croyances sont identiques”. Mais en août 1976, dans le magazine "UFO Report", Hynek s’opposa à cette conclusion, jugeant que trop de notifications nécessitaient un réexamen des preuves.
Pendant que le public américain attendait impatiemment la publication des travaux de la Commission Condon, John Fuller publia son “Voyage Interrompu” en 1966 relatant l'enlèvement de Betty et Barney Hill par des extraterrestres, dont on publia un compte rendu dans le magazine "Look"[14].
L’animateur Frank Edward publia “Flying Saucers: Serious Business” pendant la vague américaine d’OVNI de 1966 et vendit en l’espace de quelques semaines 50000 copies de son livre. Le phénomène OVNI était en effet une “affaire sérieuse” dans les registres comptables. A la mi-67 plus de 30 titres en relation avec les OVNI existaient en librairie.
En 1967, le spécialiste de l’étrange Vincent Gaddis publia en association avec le biologiste Ivan T. Sanderson, “Uninvited Visitors” dans lequel ils tentent de conforter dans leur opinion les adeptes de la thèse extraterrestre. Partant d’une base scientifique certaine, leurs conclusions vont à l’encontre du discours scientifique, qui reste d’ordinaire prudent en la matière. Trois ans plus tard, Vincent Gladis publia également “Mysterious Fires and Lights”, une intéressante compilation des phénomènes OVNI en relation avec l’électromagnétisme.
L’auteur anglais John Mitchell publia deux études provocatrices, “Flying Saucer Vision” dans lequel il considéra les OVNI comme un mythe moderne, et “The View Over Atlantis” en 1969 (réédité sous le titre "The New View of Atlantis"), dans lequel il étudia la relation entre les réseaux de mégalithes anglais et la mythique Atlantide. Il essaya de démontrer que les anciennes civilisations avaient érigé ces pierres afin d’établir un réseau de trajectoires qu’étaient supposer suivre les mystérieux objets volants.
En 1968, Philip J.Klass, éditeur du magazine "Aviation Week & Space Technology" se donna pour objectif de débusquer les OVNI en publiant “UFOs Identified”. A son avis, presque toutes les notifications d’OVNI pouvaient être attribuées à l’observation de “plasmas naturels d’air ionisés”, faisant ressusciter un concept déjà étudié par l’USAF en 1948 mais qui restait indémontrable. Sa thèse comportait cependant un a priori peu scientifique. De plus elle ne résolvait pas les cas les plus énigmatiques.
C’est en 1970, avec la publication des “Chariots of the Gods ?” d’Erich von Däniken que le concept des “astronautes anciens” fut accepté aux Etats-Unis et en Europe. Dans la suite logique des récits de Lord Clancarty (Brinsley Le Poer Trench), Desmond Leslie, George Adamski ou Raymond Drake, von Däniken était convaincu que la Terre avait été visitée par des extraterrestres depuis l’aube de la civilisation.
Entre 1966 et 1975, John A.Keel, auteur de fiction pour la télévision, gagna l’estime du public en publiant une série d’articles sur les OVNI dans "Saga", "True" et "Flying Saucer Review". Keel avait la réputation de ne suivre que sa propre idée, une attitude qui le conduisit loin des hypothèses extraterrestres généralement admises. Il combinait élégamment le mysticisme, les phénomènes psychiques, les pratiques occultes ésotériques, les monstres et en dressa un véritable catalogue du bizarre et de l’inexpliqué dans son livre “UFOs: Operation Trojan Horse”
En résumé, Keel estimait que la vérité était ailleurs comme le dira une célèbre série culte : le mystère OVNI que nous catégorisions dans une grande variété de phénomènes pouvait très bien avoir une même origine, indépendante du cadre de référence dans lequel il survenait. Peu de gens étaient prêts à accepter la thèse de Keel, malgré la publication de son “Strange Creatures From Time and Space” qui ne faisait que reprendre certaines idées de son premier livre. En 1975, Keel publia “The Eight Tower” que les lecteurs jugèrent trop pessimiste pour être consommé sans précaution, sombre et trop austère. On finit par l’étiqueter de “non scientifique” et le public s’opposa à ses hypothèses.
Que ce chercheur ait été ou non apprécié à sa juste valeur n’est pas essentiel. A présent un nouveau pas était franchi; la “nouvelle” ufologie se consacrait à élucider les mécanismes de croyances plutôt qu’à perpétuer le mythe créé par ces mécanismes. On osait enfin s’avouer que les OVNI n’étaient, peut-être, après tout et dans leur grande majorité, que des illusions.
Si Brad Steiger, éditeur du "Project Blue Book" chez Ballantine arrivait à la conclusion qu’”une sorte d’intelligence extérieure interagissait avec l’humanité à travers l’histoire”, il ne voulait pas dogmatiser son idée mais plutôt l’exploiter comme une théorie physique, “une construction en papier-mâché de notre imagination” comme l’écrivit le physicien John Wheeler à propos de la physique quantique. Steiger imaginait que ce qu’on dénommait “des vaisseaux spatiaux” pouvait en fait être une forme supérieure d’intelligence plutôt que de véritables véhicules transportant des occupants. Ils seraient également capables d’influencer les esprits humains par télépathie, nous laissant observer des images dépendant de notre culture et de notre attitude face à l’inconnu.
Steiger rejoignait en fait l’idée de l’archétype qui sera développé par l’école de Carl Jung. En 1975, Jerome Clark et Loren Coleman publièrent “The Unidentified”, un ouvrage original dans lequel ils proposèrent la “Première loi de la Paraufologie”[15] : “le mystère OVNI est avant tout subjectif et son contenu symbolique”. Leur “Seconde loi de la Paraufologie”[16] stipule que “les manifestations objectives associées aux OVNI sont des sous-produits créés psychocinétiquement par des processus inconscients qui dessinent une vision culturelle d’un autre monde. Existants seulement temporairement, ces phénomènes sont au mieux quasi-physiques”.
Comme Jung et consorts, Clark et Coleman considéraient les OVNI à l’image des apparitions de la Vierge, comme une partie intrinsèque de la psyché. Le phénomène OVNI aurait absorbé nombreux des archétypes anciens, transformant ses besoins en un mythe capable de lui apporter la pièce manquante qui terminerait la construction de son univers.
C'est dans ce contexte qu'entre 1975 et 1976 l'étrange cosmogonie Dogon découverte par les ethnologues français Marcel Griaule et Germaine Dieterlen dans les années 1930 donna naissance à la publication de deux ouvrages pseudoscientifiques sur le sujet, La cosmogonie des Dogon: L'Arche du Nommo d'Eric Guerrier, et The Sirius Mystery de l'archéologue Robert K.Temple, tout aussi folklorique mais mieux documenté sur les plans archéologique et artistique. Tous deux, mais de façon indirecte pour le premier, prétendent que nos civilisations ont été fondées par des extraterrestres ! Quand des pseudoscientifiques s'occupent de science, le résultat ne peut être qu'à la hauteur de leur incompétence.
A lire : L'astronomie des Dogon
Pseudo-science et contamination culturelle
|
En 1976, dans “Mysterious of Time and Space” et “God of Aquarius”, Brad Steiger suggéra que les OVNI étaient les symboles d’une mythologie vivante, les images vitales de la vie, les guides qui s’adressaient directement à nos sens afin que nous participions activement à la vie sociale de notre groupe. Ce symbole serait capable d’unir à terme toute l’espèce humaine “en un seul organisme spirituel, fonctionnant à travers ses membres, qui, bien que séparé dans l’espace, forment un seul corps et esprit”. Steiger imaginait avant l’heure l’objectif du “New Age” qui pris son essor dans les années '80.
Cette nouvelle pensée mélange dangereusement et sans définir de règles, savoir scientifique, philosophie et ésotérisme. Une génération après Steiger, au tournant de l’an 2000, les gourous du New Age, Scientologues et Kabbalistes convertis inclus, vendent encore très chers leurs livres de pensées et leurs CD, endoctrinant avec une facilité déconcertante des individus en difficulté, instables ou rejetés par leur milieu social. Futurs adeptes du Conseil de l’Univers ou de la secte Raëlienne, les victimes ignorent que les pressions psychologiques qu’elles subissent les consument lentement et finiront peut-être par les détruire si elles n’y prennent pas gare. On y reviendra un peu plus loin.
Faisant suite à longue vague d’enlèvements que connurent les Etats-Unis, en 1993 l’ufologue Marie-Thérèse de Brosses publia en français “Enquête sur les enlèvements extraterrestres”. Ouvrage de référence, c’est la première fois qu’un ouvrage français tentait de cerner cette problématique. Il sera suivi en 1995 par l’ouvrage du grand spécialiste Budd Hopkins, qui publia en français “Enlèvements extraterrestres : les témoins parlent”.
Mélangeant pêle-mêle toutes ces interprétations et refusant par paresse intellectuelle d’en critiquer les arguments, il n’est pas étonnant que le public croit alors aux OVNI comme à sa propre religion. Malheureusement, un sujet qui est plaisant et convaincant pour certains mais qui ne peut être démontré scientifiquement devient un postulat et un dogme pour l’homme de la rue. C’est ce sentiment irrationnel qui rend l’attitude des scientifiques toujours très réservée sur le sujet.
Ce sont les influences multiples véhiculées par ce genre de littérature qui peuvent conduire des gens de bon sens à paniquer ou à fabuler, les conduisant à donner une interprétation fantastique à leurs idées ou face à un phénomène inhabituel mais probablement simple dans son principe.
