Civilisation maya - Partie 1
Civilisation maya
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La civilisation maya est une ancienne civilisation de Mésoamérique principalement connue pour ses avancées dans les domaines de l'écriture, de l'art, de l'architecture, des mathématiques et de l'astronomie. C'est une des civilisations précolombiennes les plus étudiées avec celles des Aztèques et des Incas.
Elle occupait à l'époque précolombienne les territoires correspondant actuellement à une partie du sud du Mexique, au Belize, au Guatemala, au Honduras et au Salvador.
C'est une des plus anciennes civilisations d'Amérique : ses origines remontent à la préhistoire et les premières constructions mayas ont été datées du IIIe millénaire av. J.-C.[1]. D'importantes cités-États mayas des Basses-Terres du sud, telles que Copán, Tikal ou Palenque, connurent leur niveau de développement le plus élevé à la période classique, entre le VIe et le IXe siècle de notre ère, avant d’être rapidement abandonnées entre la fin du VIIIe et du IXe siècle. D'autres cités subsistèrent ou se développèrent alors dans les Basses-Terres du nord ainsi que dans les Hautes-Terres du sud, avant d'entrer en décadence puis de disparaître peu après la conquête espagnole au XVIe siècle.
Le monde ne savait presque rien des Mayas il y a deux cents ans. La forêt avait repris ses droits sur la plupart de leurs cités, et, peu après la conquête espagnole, au XVIe et XVIIe siècles, les prêtres européens avaient brûlé la quasi-totalité des rares livres en écorce de figuier laissés par les Mayas.
Les premiers explorateurs à approcher les vestiges de la civilisation maya au XIXe siècle ont contribué à lui forger une image romantique mais bien différente de la réalité : « qui n’a pas entendu parler, par exemple, d’un ancien Empire maya, véritable âge d’or durant lequel un peuple laborieux et éminemment pacifique se serait adonné, dans le calme de ses cités protégées par la forêt dense, à la seule contemplation des astres [2]? ». De nos jours l’évolution des connaissances a permis de renverser cette vision simpliste et sans nuance. Car si les anciens Mayas étaient bâtisseurs, artistes et savants, ils n’en étaient pas moins résolument guerriers. Du fait de leur organisation politique en cités rivales, la comparaison des Mayas classiques avec les cités grecques de l’époque classique ou avec les cités italiennes de la Renaissance n'est pas inappropriée[3].
Contraintes archéologiques[modifier]
Pour des raisons à la fois environnementales et historiques, la connaissance et la compréhension de cette civilisation sont encore très fragmentaires. De larges zones d’ombre subsistent toujours malgré les efforts entrepris depuis sa redécouverte au XIXe siècle.
- L’aire civilisationnelle maya recouvre dans sa plus grande partie des terres situées en milieu tropical (les Basses-Terres du sud). Cet environnement sauvage et peu hospitalier n’a pas aidé à la conservation des ruines léguées par les anciens Mayas. Bien au contraire, la jungle envahissante a systématiquement repris possession des espaces dégagés. Les racines s’immisçant entre les blocs, la poussée végétale a fait exploser les bâtiments, réduisant souvent temples et palais en amoncellements de pierres. Les Hautes-Terres et les Basses-Terres du nord ont globalement été plus épargnées par ce phénomène. De surcroît le climat chaud et humide a semblablement contribué à faire disparaître les constructions en matériaux organiques et autres objets périssables qui auraient pu considérablement nous renseigner.
- Pendant longtemps et jusqu’à l’actualité la plus récente, le pays maya a été secoué par des troubles politiques qui ont régulièrement perturbé et ralenti le travail des archéologues. L’histoire agitée de l’Amérique latine dans la deuxième moitié du XXe siècle a eu des répercussions dans le pays maya. La guérilla marxiste et les revendications des peuples mayas contemporains n’ont pas facilité l’exploration et la fouille des sites archéologiques. Toutefois la remise du prix Nobel de la paix à Rigoberta Menchu Tum a relancé les espoirs de paix. Le Mexique tente aujourd’hui de réhabiliter son héritage précolombien et un musée consacré à la civilisation maya a été créé à Chetumal.
