Gaïa

 

Gaïa

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Éon et Tellus (Gaïa) entourée de quatre enfants, peut-être les saisons personnifiées, mosaïque romaine d'une villa de Sentinum, début IIIe siècle, Glyptothèque de Munich (Inv. W504)

Dans la mythologie grecque, Gaïa (du grec ancien : Γαῖα / Gaîa ou Γαῖη / Gaîê), ou (du grec ancien : Γῆ / Gễ, « terre »), est une déesse primordiale identifiée à la « Déesse mère ». Elle est l'ancêtre maternelle des races divines, mais enfante aussi de nombreuses créatures. Elle apparaît en outre comme une divinité chtonienne que l'on invoquait ou à laquelle on sacrifiait des victimes de couleur claire en même temps qu'aux autres puissances infernales, telles qu'Hadès, Perséphone, Hécate ou celles de la Nuit.

Mythe[modifier | modifier le code]

Elle est largement évoquée dans la Théogonie d'Hésiode : au commencement est le Chaos, une profonde crevasse, suivie par Gaïa et Éros (l'Amour).

Gaïa donne naissance dans un premier temps (sans intervention mâle) à Ouranos (le Ciel), Pontos (le Flot marin) et à Ouréa (les Montagnes et les Monts). Unie à Ouranos, elle donne ensuite naissance aux Titans et Titanides (divinités de très grande taille), ainsi qu'aux Cyclopes (bâtisseurs de murs colossaux, n'ayant qu'un œil au milieu du front) et aux Hécatonchires (monstres possédant 50 têtes et 100 bras). Ouranos obligeait Gaïa à garder leurs enfants en son ventre, sinon il les jetait dans le Tartare.

Le dernier des Titans (Cronos), finit par émasculer son père à l'aide d'une faucille d'airain que lui a fourni sa mère. Le sang d'Ouranos féconde alors Gaïa, laquelle enfante les Érinyes, les Géants.

Fécondée ensuite par son fils Pontos, elle engendre les divinités marines primordiales : Nérée (qu'Hésiode, dans sa Théogonie, v. 233/234, fait plutôt naitre du seul Pontos), puis Thaumas, Phorcys, Céto et Eurybie. Avec Tartare, elle donne naissance à Typhon et, selon le pseudo-Apollodore, à Échidna. Plusieurs autres maternités lui sont également attribuées.

Descendance[modifier | modifier le code]

Les principaux enfants cités par les traditions posthésiodiques sont :

On lui reconnaissait en outre la maternité parthénogénétique de lointains héros fondateurs ou premiers hommes, tels que :

Et aussi des peuples mythiques entiers :

Assimilations[modifier | modifier le code]

La Terre-Mère des anciens est presque toujours désignée sous les noms de Gaïa ou Gê en Grèce, de Tellus ou de Terra-Mater chez les Romains, tous considérés comme des traductions littérales du mot « Terre ». Mais au gré des traditions tardives, elle se confond, notamment chez les poètes, avec d'autres puissances fécondatrices, telles la déesse-mère phrygienne Cybèle (plus fréquemment assimilée à la Rhéa grecque) ou la déesse du foyer Hestia ou Vesta (notamment dans les Fastes du poète latin Ovide). Eschyle considère pour sa part qu'elle ne fait qu'une avec Thémis (Prométhée enchaîné) et les traditions orphiques la désignent volontiers sous le vocable de Chthon en tant que puissance infernale (divers orphiques).

Dans la tradition gnostique au sens le plus élargi, la Terre-Mère est formée de l'Éon Achamoth (ou Sophia-Terrestre, la sagesse), rejetée du Plérôme où l'engendra à elle seule l'Éon Sophia du Dodécade (sans appoint de son pendant mâle, Thélêtos (ou Christos) la volonté). Elle erre ainsi, disséminant à travers le Kérôme, et ne faisant bientôt plus qu'un tout avec le plan terrestre[1].

Gaïa est assimilée au dieu de la Terre égyptien Geb.

Interprétation[modifier | modifier le code]

En tant que divinité première, Gaïa est, d'une certaine manière, la gardienne du pouvoir divin : c'est elle qui provoque la rébellion de Cronos contre Ouranos et celle de son petit-fils Zeus contre Cronos, en une certaine quête du souverain parfait ; mais elle dresse aussi ses fils monstrueux, les Géants et Typhon, contre Zeus, mutineries vouées à l'échec. De cette façon, les Grecs ont voulu sans doute représenter les deux aspects de la nature : capable de créer la beauté harmonieuse, mais également capable de faire resurgir le chaos originel.

Elle est aussi la première divinité qui pouvait prédire l'avenir, notamment à Delphes, où elle sera finalement remplacée par Thémis puis Phœbé (Eschyle, les Euménides, 1 et suiv.) puis par Apollon. Mais d'autres traditions affirment qu'elle a été remplacée directement par Apollon après que celui-ci eut percé de ses flèches le dragon Python, gardien du sanctuaire de Gaïa (Hymne homérique à Apollon), né de cette dernière et du dieu-fleuve Nil juste après le déluge (Ovide, Métamorphoses, 1).

Lovelock et l'hypothèse Gaïa[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Hypothèse Gaïa et Théories Gaïa.

Pour illustrer sa théorie — appelée hypothèse Gaïa —, l'écologiste anglais James Lovelock utilise, dès 1970, le nom et l'image de la déesse mère Gaïa, personnifiant « la Terre comme un être vivant » (titre de son ouvrage fondateur). Selon lui, la Terre est un système intelligent, s'autorégulant, et voulant permettre le développement de la Vie, objectif permis au moyen des lois gaïennes.

À sa suite, des courants du New Age revendiquent la notion et développent des théories Gaïa.

Hommage[modifier | modifier le code]

Gaïa est l'une des 1 038 femmes dont le nom figure sur l'oeuvre contemporaine The Dinner Party de Judy Chicago. Elle y est associée à la Déesse primordiale, première convive de l'aile I de la table.[2]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Références[modifier | modifier le code]



26/10/2013
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