L'influence scientifique (V)
Passons un instant de l'autre côté du miroir d'Alice. L'exploitation commerciale du phénomène OVNI, affichant ostensiblement des poupées vertes à la peau de lézard et des soucoupes en plastique a longtemps bloqué les scientifiques devant le portail des boutiques farfelues des commerçants. Ce n'est que devant la répétition des notifications d'OVNI émanant de personnes crédibles qu'ils en ont prudemment franchi le seuil et accepté le fait qu'il existait un phénomène inexpliqué.
Aujourd'hui, trop de scientifiques restent encore réticents. Il faut encore qu'ils acceptent de considérer ces "figurines" comme des modèles ou des allégories d'une possible réalité.
Mais quelle est l'influence du discours scientifique sur le phénomène OVNI ? Les scientifiques influencent-ils l'opinion du public ?
De prime abord étant donné que la plupart des scientifiques sont encore rétissants à reconnaître l'existence d'un véritable problème, leur influence est inexistante voire anodine. Seul leur point de vue rigoureux et officiel fait autorité en la matière.
C'est justement ce discours soi-disant prudent, nuancé, circonstancié et rigoureux des ingénieurs d'étude et des chercheurs qui dicte dans une certaine mesure au public comment il doit interpréter ce qu'il observe.
Est-ce la Vérité ou non, là n'est pas la question : le public attend simplement des scientifiques des réponses à ses questions.
Les extraterrestres viendraient-ils d'un univers parallèle ? La science-fiction a tendance à véhiculer cette explication et la science, par le biais de la physique et de la cosmologie quantiques envisage l’existence de nouvelles dimensions, du moins en théorie. L'astrophysicien Jean-Pierre Petit en tous cas soutient cette thèse. Il a, pour sa décharge, été influencé par un passé scientifique propice à ce genre d'allégations : théorie de la relativité (trous noirs, hypersurfaces, tachyons, paradoxe de Langevin), physique quantique (univers multiples, trous de vers, particules remontant le temps, antimatière), etc, autant de concepts forts originaux qui lui ont offert la matière première de ses spéculations. Son cas n'est pas isolé, et rappelez-vous qu'avant lui l'astronome américain Percival. Lowell crut que les Martiens existaient, seule théorie pouvant expliquer la rectitude et le développement des "canaux" qu'il avait découvert au télescope...
Voyons de quelles manières les scientifiques ont pu influencer les ufologues et, dans une moindre mesure, les témoins cultivés et le public en général après une longue préparation entretenue par les médias. De nombreux exemples confirment cette influence, dans les domaines de la physique, de la météorologie, de l'astronomie et de l'archéologie pour ne citer que les sciences les plus connues.
La physique
La théorie de la relativité restreinte d'Einstein énoncée en 1905, fut l'instigatrice d'une nouvelle vision du monde. En prédisant que le temps n'était pas donné une fois pour toute mais dépendait de l'état de mouvement de l'observateur, Einstein laissait sous-entendre que si deux observateurs se déplaçaient à des vitesses différentes, l'intervalle de temps compris entre deux événements ne serait plus décompté de la même façon dans les deux référentiels; en d'autres termes, les observateurs vieilliraient à une vitesse différente l’un par rapport à l’autre.
Reliant cette théorie aux lois de la Relativité générale, stipulant que la gravité était une déformation de l'espace-temps (et non plus une force), les spéculateurs disposaient de tous les outils théoriques pour réunir des régions séparées dans l'espace et dans le temps : du trou de ver aux univers multiples, l'homme de la rue était aux anges et n'avait plus qu'à attendre les extraterrestres "le long d'une route solitaire de campagne, alors qu'il cherchait un raccourci qu'il ne trouva jamais"...» ainsi que nous le rappelait le narrateur de la série Les Envahisseurs.
|
En complément, une génération plus tard, l'interprétation de la physique quantique, avec ses fonctions d'ondes superposées, sa "matrice S" dans laquelle les particules remontaient le temps et son analyse probabiliste donnèrent également aux physiciens les moyens d'imaginer des univers multiples interconnectés, dans lesquels le temps pouvait déraper comme ils en faisaient quotidiennement l'expérience avec les muons, ces fameuses particules capables de vivre cent fois plus longtemps lorsqu'elles se déplacent à une vitesse relativiste.
Tous ces faits, relevés dans la vie quotidienne des physiciens et parfois dans l'observation du cosmos (les émissions des radiosources notamment), ont permis à J.-P. Petit et quelques autres de se rapprocher à une vitesse plus rapide que celle de la lumière de leurs chers petits hommes verts.
H.G.Wells y contribua en inventant sa "Machine à explorer le temps" faisant fi des paradoxes temporels. Edmond Hamilton qui, rappelons-le inventa le mot “soucoupe” en 1927 l'a suivi de près avec "Les Rois des Etoiles", permettant aux hommes de franchir les espaces cosmiques en s'affranchissant de la barrière temporelle. "Retour vers le futur" et ses suites récentes ne viennent que confirmer l'attrait du public pour ce genre de films qui furent autant de succès du box office.
L'industrie aérospatiale enfin avec ses recherches secrètes en soufflerie, rendit les soucoupes et autres ailes volantes tout à fait concrètes. Ainsi que nous l'avons rappelé, Northrop et d'autres grands constructeurs ont mis au point dès l'après-guerre de nombreux prototypes d'avions qui ne feront qu'accréditer la thèse qu'il pouvait bien exister de tels engins dans l'espace.
|
Les phénomènes météos et le Triangle des Bermudes
Toutes ces influences expliquent pourquoi le "Triangle des Bermudes" par exemple, fameux par ses soi-disant ouvertures sur une autre dimension spatio-temporelle, eut également son heure de gloire. Pourquoi les bateaux disparaissaient-ils dans cette zone, pourquoi ne retrouvait-on pas leur équipage, pourquoi les satellites en orbite perdaient-ils le cours de leur programme...? Une fois encore la vérité est ailleurs et... plus terre-à-terre.
Cette région maritime des Caraïbes qui délimite une zone allant des Bahamas (sud de la Floride) à Puerto Rico, couvrant la mer des Sargasses et qui rejoint les Bermudes au Nord-Est est un site propice au développement des cellules orageuses et des ouragans, les conditions atmosphériques dans cette région étant aussi changeantes que soudaines.
Plus d'un caboteur se sont perdus dans le brouillard ou se sont brisés sur les crêtes des vagues hérissées par un vent de tempête, n'ayant même pas donné leur destination à leur port d'attache. Comment voulez-vous retrouver ces malheureux sachant qu'une fois passé par dessus bord, rien ne permet de distinguer la tête de la victime dans une mer vaste, parfois démontée et pleine d'écume.
Localement, à marée haute, des grottes inondées créent également un effet de siphon si violent que le maelstroem est capable d'engloutir un petit bateau de tourisme ou de pêche en quelques minutes.
Chaque année, 30 avions légers sont perdus dans le Triangle. Tout pilote qui vole dans la région des Keys vous dira que vu d'altitude, toutes les îles de Floride se ressemblent... Et c'est pourquoi la désorientation spatiale est un accident très commun qui explique l'essentiel des disparitions dans le Triangle des Bermudes.
Depuis 1944 on a enregistré officiellement la perte corps et biens de 37 avions, plus de 50 navires et même d'un sous-marin. Et la liste s'allonge chaque année. Selon des sources non confirmées, depuis 500 ans on aurait assisté à la disparition de plus 1000 vaisseaux dans le Triangle des Bermudes.
Parfois les autorités maritimes ont un début d'explication. Des pilotes pourtant chevronnés se sont égarés dans des zones d'anomalies magnétiques ou suite à des conditions météos épouvantables, isolés et à court de carburant pour rejoindre la terre. Après enquête, les autorités découvrirent que les appareils avaient parfois été perturbés par du "statique" très violent, voyant des lueurs blanches, le feu Saint-Elme et devant par dessus tout naviguer avec un compas affolé et sans radio...
La disparition des cinq torpilleurs TBM Avenger
Qu'en est-il enfin de la fameuse histoire des cinq avions torpilleurs TBM Avenger qui se sont perdus corps et biens le 5 décembre 1947, ainsi que l'hydravion Mariner ayant 13 hommes à son bord qui alla à leur recherche au nord des Bahamas ?
Première précision, les cinq appareils TBM Avenger du vol 19 se sont perdus du côté de la pointe nord du "Triangle des Bermudes" et non pas "dans" le Triangle des Bermudes. Après avoir lu les comptes-rendus des opérateurs radios et reconstitué le vol de l'escadrille en temps réel, on estima la position du crash à 350 km à l'est de Daytona Beach, c'est-à-dire à 400 km au nord de leur base, à Fort Lauderdale ! Aujourd'hui les épaves n'ont toujours pas été retrouvées. Mais comment se sont-ils retrouvés si loin de leur base ?
En fait, pour résumer toute l'affaire, la patrouille n'a pas suivi la route qui lui était assignée et tenta de rentrer à sa base de Floride par le chemin des écoliers au moyen des seules méthodes visuelles.
Leur plan de vol devait les conduire le long d'un triangle allant de Fort Lauderdale à Cistern Cay puis vers le nord-ouest vers l'île de Grand Bahamas pour revenir à leur base en prenant un cap au sud-ouest. Mais ils ont vraisemblablement dépassé Cistern Cay et du coup leurs repères se sont brouillés dans leur esprit, confondant les Florida Keys avec le Grand Bahamas. En cherchant alors à rejoindre la côte, ils s'en sont éloignés et à court de carburant, s'écrasèrent en mer. Mais comment une escadrille peut ainsi disparaître sans même avertir ou alerter sa base ?