- De plus il faut prendre en compte que de nombreux et précieux témoignages ont été irrémédiablement perdus lors de la conquête espagnole. Suivant les conquistadores et cautionnant ainsi leur action, les missionnaires chrétiens ont cherché à éradiquer toute trace de culte païen parmi les Amérindiens. Les archives mayas, les fameux codex recelant des données inestimables concernant l’histoire et la science de la civilisation maya, ont été détruites lors d’autodafés comme celui de Maní en 1562.
Aire culturelle maya[modifier]
L’aire culturelle maya antique doit être distinguée de la zone de peuplement maya actuelle. Elle se définit comme étant le territoire couvert par les anciennes cités mayas, soit une surface globale d’environ 340 000 km² (approximativement la superficie de l’Allemagne).
Elle comprend :
- le sud-est du Mexique (États du Tabasco, Chiapas, Campêche, Yucatan et Quintana Roo)
- le Belize
- le Guatemala
- l’extrémité ouest du Honduras
- l’extrémité ouest du Salvador
On la divise traditionnellement en trois grandes régions, selon des critères climatiques et géologiques :
- la côte Pacifique
- les Hautes-Terres
- les Basses-Terres (du nord et du sud)
Ces zones écologiques correspondent grosso modo à des zones culturelles. Jusqu'il y a peu on considérait que le centre de gravité de la culture maya aurait suivi un déplacement géographique, du littoral Pacifique et Hautes-Terres du sud (Époque préclassique) vers les Basses-Terres du sud (Époque classique) puis les Basses-Terres du nord (Époque postclassique). Il serait néanmoins hâtif de céder à la tentation du déterminisme géographique car chacune de ces zones a participé à sa manière au développement de la civilisation maya. Au sein même de ces régions le rythme d’évolution a pu être très différent d’une cité à l’autre. Les recherches archéologiques récentes ont révélé que des les Basses-Terres méridionales ont connu un développement plus précoce qu'on ne le croyait il y a quelques dizaines d'années: des centres vastes et importants s'y sont développés dès le Préclassique[4].
Le littoral Pacifique[modifier]
Le littoral Pacifique est une longue bande d’une soixantaine de kilomètres de large qui s’étend de l’isthme de Tehuantepec à l’Ouest jusqu’au Salvador à l’Est. Coincée entre l’océan Pacifique et les montagnes de la Sierra Madre occidentale, cette plaine humide dispose des conditions idéales à l’établissement humain. Outre des facilités de communication, axe de passage et de migration, elle offre de nombreuses ressources naturelles telles qu’une terre fertile, un climat chaud et des pluies abondantes, du poisson, du sel et la possibilité de récolter le cacao (ressource qui jouera un rôle particulier dans toute la Mésoamérique).
Les Hautes-Terres[modifier]
Les Hautes-Terres se situent à une altitude supérieure à 800 mètres. Elles regroupent la chaîne de volcans courant parallèlement à la côte Pacifique et les plateaux voisins. Dans cette zone se rencontrent deux plaques tectoniques, subduction dont il résulte une forte activité sismique et volcanique. Le climat est cependant tempéré, le sol riche en phosphore (véritable engrais naturel) et le sous-sol recèle des gisements d’obsidienne, de basalte et de pierre verte comme la jadéite ou la serpentine.
