Article de ASTROSURF 4 - L'exploitation commerciale du phénomène OVNI (III)
1. Les romans et les bandes dessinées La littérature[13] regorge d'aventures passionnantes et divertissantes. A côté des célèbres magazines Amazing stories, Flying Saucers, Pete Mangan, Space Action, Space Worlds, Super Science, Weird Science-Fantasy, de l'Anthologie de la science-fiction ou des "Histoires d'extraterrestres" à quelques centimes la copie, n’oublions pas les superhéros tels Buck Rogers qui se réveilla en l’an 2430, son aïeul Brick Bradford spécialiste des voyages spatio-temporels ou encore Flash Gordon, Captain Marvel, Captain Adam - devenu Captain Atom après l’explosion de la première bombe atomique - ou encore Superman, Batman et autre Spiderman, autant de personnages qui ravivèrent le nationalisme américain à travers des aventures épiques où chacun donnait libre cours à son imagination. Les romans de science-fiction ont abordé tous les thèmes imaginables, purement spéculatifs et récréatifs pour les uns ou fondés sur l’état de la science ou de la société du moment pour les autres. Quelques chercheurs, astronomes ou physiciens ont également déployé tout leur savoir et leur imagination à notre plus grande joie, mais ont tous refusés, semble-t-il, de parler de soucoupes volantes. Ainsi Arthur C.Clarke préféra inventer des satellites géostationnaires, des stations orbitales, des voiles solaires, le jeu des pentominos, le GPS et planifia l’exploration spatiale avant de porter à l’écran "2001 l’odyssée de l’espace" et "2010: odyssée II". Avec "Les robots", Isaac Asimov inaugura l’ère de la cybernétique et nous fit découvrir les lois de la robotique et ses limites dans un monde devenu artificiel. Aujourd’hui, après avoir bâti sa "Fondation" et volé dans l’hyperespace Asimov explore les colonies martiennes.
Fred Hoyle et son fils Goeffrey ont préféré explorer un quasar "Au plus profond de l’espace", jouant avec les effets de la relativité. Dans "Fireball" Paul Davies initie le lecteur à la propulsion à antimatière suivant l’exemple de Lauwrence Manning. Décodant avec génie un message venu de l’espace, dans "Contact" Carl Sagan construisit un vaisseau spatio-temporel qui permit à une exploratrice d’explorer l'espace en utilisant des trous de vers, du moins le croit-elle. Enfin, Léo Szilard s’interrogea sur l’intelligence des dauphins après avoir participé, à regret, à l’élaboration de la bombe atomique.
Symbole emblématique du space opera, Edmund Hamilton rencontra "Les rois des étoiles", découvrit l’arme absolue, le disrupteur, des créatures aux formes et aux pouvoirs étranges et tomba amoureux de Lianna, princesse de Fomalhaut. Le futur garde une place pour la religion et les sectes les plus diverses dans "Projet Vatican XVII" et "La Confrérie du Talisman" de Clifford Simak. La guerre n’est pas exclue non plus, ainsi que Van Vogt, Hamilton ou Robert Howard, auteur de "Conan", peuvent en témoigner. C’est dans la bande dessinée que les soucoupes volantes cette fois font une intrusion remarquée. Si les extraterrestres ne sont pas verts, Roger Leloup met en scène Yoko Tsuno dans "La lumière d'Ixo", confrontant nos terriens avec de sympathiques Vinéens à la peau bleue.