Les opérateurs radio de Fort Lauderdale et de Port Everglades furent en contact avec le chef d'escadrille (avion immatriculé FT-28) durant toute la mission jusqu'à quelques dizaines de minutes avant sa disparition. Après une longue et minutieuse enquête par les gardes-côtes américains, voici ce qui s'est probablement produit.
Un avion torpilleur TBM Avenger en tous points identique au leader FT-28 disparut en 1947 avec ses équipiers. |
Les opérateurs indiquèrent la direction à prendre au chef d'escadrille mais ce dernier ayant dépassé inconsciemment ses repères au sol, il ne crut pas les ordres au sol qui étaient contraires aux mesures de ses instruments. En fait et contrairement à ce que pensaient les opérateurs radio, l'escadrille s'éloignait vers le large et bientôt les opérateurs perdirent tout contact avec le leader à quelque 300 km de distance.
En cours de route l'escadrille rencontra de forts vents contraires et soupçonna une défaillance de ses compas. Le chef d'escadrille essaya de voler à l'estime mais vers 15h45, ils furent pris dans une tempête, et volant probablement sans le savoir à fleur d'eau, périrent en mer.
L'hydravion Mariner partit en reconnaissance disparut probablement dans des circonstances similaires bien que l'armée disposa de très peu d'information à son sujet. Les communications sont restées silencieuses durant presque toute sa mission et ce n'est qu'au moment où la tour de contrôle s'inquiéta, qu'elle constata que l'avion ne répondait plus.
Aujourd'hui, après des décennies de mystère, la science a peut-être trouvé la raison de cette disparition. Le 7eme district des gardes-côtes de Miami, la plus grande compagnie de gardes-côtes des Etats-Unis, enquêta sur le vol 19 car il était étonnant que l'on ait jamais retrouvé les corps ni même les épaves alors que les eaux de Floride n'ont pas plus de 300m de profondeur environ.
Dans des conditions météo idéales, de calme plat et par beau temps, les gardes-côtes ont estimé qu'ils n'ont pas plus de 78% de chance de trouver un homme perdu en mer. Imaginez alors par mauvais temps...
Or un appareil comme un avion coule très vite et en général c'est dans l'eau qu'il faut chercher les rescapés. Si le temps est au beau fixe, un avion ne flotte pas plus de 2 minutes mais en raison du mauvais temps il est probable que les Avengers ont coulé en quelques secondes. Dans ces conditions, il est très difficile de retrouver quelqu'un ou quelque chose en mer.
Dans des conditions idéales, avec des vagues inférieures à 50 cm, une excellente visibilité et du beau temps, un hélicoptère doit être à l'aplomb d'un homme tombé en mer pour apercevoir sa petite tête et sa combinaison orange émerger de l'eau. La nuit c'est très difficile, sauf si c'est la pleine Lune et sur une mer d'huile, sinon les embruns rendent les recherches quasiment impossible.
En ce funeste jour de 1947 il devait y avoir très peu de chances de retrouver des débris, ni même une nappe d'huile en surface. Selon les gardes-côtes, même aujourd'hui, équipé de radar et de détecteur infrarouge, étant donné les conditions météos de l'époque, les chances de retrouver les pilotes du vol 19, même habillés d'une combinaison orange de survie, seraient... nulles.
Mais cela n'explique pas pourquoi le vol connut une fin tragique. Y avait-il eu un phénomène (sur)naturel à l'origine de cet accident ou était-ce un simple phénomène de désorientation spatiale...?
Pour en avoir le coeur net, des scientifiques et des spécialistes américains des effets spéciaux ont tenté une expérience. On sait qu'il existe des gaz piégés dans les sédiments sous-marins dans toutes les eaux du monde. Un séisme peut libérer ce gaz qui vient crever la surface dans d'immenses tumultes. Dans les années '90 ces bulles de gaz ont déstabilisé une plate-forme pétrolière en mer du Nord, c'est dire la puissance de ce gaz !
Un test a donc été réalisé à petite échelle en libérant une bulle de gaz de méthane sous un petit hors-bord. Avec 25% d'air dans l'eau, on observa une modification de la portabilité du bateau, comme si l'eau ne parvenait plus à le faire flotter. Contrairement aux attentes, la zone turbulente située juste sous le bateau présentait un flux neutre tandis que la région entourant le bateau présentait une portabilité très négative : la proue flottait dans une eau plus dense que la poupe, et le bateau a fini par couler par l'arrière !
On pouvait en conclure qu'une éruption de gaz pouvait faire couler un petit bateau. Selon les experts, une grosse éruption surgissant sous un paquebot pourrait le briser en deux ! Or on sait qu'il existe des gisements de gaz sous-marins équivalent à 70 fois la consommation annuelle des Etats-Unis... Le risque d'éruption existe donc bien et il n'est pas exclu que toute une flotte de cargo puisse ainsi couler sans crier gare ! Certaines disparitions de bateaux peuvent donc avoir été provoquées par un tel phénomène...
A la fin des années '80, à 20 km de Fort Lauderdale et par 224 m de profondeur, on découvrit 5 avions Avenger. On pensa durant des années qu'il s'agissait des 5 fameux avions perdus en 1947. Mais en 2000, un sous-marin de poche essaya de relever les immatriculations des avions. Malheureusement tous avaient perdu leur aileron arrière sauf un. Seul écueil, aucune archive navale ne mentionnait un second crash de 5 Avenger... Cette escadrille avait péri dans les mêmes circonstances, les avions ayant leurs ailerons rabattus, signe d'un amerissage forcé. On finit par découvrir une immatriculation : NAV 23990. Après enquête on apprit que le 9 oct 1943 cet avion amerrit en catastrophe mais son équipage survécu. Quant aux quatre autres avions, on ignore toujours leur histoire. Situés beaucoup trop au sud par rapport à la derrière position estimée du vol 19, en cherchant à élucider le mystère, il semble que le brouillard s'épaississe à nouveau.
Répétons-le une fois encore, tous ces lieux ne sont en aucune façon des portes ou des fenêtres laissées ouvertes par les extraterrestres dans une autre dimension comme le disent certains ufologues ! A entendre certains, la Terre serait ainsi une sorte de hall de gare vers des astrodromes galactiques dans lesquels s’engouffreraient les agents de MIB ! Si cela me plairait dans le cadre d’un bon roman d'anticipation, je suis désolé mais cela n’a rien à voir avec la réalité ! Heureusement, dans son ouvrage "L'énigme du Triangle des Bermudes" publié en 1976, M.Ebon fait amende honorable et reconnaît, même si c'est à la dernière page, que "les preuves appuyant la théorie des Bermudes sont minces et fragmentaires", plutôt même du ressort de la psychiatrie. Pour sa part, Jules Metz, prévisionniste et ancien "Mr Météo" à la RTBF (La Une TV), fit une analyse sérieuse de la problématique dans son ouvrage "La vérité sur le triangle des Bermudes" sans devoir faire appel aux extraterrestres. L'ouvrage fut révisé en 2000.
Ceci dit, il faut reconnaître que nous avons une méconnaissance quasi totale des événements qui se produisent en mer et de la rapidité à laquelle les éléments peuvent se déchaîner. Seuls les gardes-côtes et les marins au long-court connaissent les dangers de la mer mais ce grand bleu demeure encore en grande partie le grand "oceanus incognita".
L'Anomalie de l'Atlantique Sud (SAA)
L'explication est tout aussi limpide quoique moins accessible concernant les phénomènes spatiaux. A partir de la fin des années '60 l'étude des ceintures de radiations de Van Allen qui entourent la Terre a permis de démontrer l'existence d'une anomalie au-dessus de l'atlantique sud (SAA). La ceinture interne de radiations, qui d'ordinaire commence à 800 km d'altitude se trouve, à hauteur de Sao Paulo, à 200 km d'altitude seulement et s'étire sur plus de 2000 km vers l'Afrique. Or, de 210 à 600 km d'altitude gravitent tous les satellites non géostationnaires et les stations orbitales habitées, allant de la station ISS jusqu'au Télescope Spatial Hubble.
Autant dire que la plupart des satellites subissent durant plus de 10 révolutions successives le bombardement corpusculaire de protons très énergétiques (10 à plus de 3000 protons/cm2/sec ayant plus de 10 MeV). Les effets d'une collision avec des protons aussi énergétiques vont jusqu'à des dégradations du substrat des composants électroniques, des effets de "brouillard" temporaires sur les images réalisées au moyen de tubes photomultiplicateurs, une intensification du bruit électronique, des pertes de données ou des erreurs de calculs lors du déroulement de programmes informatiques.
La NASA a ainsi répertorié 14 types d'incidents pouvant survenir sur le Télescope Spatial Hubble[17], autant de problèmes techniques pouvant être attribués à une "mystérieuse influence" par les ufologues.
Cette anomalie électronique touche évidemment les hommes qui s'aventurent là-haut. En l'espace d'un an, les cosmonautes soviétiques ont accumulé quelque 14 rem de radiations, l'équivalent de 700 radiographies. Si vous envisagez à l'avenir passer un week-end au-dessus du Triangle des Bermudes (indication trompeuse quant à la localisation de la SAA), les ingénieurs devront également vous équiper d'une bouée de plomb ! Vous constaterez que cela n'a rien à voir avec les OVNI.