Les Basses-Terres (du Nord et du Sud)[modifier]
Les Basses-Terres drainent une grande diversité écologique. On passe d’une forêt tropicale dense au Sud à une sorte brousse en remontant vers le Nord. Dans la jungle très humide les arbres atteignent entre 40 et 70 mètres de hauteur. La faune et la flore sont très variées. On y trouve notamment le jaguar et le quetzal, très recherchés, des cerfs, des dindons, des alligators, des oiseaux (toucans, perroquets appelés "Guacamaya"), l'ocelot… Les fleuves et rivières sont nombreux, le plus important d’entre eux étant l’Usumacinta. Ils servent à la fois de source d’eau potable et de voie de communication. Plus on progresse vers le Nord, plus l’eau et la végétation se font rares. Le sol remonte peu à peu vers le plateau calcaire du Yucatan et les pluies s’infiltrent profondément dans la terre, ne persistant pas à la surface. Sur la péninsule du Yucatan l’eau n’est donc accessible qu’à travers les cenote, trous vastes de plusieurs dizaines de mètres de diamètre s’ouvrant directement sur la nappe phréatique. Ces puits revêtiront une fonction rituelle spécifique comme lieux de passage vers l’Inframonde. Certaines cités sont installées au bord des fleuves mais les villes les plus anciennes (celles du dernier millénaire av. J.C., très puissantes) sont au bord de grands lacs aujourd'hui sédimentés ou qui n'existent plus que sous la forme de marécages temporaires (alimentés lors de la saison humide).
Histoire[modifier]
Origines[modifier]
Les origines des tribus mayas les plus anciennes se perdent dans la nuit des temps. Les manuscrits indigènes du XVIe siècle ont oublié l'emplacement du berceau de la civilisation maya, que ce soit dans le Chilam Balam (écrits dans la péninsule du Yucatán), ou dans le Popol Vuh des Quichés, la branche des indiens mayas du Guatemala. Et même le premier chroniqueur espagnol des mayas, le frère Diego de Landa (1566), n'a pu en mentionner clairement la situation. En tout état de cause, les faits se réfèrent aux Mayas du Yucatán, de l'ère classique, et non aux vieux mayas localisés dans le sud (Chiapas, Guatemala et Honduras), dont la civilisation s'est éteinte quelques siècles avant l'apogée des cités de la péninsule telles que Chichen Itza, Uxmal et Sayil. Nous savons[réf. nécessaire] que dans les temps très reculés, les Mayas vivaient sur le littoral atlantique du Mexique, d'où ils descendirent vers l'Amérique Centrale en remontant le Río Usumacinta pour arriver au Petén. Un vieux groupe maya, les Huastèques, resta cependant dans le nord, dans la région allant de Veracruz à Tamaulipas. C'est peut être l'expansion des Nahuas qui coupa en deux le peuple maya en rejetant un groupe au nord et l'autre au sud. Les groupes rejetés vers le sud sont ceux qui développèrent la grande civilisation maya. Au commencement de la période historique, ils vivaient dans un triangle délimité par Palenque dans le Chiapas, Uaxactun, au Guatemala, et Copán au Honduras, une aire très importante avec des voies de communication très difficiles au milieu de la jungle, traversée par de grandes rivières, comprenant le bassin de l'Usumacinta, le Petén guatemaltèque et les vallées du Motagua et du río Copán.
On distingue généralement trois périodes dans la civilisation maya : le Préclassique (de 2600 av. J.-C. à 250 apr. J.-C.), le Classique (de 250 à 900), le Postclassique (de 900 à 1521), auxquelles on rajoute parfois le Classique final (de 800 à 900), que certains auteurs appellent Épiclassique[5], une époque de transition pendant laquelle les cités des Basses-Terres auraient été abandonnées et celles du nord du Yucatan se seraient développées. Les dates du début et de la fin de chacune des trois périodes peuvent en outre varier d'un siècle selon les auteurs[6].
Époque préclassique[modifier]
L'Époque préclassique (également appelée formative, en particulier dans les publications en anglais) s'étend de 2000 av. J.-C. à 250 ap. J.-C.. Elle est subdivisée en Préclassique ancien (de 2000 av. J.-C. à 1000 av. J.-C.), Préclassique moyen (de 1200 av. J.-C. à 400 av. J.-C.) et Préclassique récent (ou tardif) (de 400 av. J.-C. à 250 ap. J.-C.). Certains archéologues insérent une période supplémentaire à la charnière entre le Préclassique et le Classique : le Protoclassique.
