Combustion spontanée

Combustion spontanée

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On parle de combustion spontanée d'un corps quand celui-ci prend feu sans qu'il soit enflammé. Par exemple l'huile a une température de combustion spontanée de 180 degrés Celsius, et le papier de 233 degrés Celsius, températures auxquelles ils s'enflamment. On parle aussi d' autocombustion, ou combustion humaine spontanée, lorsqu'une personne prend feu sans cause apparente. Ce phénomène, connu à travers de très rares témoignages difficilement vérifiables, est également proposé comme explication pour les cas, rares également, de corps réduits en cendres, découverts dans un environnement intact ou presque. Le caractère « spontané » de la combustion est rejeté quasi-unanimement par la communauté scientifique. On tend plutôt à penser à des accidents par « effet de mèche ».

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Description[modifier]

Dans le dictionnaire de médecine usuelle, le docteur Lagasquie donne de la combustion humaine spontanée la définition suivante :

« Accidents rares, mais avérés, dans lesquels, avec ou sans la présence d'une matière quelconque en ignition, le corps humain, plein de vie et de santé, s'enflamme, se brûle partiellement ou se consume en presque totalité. »[1]

On parle de combustion spontanée lorsqu'un être humain brûle « de l'intérieur » sans qu'aucun élément extérieur apparent soit en cause ; l'environnement reste intact ou peu touché, alors que le corps peut finir en cendres. La croyance en la possibilité d'un tel phénomène repose sur deux sortes d'incidents peu fréquents :

  • Témoignages de gens prétendant avoir vu de leurs propres yeux une personne prendre feu sans raison explicable : le phénomène est typiquement décrit comme très rapide, la personne atteinte semblant entrer en transe, mais le corps n'est pas systématiquement réduit en cendres. Deux cas récents (années 1950 et années 1980) concernant deux jeunes filles ayant « pris feu » respectivement dans une salle de bal et une discothèque n'ont pas fait disparaître les corps. La première victime serait morte de ses brûlures à l'hôpital et la seconde aurait survécu en gardant quelques traces. Les témoignages les plus anciens semblent remonter au XVIe siècle, où un certain chevalier Polonus Vorstius aurait pris feu à Milan sous le règne de la duchesse Bona Sforza[2] ; à la même période, on trouve la déposition auprès du Sénat académique de Copenhague du cas d'une personne morte après avoir craché des flammes[3]. Ces témoignages sont difficilement vérifiables : dans les rares cas récents, les sources ne citent pas les noms réels des victimes ni des témoins, ou ne citent aucun nom.
  • La découverte, en dehors de circonstances d'incendie, de cadavres entièrement ou partiellement réduits en cendres, fait qui a longtemps été considéré comme inexplicable. En effet, les incendies produisent généralement des dépouilles calcinées mais non entièrement consumées, et les os nécessitent, pour être entièrement détruits, une température de 1 650 degrés Celsius constante durant un certain temps[4]. L'incinération des dépouilles dans les fours modernes montre qu'il reste toujours quelques fragments d'os, réduits par la suite en poudre pour être mélangés aux cendres. De plus, il arrive souvent que la seule partie centrale du corps soit détruite, les extrémités restant intactes. En outre, la personne est parfois retrouvée dans une position naturelle, couchée dans son lit ou assise sur un fauteuil, donnant l'impression d'une disparition instantanée. Ces cas, constatés dans le passé, comme celui de la comtesse Cornelia di Bandi de Cesena, découverte en 1731 réduite en cendres dans sa chambre, exception faite de ses jambes (gainées de bas) et d'une partie de sa tête, sont également connus à l'époque moderne des services de police. Récemment « l'effet de mèche »[5] a été proposé comme explication (voir plus bas Une explication, l'effet de mèche).

Hypothèses diverses[modifier]

Dans les cas connus, il a été révélé que les victimes de combustion spontanée étaient souvent des personnes âgées et seules, ou de plus jeunes personnes suicidaires. Nombreux étaient alcooliques. Selon certains, leur état de santé grandement affaibli, ajouté à des facteurs psychologiques (dépression, solitude).

De nombreuses tentatives d’explication de bouleversements physiologiques ont été mises en avant, mais rien n’a dépassé le stade de l'hypothèse. L’un des plus grands spécialistes, un dénommé John Heymer, ex-enquêteur de police, expliquerait le phénomène par une réaction entre l’hydrogène au niveau des cellules.

Certains se penchent même sur l'hypothèse des mitochondries[6], partie de la cellule humaine servant à transformer les nutriments des aliments en énergie. Une défaillance dans la transformation de l'énergie pourrait résulter en une mini-explosion de la mitochondrie en question, ce qui entraînerait par le fait même une réaction en chaîne. En éclatant du fait d'un dysfonctionnement, la mitochondrie défaillante entraînerait les autres dans son explosion et, par la proximité très étroite des cellules humaines, l'embrasement de tout le corps, et uniquement le corps, puisqu'une cellule humaine est microscopique. En effet, la série d'explosions n'atteindrait pas les tissus ou matériaux environnants et pourrait tout aussi bien cesser d'elle-même avant d'atteindre les extrémités du corps.