Quant aux phénomènes météos, parhélie, halos et autre aurore qui apparaissent dans des conditions bien déterminées, un spécialiste fera de suite la distinction entre ce type de phénomène et un objet artificiel. Une ombre déformée portée sur du brouillard, les lumières des villes projetées sur des nuages bas vus d'avion, des arcs-en-ciel circulaires (circum zénitaux ou en arc), des tornades ou des cumulo-nimbus mamma sont autant d’événements étonnants, je vous le concède, mais ils s’expliquent en appliquant simplement les lois physiques de dame Nature.
L'astronomie
Depuis l'avènement de l'astronautique, à plusieurs reprises des scientifiques de renom ont proposé certaines hypothèses hardies et saugrenues que des chroniqueurs peu scrupuleux traduisirent dans leur journaux sans trop savoir ce qu'ils écrivaient.
On ne peut ignorer l'influence des fameux "canaux" martiens soi-disant découverts par Schiaparelli et Lowell au tournant du siècle dernier, remis au goût du jour par les clichés de la NASA montrant des lits de cours d'eau asséchés et des dépôts d'alluvions.
Certains astronomes contemporains, tels M.Walter, D.Des Marais, R.Hoagland ou R.Burns n'hésitent pas, au vu des premiers clichés, à faire l'hypothèse qu'il existe des fossiles, des analogies terrestres ou des monuments artificiels sur Mars, autant de structures apparentes liées à la mauvaise résolution des caméras envoyées en éclaireurs sur la planète Rouge. Grâce à la sonde d’exploration spatiale Mars Global Surveyor, des images en haute résolution du fameux “visage de Mars”, Cydonia, ont été prises en 1998 qui démontrent qu’il s’agit bien d’une montagne isolée érodée par les vents de sables[18]. Mettant en regard les anciennes et les nouvelles images, le commentaire de la NASA est explicite à ce propos : “les images parlent d’elles-mêmes”.
Jusqu'en 1948 environ, tous les vulgarisateurs se demandaient si Mars était habitée, illustrant leurs propos de naïfs petits hommes verts sortis tout droit de la littérature anglo-saxonne, en particulier des romans de H.G.Wells qui seront traduits dans toutes les langues. L'Union soviétique se démarquera jusqu'à la fin des années 1950, époque à laquelle l'astronome Tikhov[19] était toujours persuadé de reconnaître les traces d'une vie végétale dans les spectrogrammes de la planète Rouge.
A la même époque, l'astrophysicien soviétique Iosef Shklovsky[20] pensait également que les satellites de Mars étaient creux, donc artificiels, et construits par une civilisation très avancée, seule hypothèse pouvant expliquer le mouvement séculaire des deux satellites. La découverte de Cydonia par la sonde Viking Orbiter sur laquelle se dessinait un visage allait aussi dans le sens que Mars avait pu abriter une civilisation technique fort évoluée.
La NASA s'intéressa également aux phénomènes lunaires transitoires (LTP) qui, depuis 2000 ans, provoquent temporairement des changements de couleurs et des flashes brillants en certains endroits bien précis de la surface de la Lune[21].
|
L'un des dix satellites UFO qui furent lancés entre 1995 et 1999. |
Certains équipages des missions Mercury, Gemini et Apollo observèrent également ces manifestations - de même, selon le Dr Hynek[22] l’équipage d’Apollo 11 qui observa "un objet étrange non pas en parking autour de la Lune, mais en vol, au-devant d'eux", si bien que le public pouvait aisément croire que les officiels de la NASA "nous cachait quelque chose" comme le disent les ufologues.
Quelques institutions scientifiques ont également filmé des OVNI, tel l'Observatoire du Smithsonian (SAO) et des témoins proches des bases américaines d'essais nucléaires (Los Alamos). Rappelons enfin qu'entre 1995 et 1999 la NASA lança dix satellites de communication militaires baptisés UFO (UHF Follow-On), pour remplacer la constellation des satellites FLTSATCOM et Leasat. Juste l’acronyme qu’il fallait pour brouiller encore un peu plus les pistes dans les rapports et les transmissions radios !
L'idée d'une vie extraterrestre s'est enfin renforcée par la bioastronomie[23], cette nouvelle branche de l'astronomie qui étudie les possibilités de vie dans l'univers en se fondant sur nos connaissances en cosmologie, en astronautique, en radioastronomie et en exobiologie (biologie en-dehors de l'environnement terrestre). Aujourd'hui le système d'écoute le plus performant est le fameux projet BETA, un scanner radioastronomique couplé à un système informatique capable d'écouter des centaines de millions de fréquences simultanément.
En 1973, le médiatique Carl Sagan, auteur de la série télévisée "Cosmos" parlait d'une possibilité de "Contact" avec des êtres intelligents extraterrestres (CETI). Mais devant le peu de résultats probant des programmes d'écoute, il reconnut peu après qu'il n'était plus question de contact mais plutôt de "recherche d'intelligences extraterrestres" - SETI- , quoique sous-entende son dernier film “Contact”.
Mais entendons-nous bien, à l'heure d'aujourd'hui ces "êtres intelligents" sont réduits à des systèmes de raies, représentant quelques nuages interstellaires de molécules d'hydrogène ou organiques, mais rien de plus évolué. Les seuls endroits où les biochimistes espèrent trouver des traces abiotiques ou des formes de vie plus évoluées restent les atmosphères planétaires riches en composés organiques (Titan ou Jupiter par exemple). Mais ne vous attendez pas à y trouver des poissons ou quoi que ce soit d'autre; ce sera tout au plus des pseudo-bactéries, des algues uni ou pluricellulaires, voire des bases azotées ou même de simples molécules polymérisées.
Protégé par une jaquette en or, les sondes spatiales Voyager 1 et 2 lancées en 1977 contiennent un message encyclopédique de l'humanité. |
Messages aux extraterrestres
Côté médiatique, dès 1972 Sagan réussit à placer une petite plaque schématisant l'homme et le système solaire sur les sondes spatiales Pioneer 10 et 11. Il parvint également à convaincre la NASA de placer un disque encyclopédique à bord de chacune des sondes Voyager 1 et 2 qui, quelques années plus tard devaient quitter le système solaire.
En 1986, sous l'initiative de l'astrophysicien Hubert Reeves, les amateurs ont pu envoyer des messages radios dans l'espace, renouvelant la fameuse émission d'Arecibo.
En 1999, un message similaire mais plus élaboré fut conçu par les physiciens canadiens Yvan Dutil et Stéphane Dumas. Il fut envoyé vers quatre étoiles similaires au Soleil dans le cadre du projet Cosmic Call.
Plus récemment, en 2006, en collaboration avec Jean-Jacques Beineix, réalisateur et producteur de Cargo films, le CNES diffusa simultanément sur les ondes de la chaîne TV ARTE et dans un radiotélescope installé à Aussaguel (Toulouse) une émission télévisée intitulée "Cosmic Connexion". D'une durée de 2h50, le message télévisé présenté à une heure de grande écoute fut envoyé en temps réel à destination de l'étoile Errai, g Cephei, une sous-géante rouge âgée de 6.6 milliards d'années et située à 45 années-lumière autour de laquelle gravite en 903 jours une exoplanète 1.6 fois plus massive que Jupiter. En fait Errai fut choisie symboliquement parce que suite à la précession des équinoxes, elle sera notre étoile Polaire dans 25 siècles, en l'an 4500.
En effet, il ne faut pas considérer ces actions comme des tentatives de conquête, d'une soif de reconnaissance ou d'une mégalomanie. Elles visent simplement une recherche intellectuelle, une saine curiosité dans le désir qu'éprouve chacun à communiquer avec autrui. Ces tentatives sans prétentions n'ont qu'une valeur symbolique mais reflètent bien l'esprit actuel du public devant l'une des plus grandes énigmes de notre temps.
Il faut bien le souligner, le fait d’envoyer ces messages dans le cosmos comme on enverrait une bouteille à la mer, ne signifie pas que les astronomes s’attendent à ce qu’ils soient captés là-haut quelque part par une civilisation extraterrestre, à l’inverse de toutes les actions scientifiques qui ont en général un objectif concret. Celui-ci est purement symbolique. Bien sûr, si l’un d’eux est capté et si on nous répond, nous en serons les premiers étonnés et probablement incrédules. Mais cette probabilité de rencontre est quasi nulle, même à l’échelle de la vie d’une civilisation.
Une fois encore, si certains arguments ont des relents d'anthropocentrisme, il ne s'agit toujours que d'hypothèses. Dans ces domaines rien, aucune preuve ne fait étayer l'hypothèse extraterrestre.
Le public peu critique prend bien souvent ces annonces et ces tentatives symboliques au pied de la lettre et fait vite l'amalgame entre toutes ces idées, se forgeant une conception bien particulière, mais erronée, de la vie extraterrestre.
Les énigmes archéologiques
Dans leur fameux livre “Le matin des magiciens” publié en 1960, les journalistes français Louis Pauwels et Jacques Bergier[24], réconfortés par les explications de certains chercheurs, confirmèrent les traces de visites d'extraterrestres sur Terre. Mais les scientifiques s'interrogent sur la vraisemblance de ces preuves. Ils sont très réticents à reconnaître le passage d'éventuels ambassadeurs de l'espace.