À partir de -2000, on assiste à l'essor de la civilisation olmèque, dont sont issus de nombreux aspects de la civilisation maya. Cette Période préclassique est mal connue. Les premiers villages d'agriculteurs des Basses-Terres ont été datés de -1200 au Belize(Cuello)[7].
Des preuves archéologiques montrent que l'architecture cérémonielle maya démarre vers 1000 av. J.-C. Il est très difficile de faire la différence entre la culture pré-maya et la civilisation olmèque, chaque culture s'étant influencée mutuellement.
Vers 300 av. J.-C., on assiste à la multiplication des sites et à une activité architecturale intense, signe d'un fort accroissement de la population, particulièrement dans les cités de El Mirador, Nakbe, Komchén, Cerros et Tikal. Chaque site se développe de façon autonome; néanmoins, signe d'une indéniable unité culturelle, on utilise partout la même céramique rouge et noire.
Entre 150 et 250 de l'ère chrétienne, période souvent dénommée « protoclassique », des tensions apparaissent; crise de croissance ou invasion, nul ne le sait[8]. Certains sites disparaissent, tels que Cerros, El Mirador ou Komchén, tandis que d'autres s'imposent comme Tikal.
Époque classique[modifier]
L'Époque classique s'étend de 250 apr. J.-C. à 900 apr. J.-C. Elle est subdivisée en Classique ancien (de 250 à 600 ap. J.-C.) et Classique récent (de 600 à 900 ap. J.-C.). Certains auteurs insèrent à la charnière du classique et Postclassique une période appelée Classique terminal ou final.
Cette période, que nous connaissons de mieux en mieux grâce au déchiffrement de l'écriture maya, est marquée par de perpétuelles rivalités entre de nombreuses cités-États. Les Basses-Terres mayas n'ont jamais été unifiées politiquement, et il n'y a jamais eu d'«empire maya», comme on l'imaginait au milieu du XXe siècle. Chaque entité politique avait à sa tête un souverain appelé k'uhul ajaw («divin seigneur» en maya), qui tirait sa légitimité de ses ancêtres et occupait une fonction non seulement politique mais aussi religieuse. Il constituait une «interface» entre la communauté qu'il dirigeait et le monde surnaturel. Chaque entité politique était dotée d'un glyphe-emblème.
Dans les Basses-Terres du sud, le Classique ancien est dominée par deux grandes métropoles : Tikal et Calakmul. Chacune se trouve à la tête d'une confédération aux liens très lâches, où les renversements d'alliance sont fréquents.
Tikal joue un rôle prédominant dans la première partie de cette époque qui marque l’apogée de la culture maya. Les débuts de l'histoire de Tikal sont mal attestés. La Stèle 29 porte la première date en compte long de cette cité. Son rôle semble être renforcé par les liens qui l'unissent à la grande métropole du Mexique central, Teotihuacán. Ces échanges se manifestent dans l’architecture, la céramique et la sculpture.
Vers le milieu du VIe siècle, Tikal est vaincue par Calakmul. On note alors un ralentissement des activités, qui se traduit par l’interruption de l’érection de monuments datés dans cette cité. Cet arrêt marque la fin du classique ancien.
La fin du VIIe siècle voit un retournement de situation: Calakmul, vaincue par Tikal, amorce un déclin. Un renouveau s’opère, organisé autour de cités-États qui rivalisent de prestige. La culture maya des Basses-Terres du sud atteint son apogée : il durera jusqu'au IXe siècle. On assiste à une «balkanisation» du paysage politique. Des centres secondaires se livrent à d'incessants conflits. Une rivalité oppose par exemple Piedras Negras à Yaxchilan, tandis qu'un peu à l'écart des autres centres, Quirigua entre en conflit avec Copán[9]
Dans les Basses-Terres du nord, au Yucatán, d'autres centres prennent le relais : les cités Puuc d'Uxmal, Labná, Kabáh, Sayil, etc. Leur épanouissement est bref: elles sont également désertées au Xe siècle.