Une explication farfelue apparaît dans un épisode de la série South Park : la combustion spontanée serait due à un trop-plein de méthane dans le corps humain. Ainsi, le meilleur moyen d'éviter une combustion serait d'expulser régulièrement le méthane par un pet. Cette explication n'est évidemment qu'une blague inventée pour les besoins de la série. Avec le relais d'autres séries comme X-files, elle prouve un intérêt des médias pour le phénomène.

Une explication, l'effet de mèche[modifier]

Les corps découverts entièrement ou partiellement réduits en cendres sont généralement présentés comme « inexplicables », donc impliquant une cause paranormale comme la combustion humaine spontanée, car ce phénomène ne s'observe habituellement pas en cas d'incendie ni après passage sur un bûcher funéraire ou dans un four crématoire : il reste une dépouille calcinée, ou au moins des fragments d’os. Or, des expériences ont montré que la réduction en cendres peut bel et bien se produire à la suite d'une mise à feu extérieure si certaines conditions sont réunies : il faut qu'il y ait embrasement à l'aide d'une petite quantité d'accélérant (produit hautement inflammable) ou d'une source ponctuelle de chaleur intense d'un cadavre vêtu suffisamment « gras », qui se consume ensuite lentement par effet de mèche. Le phénomène n'a donc rien de mystérieux.

Une de ces expériences, dans laquelle le « cadavre » est une carcasse de porc dont la répartition en graisse se rapproche de celle d'un humain, a été filmée et présentée dans un documentaire de la chaîne Discovery Channel[7]. Elle s'inspire d'un crime commis dans le sud de la France, dans lequel le corps d'une femme âgée avait été retrouvé presque entièrement réduit en cendres. Les coupables ayant été arrêtés, les circonstances de la mise à feu sont bien documentées : après avoir tué la victime lors d'une tentative de cambriolage, ils avaient versé sur le col de son vêtement le contenu d'une bouteille de parfum qui se trouvait à proximité, puis mis le feu au liquide avant de s'enfuir. Leur intention était d'incendier les lieux pour effacer toute trace de leur effraction ; mais le cadavre s'était consumé lentement à l'intérieur de la pièce close sans que le feu se communique à l'ensemble du local. La carcasse de porc fut placée dans un environnement reproduisant celui de la victime (tapis, meubles et télévision) pour rendre compte des traces (noircissement, déformation…) observées sur les lieux du crime à proximité du corps.

L'accélérant produit dans un premier temps une chaleur suffisante pour initier une combustion de la graisse mais, étant en faible quantité, il est vite épuisé et ne provoque pas d'incendie. C'est la graisse du corps qui prend le relais ; cette combustion, accompagnée de flammes très courtes, est propagée le long du corps par les vêtements, qui jouent le rôle de la mèche d'une bougie. Le processus, très long (plusieurs heures), nécessite une quantité suffisante de graisse, c'est pourquoi il touche en priorité la partie centrale du corps et peut laisser une partie des extrémités intactes. En dehors des crimes où la mise à feu est effectuée volontairement par le criminel, une mise à feu accidentelle à proximité d'une source de chaleur, telle une cigarette ou le foyer d'une cheminée, est envisageable après le décès naturel de la victime ou lorsque celle-ci se trouve dans l'incapacité de réagir, comme par exemple lors d'un coma éthylique[8].

Quelques cas connus[modifier]