Les pistes péruviennes de Nasca inaugurèrent un large débat dans les années 1970. Le célèbre National Geographic et les magazines d'astronomie s'en firent même l'écho. Visibles uniquement d'avion, ces traces de plusieurs kilomètres de long ne pouvaient pas a priori avoir de significations pour une civilisation contrainte de rester au sol. Plus tard, une étude détaillée de Maria Reiche et Paul Kosoc conclut qu’il s’agissait des traces de relevés astronomiques ou des messages symboliques à l'intention des dieux, à l’image des symboles que les Celtes ont tracé en Irlande.
|
Il en est de même pour les pierres monumentales de Baalbeck, les statues de l'île de Pâques ou les pyramides d'Egypte : rien à voir avec les "soucoupes volantes" ou des "cosmodromes"... Mais certains rétorquent comment un peuple primitif aurait-il été capable de soulever ces pierres sans aide extérieure, comment ont-ils pu rapprocher les blocs formant les pyramides avec autant de précision ?... Des simulations sur le terrain ont prouvé qu'avec une technique simple et moyennant suffisamment d'hommes, de telles pierres pouvaient être érigées. Cependant il reste des énigmes, notamment l'écriture rongorongo découverte sur des tablettes en bois sur l'île de Pâques.
On peut aussi rappeler certaines fresques et tapisseries médiévales tout aussi "énigmatiques". Dans un coin, derrière certains personnages, on distingue des sortes de vaisseaux volants à bord desquels se trouvent des personnages. Sur certaines fresques des aborigènes australiens ou précolombiennes, certaines figurines humaines semblent porter un scaphandre.
A Palenque, au Mexique, une dalle de 8 m2 sculptée par les Maya semble représenter un pilote aux commandes de son vaisseau... Ces indices sont-ils l'interprétation artistique d'une expression ou les preuves d'une visite extraterrestre ?
Notre inconscient peut ici se révéler notre ennemi. L'étude scientifique (ethnologique, historique, artistique, théologique, etc.), objective et réaliste n'apporte parfois que des fragments de réponse, laissant les chercheurs dans l'expectative. Ce n'est souvent qu'au bout de plusieurs années ou décennies de recherches qu'on découvre la véritable explication.
L'explication se fait d'autant plus attendre que le sujet n'intéresse parfois qu'un couple de spécialistes qui consacre toute sa vie au sujet (Maria Reiche et Paul Kosoc à propos des pistes de Nasca, Griaule et Dieterlen à propos des Dogon, etc). Soit ils sont les seuls experts et leurs collègues se désintéressent de leurs travaux soit les découvertes et les études sont insuffisantes pour avancer une explication.
Mais si la rumeur persiste alors qu'il existe un réel objet d'étude, une équipe de scientifiques finira par se dévouer pour étudier systématiquement le sujet et apporter toute la lumière sur cette énigme. Et c'est de cette manière que la plupart des énigmes archéologiques ont été résolues et que des canulars ont été dénoncés, parfois très récemment.
Entre-temps les médias et les ufologues ont eu tout le temps d'imaginer les histoires les plus fantastiques et de semer le doute dans l'esprit du public.
Par exemple, pour Emmanuel Davoust[26], astronome à l'Observatoire Midi-Pyrénées de Toulouse, "toutes ces révélations [à propos des énigmes archéologiques] sont à prendre avec beaucoup de scepticisme, sinon avec une complète incrédulité". Sans preuves d'une influence extraterrestre, nous pouvons effectivement partager son point de vue. Mais à ses yeux, en 1988 il disait encore : "un seul cas mérite un examen approfondi, celui de l'astronomie des dogons".
Rappelons que les travaux de Marcel Griaule et Germaine Dieterlen sur la cosmogonie Dogon furent publiés à partir de 1948 et faisaient ostensiblement référence à un savoir scientifique que les Dogon ne pouvaient pas posséder en propre. Ils parlaient par exemple des caractéristiques du système de Sirius et notamment de l'existence d'une étoile naine ainsi que de la forme spirale de la Voie Lactée, des découvertes que les astronomes venaient à peine de faire. Or les Dogon n'ont jamais eu le moindre télescope...
Depuis la publication des travaux de Griaule et Dieterlen, les astronomes avaient donc la quasi certitude qu'il y avait méprise et que le travail d'investigation à la source avait été incomplet. Davoust concluait tout de même : "Mais comme pour les OVNI, nous refusons d'invoquer une intervention extraterrestre à défaut de trouver d'autres explications satisfaisantes". Ouf ! La démarche scientifique était préservée.
En effet, il apparut que les Dogons subirent une imprégnation culturelle étrangère durant plusieurs décennies, notamment de la part des coloniaux et autres touristes européens de passage dans la région de Bandiagara ainsi que très probablement de la part de Griaule lui-même. Ainsi, en prenant connaissance des découvertes de l'astronomie à travers la lecture ou la narration d'articles de vulgarisation, l'un ou l'autre Hogon (chef spirituel) a pu habillement détourner ce savoir de son contexte et donner naissance à une cosmogonie originale dont, près d'un siècle plus tard, nous avons presque perdu les origines historiques.
La même situation s'était présentée avec certaines peintures rupestres d'Australie que certains auteurs ont interprété comme représentant des scaphandres voire des extraterrestres. Aujourd'hui les ethnologes aborigènes reconnaissent qu'il s'agit de la représentation chamanique du dieu du tonnerre tenant des marteaux. Du temps des OVNI nous sommes passé au "temps du rêve". Mais pour celui qui connaît la culture aborigène, cette explication est bien plus réaliste !
Le poète africain Amadou Hampâté Bâ avec lequel travailla Marcel Griaule faisait remarquer que lorsque qu'"un homme meurt c'est une bibliothèque qui brûle". Nous devons nous empresser de recueillir les contes enseignés par les vieux sages d’Afrique et d’ailleurs car sans preuves indubitables sur l'origine de leur savoir, leurs commentaires resteront des anecdotes qui raviveront les palabres. Le risque est alors grand de voir la rumeur faire acte de foi de ces témoignages et qu'ils soient déformés avec insouciance, bafouant la science et le respect du lecteur.
L'attitude rationnelle d'Emmanuel Davoust et des enquêteurs qui se sont penchés sur la cosmogonie Dogon doit attirer notre réflexion. S'il y a des personnes plus enclines à considérer les observations des journalistes comme matière classée, ces derniers ne considèrent pas apporter de solutions, mais uniquement des faits plus ou moins objectivés.
C'est ici que les scientifiques doivent rester objectifs, sans interpréter les faits ni influencer les réponses de l'environnement qu'ils étudient. La difficulté est qu'il n'existe pas de séparation nette entre théorie et croyance. Dans le cas présent, les scientifiques ont pour vocation d'objectiver les comptes-rendus qu'ils ont récoltés ou rapportés par des reporters et de dévoiler les éventuelles supercheries ou erreurs d'interprétation. Inversement, parfois il est nécessaire que les scientifiques rectifient les interprétations abusives des journalistes ou des témoins. Encore faut-il qu'ils n'aient pas de préjugés ou une attitude équivoque quant à la destination de leurs recherches. Nous détaillerons ces tâches lorsque nous aborderons la philosophie des sciences.
La science est une école de patience qui repose sur des lois cohérentes et étayées où l'intuition n'est pas très appréciée quoiqu'en dise Einstein. Mais la science n'aurait aucun avenir si elle ne faisait pas d'hypothèses et Newton pourrait nous le confirmer. A travers des protocoles rigoureux, le chercheur essayera d'expliquer la nature. Si un phénomène sort des normes, son rôle sera de l'expliquer avec de nouvelles lois, c'est-à-dire qu'en partant des faits il cherchera une explication, mais jamais l'inverse. Si la tâche de chacun est respectée nous comprendrons peut-être des phénomènes qui aujourd'hui restent incompris et nous expliquerons bien des énigmes.
Crédulité accréditée
Malgré le fait que tous les scientifiques revendiquant ce titre aient conscience des limites de la science et de leurs compétences, plusieurs chercheurs se sont cependant laissés prendre par les prétentions extraordinaires de certains escrocs et autres illusionnistes.
Sans vouloir insister sur leur attitude qui mérite peu d'attention, j’en citerai trois, Jacques Vallée, Jean-Pierre Petit et Peter Kolosimo. Avec le recul des années, ils ont probablement dû reconnaître qu'ils étaient à des années-lumière de la réalité, si jamais ils ont été capables de faire leur autocritique. Nous citerons également deux escrocs parmi d’autres, Uri Geller et Cyril Hoskins mieux connu sous le nom de T.Lobsang Rampa.
1. Jacques Vallée et Uri Geller
Dans son livre "Le Collège Invisible" publié en 1975, l'astrophysicien Jacques Vallée[27] considéré comme le "spécialiste français des OVNI" déclarait que les manipulations d'Uri Geller et de son acolyte Puharich, de soi-disant messagers d'une puissance extraterrestre, méritaient toute notre attention... Alors qu'il était l'un des enquêteurs les plus originaux dans le domaine de l'ufologie, ironisant à propos des témoignages sortis de mauvais "space opera", il acceptait sans critique que nos éventuels visiteurs choisissent des prestidigitateurs pour agents !
Jacques Vallée devait pourtant savoir que plusieurs hommes de science avaient demandé à être confrontés à Uri Geller, mais ce dernier invoquait chaque fois les perturbations que leur présence induisait sur ses pouvoirs. Autrement dit, il voulait bien prouver qu'il était doué de perceptions extrasensorielles, mais il fallait le croire sur parole : "je veux bien le faire, mais ne me regardez pas !" C'est difficilement crédible. Jacques Vallée publia quelques études intéressantes mais manquait foncièrement de rigueur et cela n’a pas renforcé l’ufologie.