Classique final : l'effondrement maya[modifier]
Les années 800 à 900 marquent l’effondrement des cités-États des Basses-Terres du sud, l'arrêt des constructions monumentales et des inscriptions associées. La dernière inscription connue datée sur un monument remonte à 822 pour Copán (au sud-est), 869 pour Tikal (au centre) et à 909 pour Tonina (ouest)[10].
La cause du dépeuplement quasi total des puissantes cités mayas à l'aube du IXe siècle reste mal connue. Des hypothèses ont été avancées pour expliquer la chute brutale de la civilisation maya classique en plein âge d'or, les spécialistes n'étant toujours pas d'accord sur les causes d'un bouleversement aussi radical. Guerres, désastres écologiques, famines ou une combinaison de ces facteurs sont les raisons généralement avancées pour expliquer ce déclin. Les centres mayas sont abandonnés entre la fin du VIIIe siècle et le début du Xe siècle[11], puis recouverts par la forêt. Ce n'est qu'au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe qu'ils ont été découverts et restaurés.
Les faits[modifier]
On constate l'arrêt progressif de toute activité de construction dans les cités mayas des Basses Terres du sud, au Guatemala et au Mexique actuels à partir de la fin du VIIIe siècle (on prend généralement en compte la dernière date en compte long retrouvée sur chacun des sites, de 780 à Pomona jusqu'à 909 à Toniná[12]). Ce phénomène correspond à l'effondrement du système politique de la royauté divine (appelée aussi royauté sacrée) qui caractérise le monde maya classique[13].
Les chercheurs ont également établi qu'à cette période la démographie avait été en forte baisse.
La chute ne fut pas brutale : les ruines mayas ne sont pas des villes détruites mais des cités abandonnées. On ne trouve pas non plus de trace d'hécatombes, charniers ou fosses communes.
Les hypothèses[modifier]
Tellement d'hypothèses ont été émises sur l'effondrement maya qu'en 1973 deux ouvrages ont été publiés, par Richard E. Adams (The Collapse of Maya Civilization : a Review of Previous Theories) et Jeremy A. Sabloff (Major themes in the past hypotheses of the Maya collapse), pour les répertorier et les classifier. À l'époque, presque toutes les hypothèses n'envisageaient qu'une cause unique, de type interne ou externe[14]. Les études récentes privilégient désormais des explications plus complexes basées sur l'interaction de plusieurs facteurs négatifs parmi ceux évoqués dans les études antérieures[15].
Suites aux fouilles franco-guatémaltèques menées à Naachtun depuis 2009, il est envisagé qu'une modification durable de l'écosystème et les guerres à répétition aient provoqué la fin de l'ère classique [16].
Causes internes[modifier]
- Une crise écologique : la surexploitation des sols les aurait rendus stériles et aurait obligé les Mayas à retourner à des formes d'organisation sociale en communautés plus réduites, dans les zones fertiles[14]. Cette surexploitation, à travers une déforestation massive, pourrait être due à l'augmentation de production de stuc. En effet, les notables mayas s'enrichissant, ils ont construits des demeures aux murs en stuc de plus en plus épais. Les parements en stuc étaient en effet considérés comme des signes de richesse. Or, la quantité de bois pour chauffer le calcaire et le transformer en stuc est considérable. Cela a donc entrainé une déforestation massive. Celle-ci entraînant une érosion accélérée des sols, recouvrant notamment les terres agricoles fertiles de matières non-fertiles, comme l'argile par exemple[16].
- Une crise démographique : l'augmentation de la démographie à l'époque classique aurait été trop rapide par rapport à ce que les avancées technologiques permettaient de gérer, en termes d'organisation, notamment en termes d'approvisionnement en nourriture[15].