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  • Comtesse Cornelia Bandi : Le premier cas rapporté a lieu en Italie, près de Vérone, en 1731. Après avoir regagné sa chambre après un dîner, la comtesse âgée de 62 ans est retrouvée en cendres (excepté bras et jambes) dans sa chambre remplie de suie.
  • Vieille dame de Caen : En 1782, une vieille dame est retrouvée en cendres.
  • Famille Rooney : À Noël 1885, une femme est retrouvée calcinée dans sa cuisine et son mari asphyxié.
  • En 1938, une jeune fille prend feu et meurt dans une salle de bal à Chelmsford en Angleterre.
  • George Turner : Le 7 avril 1958, à Upton-by-Chester en Angleterre, un homme se consume spontanément dans son camion. Deux autres cas eurent lieu le même jour, au même instant.
  • Helen Conway : En novembre 1964, à Upper Darby en Pennsylvanie, une femme de 51 ans est retrouvée incinérée sur son fauteuil, à l'exception de ses deux jambes intactes (après enquête, la photo a été prise une fois le buste enlevé par les ambulanciers et la combustion serait du à un endormissement cigarette allumée, ce cas ci n'est donc pas valable).
  • Dr. John Irving Bentley : un docteur de Coudersport, en Pennsylvanie, a été retrouvé le 5 décembre 1966 en cendres, provoquant un trou dans le plancher de sa salle de bain.
  • Robert Francis Bailey : Le 13 septembre 1967 à Londres, en Angleterre, un pompier retrouve un sans-abri nommé Bailey, en train de brûler au niveau de l’abdomen.
  • Ginette Kazmierczak : Une mère de famille seule, dans le bourg lorrain d'Uruffe en 1977, est retrouvée carbonisée dans sa chambre. Seuls ses bras et ses jambes sont intacts.
  • Beatrice Oczki : Lors du week end de Thanksgiving en 1979, une femme de 51 ans est retrouvée carbonisée chez elle, aux États-Unis.
  • En 1980, une jeune anglaise brûle dans une discothèque à Darlington.
  • George I. Mott : Le 26 mars 1986 à Ticonderoga aux États-Unis, un ancien pompier de 58 ans est retrouvé complètement calciné sur son lit.
  • Mary Reeser : En Floride, en 1951, une femme de 67 ans est retrouvée en cendres dans son appartement. Les experts ont évalué qu’une température de 2 500 degrés Celsius pendant une durée de 3 heures était nécessaire à une telle combustion. Des experts en pyromanie, des pathologistes et des agents du FBI n’ont pas trouvé d’explication.
  • Jeannie Saffin: survenue à Edmonton, dans les faubourgs de Londres le 15 septembre 1982. Jack Saffin était assis dans sa cuisine avec sa fille quand il aperçut un éclair lumineux. Il se retourne et il vit que le visage et les mains de sa celle-ci étaient en feu. Jeannie succomba à ses brûlures huit jours plus tard.

Dans les arts[modifier]

Littérature[modifier]

L'utilisation la plus célèbre du mythe en littérature est celle qu'en fit Charles Dickens à propos de la mort de l'ivrogne Krook dans son roman Bleak House (1852), traduction de Sylvère Monod :

« Voici les reste calcinés d'une petite liasse de papiers, mais ils sont d'une densité inhabituelle, car ils ont l'air d'être imprégnés de quelque chose. […] Oh, horreur, c'est LUI qui est ici ! et cette chose qui nous fait prendre la fuite […] c'est tout ce qui le représente. […] C'est la même mort éternellement naturelle, infuse, engendrée par les humeurs corrompues du corps vicié lui-même et de lui seul … la Combustion Spontanée[9]. »

Patricia Cornwell évoque le cas de Mary Reese dans le roman Combustion et avance l'hypothèse selon laquelle une fibre végétale - comme du coton - peut faire office de mèche et faire brûler lentement et à haute température les tissus humains.

Dans leur roman Le Violon du diable, Douglas Preston et Lincoln Child mettent en scène un meurtrier qui tente de faire passer ses meurtres pour des cas de combustion spontanée causés par le diable lui-même.

Émile Zola, dans son roman Le Docteur Pascal présente le cas d'un vieil ivrogne, quotidiennement imbibé d'eau de vie, qui se consume complétement. Par souci scientifique, Zola indique que c'est le tabac incandescent d'une pipe renversée qui est à l'origine de cette combustion, et que celle-ci a pu se propager à l'ensemble du corps par la présence massive d'alcool.

Autre roman dans la veine de la combustion spontanée d'un alcoolique à la chair imbibée d'alcool, Un Capitaine de quinze ans de Jules Verne.

Cinéma[modifier]

Notes et références[modifier]

  1. Combustion humaine spontanée in Dictionnaire de médecine usuelle, Didier, Paris, 1849 p. 416.
  2. Emile C. Schurmacher, Strange Unsolved Mysteries, Warner Paperback Library
  3. Thomas Bartholin, Historiarum Anatomicarum Rariorum
  4. (fr)Auto-combustion [archive] sur reguite.free.fr
  5. (fr)La combustion humaine spontanée [archive] sur www.charlatans.info. Consulté le 30 août 2010
  6. (fr)Article : Les chroniques de l’étrange. La combustion spontanée [archive] sur www.polyscope.qc.ca
  7. (en)Court extrait vidéo du documentaire (en anglais) [archive]
  8. (fr)Les combustions humaines : réalité biophysique ou mystère paranormal [archive] sur www.pseudo-sciences.org. Consulté le 30 août 2010
  9. La Maison d'Âpre-Vent, Gallimard, Pléiade, 1979, p. 547-548

Annexes[modifier]

Bibliographie[modifier]

  • (en) James Apjohn, Spontaneus combustion,in Cycoplédia of patrical medicine, Londres, 1833
  • A. Lagasqui, Combustion humaine spontanée in Dictionnaire de médecine usuelle, Didier, Paris, 1849 pp. 416-417.
  • Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, Tome 19, Masson et Asselin, Paris, 1876, pp. 269-292 Lien Gallica
  • Michael Harrison, Le feu qui vient du ciel, Éditions Albin Michel, Paris, 1980 (ISBN 2-226-00907-8)
  • Charles Fort, Le livre des damnés, Éditions Néo, 1989 (ISBN 2-7304-0527-5)

Articles connexes[modifier]

Liens externes[modifier]



12/08/2011
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