2. Jean-Pierre Petit et les Umnites
A partir de 1965, des Espagnols puis des gens habitant en France, en Italie et un peu partout en Europe, qui ne se connaissaient pas, reçurent du courrier des fameux Umnites, les habitants d'une soi-disant planète Ummo capable de voyager dans le temps. Les lettres rédigées en langue indigène furent traduites grâce à la perspicacité d'un certain J.Pollion...
Ces lettres étaient postées des quatre coins du monde et contenaient des documents à connotation scientifique mais également politique, expliquant à leurs contacts le système politique des Umnites, leur philosophie, etc.
La CIA n'y était vraisemblablement pour rien et il faut s'attendre un jour à ce que ce canular d'étudiant soit divulgué, au grand dam de J.-P. Petit qui devrait tout de même se dire que J.Pollion est un bien curieux nom...
En 2002, J.-P. Petit faisait encore de la publicité sur son site pour les Umnites, activité qu'il abandonna semble-t-il durant 4 ans avant de remettre le dossier Umnite sur la table, prétendant toujours y trouver son inspiration...
Il justifia ce revirement temporaire par une "auto-censure" suite aux nouvelles dispositions légales de la loi française concernant toute atteinte à la sécurité nationale ! (sic). En fait, Jean-Pierre Petit confond naïveté et liberté d'expression dans un Etat de droit. Comme quoi celui qui parle sur son site Internet de "la connerie des autres" et voit la paille dans l'oeil de son voisin ne voit pas la poutre dans le sien et les conneries qu'il transmet cette fois lui-même inconsciemment à la jeune génération. Sa naïveté prête à sourire.
|
3. Peter Kolosimo et l’Atlantide
On retrouve une démarche ambiguë analogue chez Peter Kolosimo[28] un auteur disposant d'une érudition scientifique certaine, qui témoigne dans "La Planète Inconnue" publiée en 1975 de l'existence de l'Atlantide dont parle Platon, qu'il situe au milieu de l'océan Atlantique Nord.
Pourtant lui aussi devrait savoir que la théorie de Wegener permet d'écarter cette fable. Où peut-il bien placer son continent légendaire quand on sait que les profils des différentes plaques tectoniques coïncident entre eux, empêchant l'existence d'un autre continent dans les éventuels interstices ? Reste les îles Caraïbes, les Bahamas ou les Açores... Mais là encore les chercheurs n'ont jamais rien révélé qui sorte de l'ordinaire, si ce n'est quelques galions espagnols. Plus récemment on a découvert de grandes allées pavées dans les eaux des Bahamas et des reliefs sous-marines que certains ont interpretés comme étant les restes de la cité engloutie mais tous les experts ne sont pas unanimes et on n'y retrouve pas les descriptions de Platon.
Kolosimo raconte qu'avant l'engloutissement de l'Atlantide, des pilotes atlantes auraient décollé à bord de "fusées scintillantes". Historiquement parlant, si le sage athénien Solon (640-558 ACN) a bien recueilli certaines légendes atlantes auprès des prêtes égyptiens, ceux-ci n'ont jamais fait état de "fusées scintillantes". Si cela avait existé, les prêtes l'auraient certainement consigné sous une forme ou une autre. Or, il n'existe aucune trace de tels objets.
L'art des civilisations disparues, l'étude des langues conceptuelles mortes et la culture des premiers hommes posent suffisamment d'énigmes aux spécialistes sans qu'il faille "en rajouter" avec des récits naïfs relatant la construction des statues de l'île de Pâques, révélant le mystère des Pyramides ou des "pistes" de Nasca.
Cet amalgame des détails ordinaires et des interprétations mystiques, alliés à une imprudente imprécision des comptes-rendus journalistiques ou scientifiques, desservent l'oeuvre de la science. Du coup les meilleurs esprits doivent faire face à des énigmes qui restèrent longtemps insolubles ou qui le sont encore, tel le planétarium portatif[29]découvert près d'Antikythèra qui date du 1er siècle après Jésus-Christ (découverte sous-marine, Grèce, 1900) et contenant 33 engrenages dont un différentiel, le crâne de cristal découvert au Honduras britannique (canular) ou la découverte de piles électriques à Ctésiphon datant de 200 ans avant Jésus-Christ (Wilhelm Konig, 1938).
A lire : Hérétiques
Les découvertes impossibles (conservez votre sens critique !)
|
4. Cyril Hoskins alias T.Lobsang Rampa
En 1956, Tuesday Lobsang Rampa, publia son fameux livre d’aventure tibétaine “Le Troisième oeil” dans lequel il racontait comment il avait été initié aux pouvoirs ésotériques et la manière dont son enveloppe charnelle avait reçu l'esprit de Rampa. Il raconta ses aventures astrales, son voyage sur Vénus à bord d'une soucoupe volante et comment il découvrit grâce à des Lamas une cité perdue dans les montagnes Himalayennes de Shan Lan où il explora “La caverne des anciens”, découvrit ses lumières irréelles qui ne nécessitaient aucun entretien et ses artefacts du futur. Tout le monde voulut y croire, y compris l’un de mes professeurs Jésuites. Des journalistes iront jusqu’à questionner le Dalaï Lama sur l'histoire de Rampa, qui avoua ne pas connaître l'homme.
Le récit de "La caverne des anciens" fut soumis à la critique d'experts américains (dont j'ignore les qualifications). La moitié d'entre eux jugea le récit authentique, l'autre moitié... considéra qu'il s'agissait d'une supercherie !
L'opinion des seconds fut confirmé le jour où des étudiants tibétains engagèrent le détective Clifford Burgess pour faire toute la lumière sur cette affaire. Son enquête sera publiée en 1958 dans le magazine Tomorrow, 6, p9-13, sous le titre "The Tibetan Lama Hoax", le canular du Lama Tibétain.
Il apparut en effet que l'auteur n'avait jamais vécu au Tibet et que toute son histoire n'était que fabulation. De son véritable nom Cyril Henry Hoskins, il était né dans le Devon, en Angleterre, son père s'appelant Joseph Henry Hopkins. Cyril étudia les sciences occultes durant ses temps libres, se rasa la tête et pris le nom de "Dr Kuan-suo". Ses aventures étaient décidement trop belles pour être vraies ! Une mise en garde fut à nouveau publiée en 1974 dans "Tibet Society Bulletin".
Cyril Hoskins mourut en 1981 non sans avoir publié douze romans qui continuent de faire rêver les lecteurs. Mais même après sa mort il fait encore parler de lui comme en témoigne le certificat de participation présenté ci-dessous à droite édité par la NASA en toute bonne foi pour commémorer les missions d'exploration de Mars.
Bien qu'il ait été prévenu, l'administrateur du projet Edward J.Weiler n'a pas jugé bon de retirer le faux certificat. En fait tous les patronymes sont acceptés car on retrouve même celui de ... Genghis Kahn ! A se demander si la NASA dispose d'un contrôle qualité et ne devient pas une société folklorique car elle propose ce genre de certificat pour toutes les missions spatiales qu'elle organise, une manière amusante sans doute de susciter des vocations !
|
Le site Internet Lobsang Rampa est également dédié à l'oeuvre de cet auteur et continue à propager la rumeur, niant la vérité en disant qu'il s'agit d'un moine bouddhiste né au Tibet, docteur en médecine, etc.
Pour sa part le jeune Canadien Daniel W. Harris dit Dan Harris qui soi-disant connaissait bien la famille Rampa a participé à cette fabulation en publiant un dossier sur ce "lama tibétain" mais il a depuis essuyé tant de critiques qu'il a supprimé la page concernée sur son site. Il n'a pas pour autant abandonné l'idée de supporter cet écrivain sur des sites consacrés aux OVNI tel SETIUFO...
Ici nous touchons à la pataphysique d'Alfred Jarry et à toutes les croyances qui soutiennent les doctrines philosophiques ou religieuses. Si les objets décrits dans certains de ces livres ne sont pas imaginaires, mis à part ceux de Cyril Hoskins, les comptes-rendus en revanche manquent parfois d'objectivité et de preuves. Tous ces actes déforcent l'oeuvre de la science et émoussent le sens critique des lecteurs.
Gardons-nous de poser un jugement de valeur sans plus de considérations. Veillons également à ce que de telles idées pseudoscientifiques ne franchissent jamais la porte des écoles sous la bénédiction de l'enseignement public. Ainsi quand j'avais 12 ans, c'était un père Jésuite qui meublait l'absence d'un professeur en nous lisant le "Troisième oeil". De telles erreurs de conduite peuvent influencer les adolescents dans un sens assez inattendu quoique prévisible... Combien d'entre nous n'ont pas cru à toutes ces histoires étant écolier. Il nous a fallut une bonne dose de sens critique pour les remettre en question et certains n'y sont toujours pas parvenus.
Cela nous amène à discuter des sectes et de ces illuminés soi-disant contactés par des extraterrestres car leur impact sur la société est loin d’être innocent.
Une religion de l'âge spatial (VIII)
Le trouble suscité par certaines découvertes tendancieuses, le mutisme des autorités, l'influence de la littérature profane ou sacrée, la publicité, le marketing, l'exploitation médiatique ou politique du phénomène et un excès de naïveté sont autant de vecteurs sociologiques du phénomène OVNI. Ils transforment alors des motivations légitimes en une quête du Saint Graal qui s'empare des esprits les plus originaux et les plus abstraits.