- La religion : cette thèse se fonde sur la religion maya elle-même, prépondérante dans les cités dont la naissance va de pair avec la construction de grands centres cérémoniaux. La création des arts et des sciences était toujours intimement liée à la religion. Or, celle-ci se fondait sur des observations astronomiques qui avaient donné naissance à deux calendriers complexes (voir calendrier maya) qui organisaient toute la vie de la cité et avaient profondément marqué leur cosmogonie. Les Mayas distinguaient ainsi cinq cycles dans l’histoire de l’Univers se terminant tous par la destruction du monde précédent ; celle correspondant à l'Humanité était la quatrième, et le calcul fondé sur le croisement des deux calendriers indique que cette période devait s'achever au Xe siècle[réf. nécessaire]. Ainsi, les prêtres ayant prédit l'approche imminente de l'apocalypse, ce peuple fervent aurait soudain été pris de panique et se serait enfui...
- Cette hypothèse très controversée a été avancée au milieu des années 1970 par Pierre Ivanof. Elle ne permet pas d'expliquer la forte baisse démographique constatée par les chercheurs ; on ne comprend pas non plus pourquoi les Mayas ne seraient pas retournés vivre dans les cités après s'être rendu compte que les prévisions des prêtres étaient erronées.
Causes externes[modifier]
Les invasions : des guerres endémiques entre cités, ou bien des révoltes internes de la plèbe contre l'élite (ou de la noblesse contre le roi), auraient affaibli les cités mayas au point de les rendre incapables de résister aux agressions de peuples de l'ouest et du nord[15]. Ces hypothèses de fragmentation politique se fondent sur des traces d’abandon brutal, laissant penser que les activités quotidiennes auraient été délaissées en quelques jours (constructions encore en chantier)[17].
Les catastrophes naturelles : certains chercheurs ont émis l'hypothèse que la population maya aurait pu être en grande partie décimée par une série de très puissants séismes, de fortes perturbations climatiques (ouragans, sécheresse), d'épidémies ou encore de nuées de sauterelles[15]. Par exemple, une très importante diminution des pluies sur une longue période (corroborée par plusieurs études géologiques et par des études menées autour des conséquences du phénomène El Niño et La Niña[réf. souhaitée]) aurait ainsi pu entraîner de mauvaises récoltes, des famines, des épidémies, des guerres, des révoltes, etc. Des historiens du climat ont ainsi montré qu'une sécheresse importante en Amérique centrale toucha le Mexique entre 897 et 922, qui aurait pu contribuer à la chute des Mayas [18]. Une autre période de sécheresse eut lieu entre 1149 et 1167, coïncidant avec le déclin de la culture toltèque et l'abandon de sa capitale[18].
Causes mixtes[modifier]
Les études récentes privilégient dans leur grande majorité une accumulation de facteurs défavorables, qui auraient entraîné des conflits sociaux internes et externes, jusqu'à la faillite et l'abandon du système socio-politique des cités-États[15].
Ces modèles explicatifs complexes se fondent sur un élément déclencheur interne ou externe : pression démographique ou longue sécheresse, par exemple.
Époque postclassique[modifier]
L'Époque postclassique va de 900 ap. J.-C. à la conquête espagnole. elle est subdivisée en Postclassique ancien (de 900 à 1200 ap. J.-C.) et Postclassique récent (ou tardif) (de 1200 à la conquête espagnole).
Le Postclassique maya voit la montée en puissance de l'influence des Nahuas du Mexique central, tant dans les Hautes Terres du sud que dans le nord du Yucatan. Cette influence se caractérise par l'introduction de styles nouveaux, de nouvelles techniques comme la métallurgie, et par de grands changements dans l'organisation sociale et politique : la royauté n'est plus sacrée, le roi est désormais accompagné d'ordres militaires et différents corps sociaux (conseillers, prêtres). Les causes de cette montée en puissance des Nahuas sont incertaines. Il semblerait que l'affaiblissement du monde maya ait entraîné des mouvements de populations chichimèques et par là même un renouveau du pouvoir nahua, dorénavant aux mains des Toltèques, centrés sur Tula (ou Tollan). Ces derniers étendent leur influence à toute la Mésoamérique, jusque dans le nord du Yucatan, apportant des traits nahuas aux Mayas.
Les quelques cités mayas qui avaient perduré pendant l'Épiclassique et le Postclassique ancien, notamment les cités Puuc comme Uxmal, Sayil, Labna, K'abah, Yaxuna, et d'autres cités déjà anciennes comme Edzna, Coba ou Dzibilchaltun, après un âge d'or entre le IXe et le Xe siècle av. J.‑C., connaissent une grave crise et se dépeuplent pour la plupart.
Seule Chichen Itza continue de prospérer : les Toltèques, menés par Kukulkan selon la légende, y auraient fondé une dynastie et importé des cultes du centre du Mexique, comme celui de Quetzalcoatl (Kukulkan), Tlahuizcalpantecuhtli (Tawizcal dans le codex de Dresde), Cactunal... Cependant, au XIIIe siècle, Chichen Itza décline à son tour au profit de Mayapan, dirigée par Hunac Ceel ; Mayapan deviendra donc le nouveau centre du monde maya des Basses Terres, une cité prospère, fortement mexicanisée, gouvernée par des lignées aristocratiques. Puis au XIVe siècle, des rivalités entre ces lignées et la dynastie régnante des Cocom entraîneront une longue période de guerres civiles, qui aboutira à la chute de Mayapan.
Le Postclassique dans les Hautes Terres du sud présente aussi de grands changements et une mexicanisation importante. Les anciens centres du pouvoir classiques, comme Kaminaljuyu ou les cités de la vallée de Chuyub, sont abandonnés. S'ensuivent de vastes mouvements de populations, des intrusions mexicaines, un morcellement ethnique et politique, qui aboutissent à la création d'une mosaïque de centres régionaux et d'États indépendants. Parallèlement à ces changements, on assiste à l'introduction de traits culturels nahuas, tels que les temples jumeaux et les Tzompantli, les cultes d'origine mexicaine (Quetzalcoatl sous le nom de Kukumatz, le Tohil des K'iche, Xipe Totec...), la métallurgie, de nouveaux types de céramiques (fine orange, comales, molcajetes...).
Le pouvoir est aux mains d'ethnies telles que les K'iche, les Kaqchikel, les Mam, les Pokomam, les Tz'utuhil, les Q'eqchi', qui fondent des royaumes expansionnistes et bien défendus, comme le royaume des K'iche qui, centré sur Chi Izmachi puis Q'umarkaaj (Utatlan), sera intégré à l'Empire aztèque sous Ahuizotl, comme celui des Kaqchikel, d'abord vassal des K'iche, puis centré sur Iximche, celui des Pokomam centré sur Mixco Viejo, de Rabinal centré sur Cayuup... Ces États sont dirigés par des lignées (Ilocab, Nihaib, Kawek, Tamub...) qui disent tenir leur pouvoir des Toltèques. Les conflits politiques qui agitent la région tout au long du Postclassique sont connus grâce à des documents de l'époque coloniale écrits en langues indigènes, tel que le Popol Vuh des K'iche, El Titulo de Totonicapan, les Annales des Kaqchikel, le Memorial de Solola...
L’écriture hiéroglyphique maya continue à être utilisée dans les codex, faits de longues bandes de fibre végétale recouvertes de chaux et pliées en accordéon. Quatre d’entre eux ont survécu : ceux de Dresde et de Paris, le Codex Troano de Madrid et le Grolier.
Après avoir vaincu les Aztèques en 1521, les Espagnols se lancèrent à la conquête des territoires mayas. Grâce à leur supériorité technologique et aux antagonismes entre royaumes mayas des Hautes-Terres du Guatemala, qu'ils poussèrent à se monter les uns contre les autres, ils les écrasèrent rapidement en 1524[19]. Les Mayas du Yucatán, en revanche, opposèrent aux envahisseurs une résistance farouche. Les deux premières tentatives de conquête par Francisco de Montejo, en 1527-28 et ensuite de 1531 à 1535, échouèrent. En 1541, son fils, Montejo le jeune, profitant de l'hostilité entre les clans Cocom et Xiu, parvint à s'implanter dans la région et fonda Mérida en 1542. Protégé par son relatif isolement dans la jungle du Petén, le dernier État maya, le royaume itzá de Tayasal, ne succomba aux Espagnols qu'en 1696-97[20].