Le célèbre mathématicien Alexandre Grothendieck, lauréat de la médaille Fields en 1966 s'est ainsi perdu dans ses rêves messianiques. Aujourd'hui, loin de ses "Récoltes et sémailles" mathématiques[30] s'il vit encore, il parle à Dieu et aux anges... Sa disparition est ressentie comme une grande perte pour la Science.
On retrouve ce comportement excentrique chez certains ufologues qui supplantent la science par une nouvelle approche de la réalité qui mêle le religieux et le profane. Cette relation n'est pas étonnante. Ainsi que nous l'avons évoqué, les théogonies, qu'elles soient chrétienne, juive, musulmane, taoïste, hindoue, bouddhiste ou autre Zohar mais nous pouvons étendre le cadre au chamanisme, toutes professent la pluralité des mondes habités, même si la religion catholique s'interroge sur la "docte ignorance" ou la rédemption des peuples des autres mondes[31].
Toutes ces croyances n'ont aucun a priori négatif envers les OVNI. On ne s'étonnera donc pas qu'à travers toutes ces influences, tissant un réseau complexe d'interactions conceptuelles, des groupuscules et des sectes adhèrent avec convictions à la thèse extraterrestre.
Ainsi que le décrit Jean-Pierre Troadec[32], responsable de la Fédération Française d'Ufologie, il existe un certain nombre de sectes dont le gourou prétend mordicus avoir rencontré des extraterrestres, emboîtant d'un pas assuré la démarche d'Adamski et de Bethurum qui déplaçaient toujours les foules de profanes crédules, prêts à embarquer dans la prochaine soucoupe volante :
- L'Association de recherche psycho-scientifique de la comtesse d'Oultremont (B)
- Le groupe Speer (D)
- Le mouvement Raëlien de Claude Vorilhon (F)
- Le Mandarom de Gilbert Bourdin (F)
- La Fraternité mondiale d'Enseignements des Maîtres Cosmiques (CH)
- La société Aetherius de George King (GB)
- Le Collège de la Sagesse Universelle de George Van Tassel (USA)
- La fondation Unarius de Ruth Norman (USA), etc.
Si le gourou a un tant soi peu de charisme, est convaincant, prolifique et imaginatif, il peut espérer rassembler plusieurs milliers d’adeptes à chacune de ses apparitions. Tous sont en extase devant leur gourou qui s'empresse de leur transmettre son message par voie verbale ou écrite, leur racontant ses randonnées sidérales lors de réunions vouées au culte des "Sept Lumières", des "êtres supracélestes" ou du "Peuple de l'espace". Aujourd’hui, avec l’explosion de l’informatique domestique, la plupart de ces sectes ont également un site sur Internet, hors de tout contrôle.
1. Adamski
Aux Etats-Unis, des millions de fanatiques adhèrent à ces associations. Le célèbre Adamski[33] qui, au passage, se présentait comme philosophe, étudiant et professeur, prétendit avoir eu la visite de Vénusiens. Quand on sait combien Vénus est inhospitalière, son récit en devient d'autant plus folklorique : "C'est le jeudi 20 novembre 1952, à midi et demi, que je rencontrai un homme venant d'un autre monde. Il était arrivé sur Terre dans son vaisseau spatial, [un objet volant en forme de cigare, argenté, sans ailes, sans appendices], une soucoupe volante qu'il appelait un Navire Eclaireur, [...]. La beauté de cet homme dépassait tout ce que j'avais pu imaginer. Son visage était radieux,[...] Il avait des cheveux blonds cendrés largement ondulés, plus brillants que ceux d'une jolie femme,[...] Il traça une orbite, puis une deuxième et, plaçant sa main gauche sur son coeur il montra de la main droite la seconde orbite[...] Puis, lui aussi, articula le mot "Vénus"..."
George Adamski déclarait avoir voyagé dans le système solaire, observé des villes sur la face cachée de la Lune et prétendait que notre satellite disposait d'une atmosphère tout à fait respirable. En admettant qu'il ait raison, si la NASA avait pris connaissance de ces découvertes, en 1969 Armstrong et Aldrin se seraient bien passés de leur scaphandre ! Mais il est plus étonnant encore que cet extraterrestre comprenait et parlait anglais et disposait d'une culture occidentale !
|
En fait, mais faut-il encore le préciser, Adamski était un adepte de la mystification. Simple magasinier dans une cafétéria du Mont Palomar, un haut-lieu de l'astronomie, il avait déjà écrit plusieurs opuscules dans les années cinquante, essayant de propager la philosophie d'un "ordre royal du Tibet". Voyant que cela ne marchait pas très bien, il publia en 1953 son fameux livre "Les Soucoupes Volantes ont atterri" qui relatait ses escapades sidérales avec des Saturniens et des Jupitériens ainsi que le compte-rendu de ses rencontres avec les sages Vénusiens. Nous étions en pleine vague américaine et son ouvrage eur le succès escompté. L'avocat new-yorkais Jules B. Saint-Germain lui proposera même des photographies truquées d'OVNI qu'il alléguera comme preuve de la sincérité de son discours. Confronté publiquement à J.Saint-Germain devant la télévision, il nia et continua à croire mordicus aux extraterrestres !
Malheureusement il faut revenir sur Terre. Grâce aux sondes spatiales envoyées en mission d'exploration dans tout le système solaire depuis les années 60' nous savons qu'il n'existe aucune planète "derrière" le Soleil, aucune possibilité de vie sur Vénus - il fait 485°C sous une pression de 93 atmosphères -, aucune base avancée sur Jupiter ou Saturne et la Lune est un désert minéral dépourvu d'atmosphère. Mais ne sommes-nous pas en train de prêcher dans le désert ...? Comme le dira Adamski pour sa défense, "les images soviétiques ont certainement été retouchées". Bien sûr, George, bien sûr.
2. Gabriel Green
Ce fanatisme est arrivé à un point tel qu'en 1962, le candidat au siège de sénateur de Californie Gabriel Green[34], fonda la "Ligue des Clubs Américains de Soucoupes Volantes" ! Fort de ses 171000 adhérents, il prétendait avoir été en contact avec des extraterrestres.
Pour inciter les gens à voter pour lui, il publia une affiche présentée à gauche naïvement illustrée avec une soucoupe volante et une fusée, sur laquelle on pouvait lire les points forts de son programme. A côté de la protection des valeurs universelles et de la liberté, il proposait par exemple : "Le Progrès au lieu du Bavardage,[...]
Une chance pour ses compatriotes, malgré une récidive en 1972, Green ne fut jamais élu.
3. George Van Tassel
Ces excentriques sont donc capables de rassembler les foules et représentent un risque potentiel de déstabilisation sociale. Sur le plan privé, dans les années cinquante, George Van Tassel[35], un homme de 44 ans dirigeant l'aéroport de Giant Rock, dans le désert de Mojave fut, selon ses propos, par deux fois "l'hôte d'un vaisseau extraterrestre". De cette “révélation” sortit de presse un petit fascicule de 52 pages révélant à l’humanité le message que lui transmirent les représentants du “Royaume de Schare” au “Conseil des sept Lumières”. Illuminé par cette rencontre, il fut vraisemblablement frappé par un coup de Soleil. L'oeil supervisant le bon acheminement du pain bénit de ses fidèles, il construisit selon des plans dictés par le Peuple de l'espace, un dôme haut de 15m comportant une armature électrostatique de 16.5m de diamètre qu'il appela "l'Intégratron" dans le but disait-il, de "rajeunir les vieux et d'empêcher les jeunes de vieillir".
Cette machine suscita la passion des foules. Au printemps 1954, il organisa la première "Convention de l'espace" qui rassembla plus de 5000 adeptes prêts à écouter le message des conférenciers, parmi lesquels nous retrouvons Adamski et Bethurum. La nuit tombée, ils attendirent en vain quelque chose, un engin spatial paraît-il qui était en orbite autour de la Terre.
|
Van Tassel restera une figure emblématique de ces excentricités. Débordant d'imagination il écrivit une vingtaine de livres sur ses aventures extraterrestres, participa à 409 émissions de radio et de télévision et tenu 297 conférences sur l'ufologie. A sa mort en 1978, on n'entendit plus parlé du “Royaume de Schare” et son Intégratron ne sera jamais achevé. Comme on le dit familièrement, pour ceux qui en doute encore, c'était une vaste fumisterie, tout comme le sont les propos de Claude Vorhilon leader de la secte Raëlienne ou de ses porte-paroles.
Plus originale encore est la secte, pardon, la "Fondation Educative Unarius" fondée en 1954 non loin de San Diego, en Californie, par Ruth et Ernest Norman, peu de temps après leur mariage.
Tous deux prétendaient détenir un titre de "Docteur" et voulaient être considérés comme des "visionnaires cosmiques". Ernest est décédé en 1971 et son épouse Ruth qui se faisait appeler Uriel est décédée en 1993. Dans le contexte de leur action, les dirigeants actuels préfèrent dire que les fondateurs de l'organisation ne sont pas morts mais ont accompli leur "transition".
Leur œuvre a malgré tout perduré. Suite au décès d'Uriel l'organisation a récemment et pompeusement été rebaptisée "Unarius Academy of Science".
Uriel prétendait avoir reçu des messages "d'êtres supracélestes" pour l'aider à résoudre les problèmes de l'humanité. Grâce à leur enseignement, les humains seraient capables d'accéder à un savoir spirituel supérieur. Mais tout cela devait se réaliser "avant l'arrivée des 33 vaisseaux de la Confédération interplanétaire" qui devaient se poser à San Diego en... 2001.