Les maladies importées d'Europe par les Espagnols et inconnues des indigènes ne furent pas étrangères à la défaite des Mayas. Dès 1521, une épidémie de variole emporta le tiers de la population des Hautes-Terres du Guatemala[21]. Il en alla de même au Yucatan. À leur arrivée, les Espagnols firent face à des adversaires déjà affaiblis.
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La société maya est divisée en classes : nobles, religieux, militaires, artisans, commerçants, paysans (la majorité) et l’équivalent des serfs. Elle est dirigée par des chefs héréditaires, de filiation patrilinéaire, qui délèguent leur autorité sur les communautés villageoises à des chefs locaux. La terre, propriété de chaque village, est distribuée en parcelles aux différentes familles.
La structure sociale est complexe, elle est fondée sur une organisation familiale patrilinéaire, une division sexuelle du travail et une répartition par secteurs d'activité. Les agriculteurs, c'est-à-dire la majeure partie de la population, se divisaient en paysans, serviteurs et esclaves. L'élite, de son côté, se répartissait en guerriers, prêtres, administrateurs et dirigeants. L'élite et le peuple ne formaient pas des catégories antagonistes, car des liens de parenté ou d'alliance unissaient dirigeants et serviteurs, chefs et paysans. Ainsi, les nouvelles découvertes montrent l'existence d'une classe fort importante de commerçants-guerriers, notamment à partir du Ve siècle à Tikal et il y aurait eu un partage du pouvoir entre l'ancienne aristocratie chargée des affaires intérieures de la cité et religieux et la nouvelle classe de commerçants-guerriers[réf. nécessaire].
Les Mayas vivaient selon un système de cités-États. Cette indépendance relative des communautés a d'ailleurs été un facteur facilitant la conquête par les Espagnols qui n'eurent pas à affronter un peuple présentant un front uni.
À l'époque classique, Les rois des Basses-Terres du sud se faisaient appeler Ajaw ce qui signifie «seigneur» ou «k'uhul ajaw», c'est-à-dire «divin seigneur». À l'époque postclassique récente, le titre le plus répandu des rois mayas au Yucatan fut Halac vinic ou Hulach Uinic. Le Roi concentre tous les pouvoirs religieux, militaires et civils. Il choisit au sein des nobles les batabs, qui sont des chefs locaux ou de villages dont la principale responsabilité était de veiller à la bonne perception du tribut et à l'exécution des ordres. Mais il est souvent fait mention d'un conseil autour du roi[réf. nécessaire].
Le clergé constitue également une classe nombreuse. Les prêtres (ah kin) se succèdent de père en fils et leur savoir ne se transmet qu'à l'intérieur de la famille. Cela est compréhensible puisque le savoir maya était fort étendu : de l'écriture à la chronologie, des almanachs sacrés à la médecine, des cérémonies à la formation des jeunes prêtres. Parmi les prêtres se distingue le chilam, spécialement chargé de recevoir les messages des dieux et d'énoncer les prophéties. Leur influence et la grande religiosité des mayas expliquent les nombreux jeûnes très sévères pratiqués par le roi et la noblesse ainsi que les mortifications et automutilations[réf. nécessaire] puisque la religion maya donne au sang une très grande valeur magique.
En bas de l'échelle se trouve le peuple. C'est à lui qu'incombe la tâche de fournir les aliments et les vêtements, la main d'œuvre pour les travaux publics. Ces ouvriers mayas ne disposent que d'outils en pierre ou en bois ; ils ne connaissent ni le métal, ni la traction animale, ni la roue. Le seul moyen de transport connu s'effectue à dos d'homme. Enfin, les esclaves constituent une classe à part. Les délinquants de droit commun sont condamnés à l'esclavage. Les prisonniers deviennent souvent des victimes sacrificielles.