Mais cela ne s'est pas produit. Prétextant avoir une passion pour le sujet, j'ai questionné les nouveaux dirigeants en avril 2005 pour savoir s'ils connaissaient les raisons pour lesquelles la flottille de vaisseaux extraterrestres n’avait pas été au rendez-vous…
Voici ce que Carol Robinson me répondit au nom d'Unarius : "Bien que les Unariens aient exprimé leur attente et leur espoir de voir atterrir les Frères de l'Espace en 2001, il a toujours été considéré qu'un atterrissage ne pouvait pas se produire tant que le peuple de la Terre n'étendrait pas un "tapis de bienvenue" mental. C'est pourquoi l'atterrissage n'a pas eu lieu en 2001, et à la réflexion les raisons deviennent évidentes : le peuple de la Terre n'était pas prêt à recevoir des peuples avancés d'une autre planète. C'est bien sûr évident lorsque vous considérez l'état des affaires de notre monde d'aujourd'hui. Toutefois, lorsque les dirigeants de notre monde seront enclins à accepter l'idée d'un atterrissage et ouverts aux nouvelles idées que ces Frères de l'Espace plus évolués peuvent apporter à notre monde, alors un atterrissage ne sera pas seulement possible, mais il deviendra une réalité.
Depuis 2001, les Frères de l'Espace nous ont assuré à travers des contacts mentaux que l'atterrissage se produira. Ces mises à jour sont disponibles sur notre site web (rubrique The Landing). Jusqu'à présent, l'époque ou le cycle pour un atterrissage n'est pas propice, mais à mesure que plus de personnes seront ouvertes à leur voix intérieure, à l'Esprit, le contact avec les gens des autres planètes aura lieu, prouvant une fois pour toute que nous ne sommes pas seuls dans l'univers. Dans la Lumière, Carol. Pour l'Académie."
A travers cette réponse et d'autres articles disponibles sur leur site, les dirigeants d'Unarius continuent à prétendre qu'ils communiquent avec les "Frères de l’Espace" et que les extraterrestres sont parmi nous, interviews à l'appui ! Zut alors, CNN a raté un scoop ! Quant à ceux ou celles qui croyaient naïvement que ce rendez-vous avorté s'expliquait par la perte du plan d'arrivée sur Terre ou que nos visiteurs avaient connu une panne d'essence, dites-vous plutôt qu’ils ont perdu... un boulon !
Aujourd’hui ses responsables donnent des conférences dans le but avoué d’ "enseigner la psychodynamique interdimensionnelle de l’esprit", dixit Carol. Cela nous rassure !
Ces "contactés" propagent une philosophie que certaines personnes naïves et la plus jeune génération prennent au pied de la lettre. Si des personnes peuvent croire que des êtres extraterrestres viennent nous rendre visite, si ce sentiment peut les aider à surmonter les difficultés de la vie, n'y voyons aucun mal. Chacun peut se détourner des problèmes sociaux et économiques qui minent sa vie, divorce, faillite, chômage, inflation, etc., et rechercher la tranquillité dans l'ufologie, comme d'autres se passionnent pour la pêche ou l'informatique.
La situation est en revanche différente si les gens sont abusés, trompés ou victimes de leur interlocuteur. Si les admirateurs sont victimes des manigances de leur gourou, dans ce cas les auteurs sont civilement punissables.
5. La secte du Mandarom
La trop célèbre secte du Mandarom fut l'une d'entre elles. Ce cas, dramatique pour certains de ses membres, devait être relaté puisqu'il touchait une fervente secte messagère du monde des étoiles.
Centrée autour de Gilbert Bourdin, cet ancien instituteur et fonctionnaire du ministère français des Finances était né en 1920 et s’intéressa à l’ésotérisme en 1960. En 1990, il se faisait passer pour « le Christ sur Terre ». Grâce à des subventions publiques et le pain béni de ses ouailles, il acquit un terrain de 5 ha sur la commune de Castellane dans les Alpes-de-Hautes-Provence (F) où il fit construire un temple dans lequel afflua toute une population d’adeptes conquis par ses préceptes.
C’est avec l’érection d’une statue monumentale construite sans permis de bâtir et représentant le « Messie cosmoplanétaire de synthèse » que la population et le maire se rendirent compte qu’ils avaient été abusés.
Mais plus grave, à faire chaque nuit la guerre aux extraterrestres, à endoctriner ses adeptes et à violer les jeunes femmes, Gilbert Bourdin finit par se considérer au-dessus des lois de ce monde.
Alors que les victimes pouvaient témoigner que leur “messie cosmoplanétaire” était un violeur, intolérant et prêt à séquestrer ses ouailles pour défendre son message, en 1995 la justice était encore aveugle au point de condamner en référé deux journalistes qui avaient publié aux éditions TF1 un ouvrage intitulé "Mandarom : une victime témoigne" expliquant les moeurs et la supercherie de Gilbert Bourdin. Malgré le témoignage d’une victime, ils seront condamnés à 10000 FF d’amende pour avoir "porté atteinte à la présomption d’innocence de Gilbert Bourdin" !
En 1998, Gilbert Bourdin sera heureusement mis en examen pour viol mais il mourut quelques mois plus tard avant de comparaître aux assises, à l’âge 74 ans. En 2001, par décision du tribunal, la statue fut démolie et la secte condamnée à payer plusieurs millions de francs à l’Etat français. Aujourd’hui, la secte semble avoir été dissoute, une situation que l’on ne peut qu’applaudir.
Malheureusement un cas similaire se reproduit avec le mouvement ou plutôt la secte Raëlienne qui se vente publiquement d'aller contre les règles établies, mélangeant impunément viols collectifs, message messianique et supercheries pour asseoir son autorité et étendre sa renommée. Mais cette fois le public n’est pas dupe et même sur les groupes de discussions sur Internet, les rares défenseurs des idées Raëliennes sont pris à partie et priés d'aller voir ailleurs.
De façon générale, le Dr Hynek voyait juste en classant séparément les "contactés" : "ils se croient souvent chargés divinement de diffuser un message, provoquant la risée des scientifiques et du public, renforçant l'image populaire des "Martiens" et le côté science-fiction du problème". Il manque seulement une précision dans cette description qu'Hynek ne pouvait pas connaître à l'époque de ses recherches. Hynek ignorait que certaines sectes vouées à la cause extraterrestre sont dangereuses et endoctrinent leurs membres au point de les sacrifier pour défendre leur cause. Elles sont malheureusement déguisées sous un verni flatteur et le pouvoir exécutif est souvent impuissant à les démasquer quand il n’est pas contré par le législateur ainsi que nous l’avons vu.
Conspiration et désillusion
Quand il ne s’agit pas de conspiration soi-disant orchestrée par les autorités, ces illuminés croient volontiers qu’Einstein, Elvis Presley ou Michael Jackson était un extraterrestre, comme si le génie n’était pas de nature humaine ! Et même le Christ serait de cet acabit. Cette attitude irrationnelle se retrouve aujourd’hui dans la philosophie du New Age et même le cinéma qui mélange sans précaution toutes ces données.
Si dans le fond ce mouvement cherche à s’écarter d’un matérialisme trop superficiel ou contraignant pour certains en ce nouveau millénaire, le New Age encourage ses adeptes à développer leur spiritualité et celle de l’humanité et à rechercher le lien qui les unit au cosmos. Belle philosophie de vie mais qui trop souvent fait des enfants et des personnes peu éduquées et naïves les premières victimes d’adultes opportunistes et pervers. Ces victimes, trop enthousiasmées par l'intérêt apparent qu'elles suscitent auprès de ces gourous ou leurs servants tombent sans s'en rendre compte dans un piège sectaire et mercantile. Elles sont si peu critiques qu’elles y perdent leur personnalité et parfois la vie. Conspiration ou désillusion ? Sans doute les deux.
Dans ce monde irrationnel qui allie l'excentrique au doux dingue, il reste une place pour les "Hommes en Noirs" - dont s’est inspiré le film à succès du même nom, MIB - des visiteurs tout de noir vêtu, portant une chemise blanche et totalement imberbes qui se présentèrent chez une trentaine de personnes en 1976. Ils montraient tous les signes d'un comportement "extraterrestre" : air mystérieux et grave, pas de sentiments, étonnement devant des ustensiles courants, discours énigmatique, etc.
L'Américain Herbert Hopkins, hypnotiseur-conseil reçut l'un de ses visiteurs à son cabinet. Fort intimidé par sa présence, il l'aurait entendu dire : "Mon énergie diminue. Je dois partir maintenant. Adieu". Après une tentative du FBI d'y voir un complot politique, les quelques dizaines de rencontres de ce type sont aujourd'hui considérées comme le résultat d'un petit jeu auquel se sont amusés quelques plaisantins. C'est malheureusement ça aussi les OVNI.
Enfin, complémentaire de l'étude sociologique, n'oublions pas la nature psychopathologique du phénomène OVNI. Des personnes ont pu être victimes d'hallucinations ou d'hystérie, suite à des maladies mentales, l'injection de drogues, d'effets secondaires liés au surmenage, etc. Ces troubles de la conscience peuvent expliquer certaines observations isolées mais n'expliquent certes pas les observations groupées, faites par des témoins séparés qui ne se connaissent pas. Cette hypothèse tombe également lorsqu'il s'agit de rencontres du 2eme type, avec des traces au sol ou des mesures physiques.
Enfin, les autorités ont parfois sciemment participé à cette hystérie autour des extraterrestres. C’est le cas de l’affaire Roswell sur laquelle nous reviendrons et la célèbre "Zone 51" contrôlée par la CIA et l’USAF.