2. Le cinéma Aidé par l’image et les effets spéciaux, le cinéma de science-fiction est plus évocateur encore et plus spectaculaire : outre un certain nombre de romans précités qui ont été portés à l'écran, les premiers films du genre refléteront notre perception des extraterrestres. Ainsi dès 1951, "L’homme de la planète X" nous met pour la première fois en présence d’extraterrestres anthropomorphes. Il ne s’agit plus d’envahisseurs terrifiants mais de personnages faibles et vulnérables. Citons également les "Tars Tarkas" du romancier Edgar R. Burroughs (également créateur de Tarzan) et les créatures de M.Anderson, scénariste des "Chroniques martiennes". Mais cet état d’esprit fut passager. En 1953, George Pal porta à l’écran "La guerre des mondes" de H.G.Wells, nous confrontant avec des Martiens hideux et guerriers, prémices de la lutte américaine anti-communiste. La même année Joseph Newman proposa sur le même thème "The island earth". Trois ans plus tard "Planète Interdite" fut une adaptation remarquée d’une pièce de William Shakespeare “The Tempest”, confrontant un savant orgueilleux à la matérialisation de ses craintes et de ses cauchemars. Parmi les nouveaux personnages, Robby le Robot. Dans "Le jour des trifides" les plantes se transmutèrent en tueurs sanguinaires, engageant une bataille avec les Etats-Unis. Mais ce sont les films contemporains qui demeurent techniquement les plus avancés, faisant appel à coups de dizaines de millions de dollars aux effets spéciaux les plus complexes pour animer des créatures extraterrestres fantasques ou simuler leur technologie avantgardiste. Parmi les meilleurs films du genre, citons pour mémoire "Le Blob", remake du film de 1958 avec Steve McQueen, "La chose", la trilogie des "Alien", "Prédateur", "Stargate" et les très sophistiqués "Man in Black". Pour les amateurs d’humour et les enfants citons encore "E.T. l’extraterrestre", "Mars attack !
Les soucoupes volantes sont rarement mises en évidence et les rares films les mettant en vedette méritent à juste titre d’être cités. Afin de nous avertir des dangers d’une guerre atomique à l’époque de la Guerre froide, en 1951, Robert Mise envoie Klaatu et son robot Gort, les messagers d'une autre planète sur Terre dans "Le jour où la Terre" s'arrêta. En 1956, "L'invasion des soucoupes volantes" (les soucoupes volantes attaquent) de Ed Hunt incorpore des incidents connus de l'ufologie (enlèvement des Hill et de Villas Boas) tandis que "Cocoon" de Ron Howard sortit en 1985, nous invite à découvrir la civilisation à l’origine de l'Atlantide. En 1988, la voluptueuse Kim Basinger sortit d'une soucoupe volante toute aussi belle dans "J’ai épousé une extraterrestre" de Richard Benjamin. Citons également "Independence Day" (ID4) de Roland Emmerich sortit en 1996 qui ravive notre ego d’être humain mais c'est "Rencontre du troisième type" de Steven Spielberg sortit en 1977 qui reste le film le plus "réaliste" car il fait référence à des événements historiques et des phénomènes patents de l’ufologie. Une version longue nous invite même à explorer quelques minutes l’intérieur du vaisseau-mère alien. Bien que les amateurs du genre soient minoritaires, tout au moins dans les pays francophones, en 1996 il y avait simultanément 11 films en cours de tournage touchant le thème des extraterrestres !
Les séries télévisées A l'inverse des films de fiction cauchemardesques, avec la série "La Quatrième Dimension" (Twilight Zone qui fut diffusée à partir de 1959 sur CBS, Rod Serling explora avec talent les espoirs de l'humanité, sa fierté, son orgueil mais aussi ses déceptions ou sa peur face à l'inconnu. La série eut un succès retentissant par la qualité de ses scénarii et les prestations de ses acteurs, parmi lesquels beaucoup deviendront des célébrités : Charles Bronson, Bill Bixby, John Carradine, Veronica Cartwright, James Coburn, Robert Cummings, Robert Duvall, Peter Falk, Dennis Hopper, Ron Howard, Buster Keaton, Martin Landau, Paul Mazursky, Roddy McDowall, Burgess Meredith, Leonard Nimoy, Warren Oates, Sydney Pollack, Robert Redford, Mickey Rooney, William Shatner, Dean Stockwell, Lee Van Cleef, ... La série totalisa 156 épisodes jusqu'en 1964 dans lesquels Rod Serling fit de nombreuses apparitions. Outre les différents supports multimédia (livre, cassette vidéo et DVD), La Quatrième Dimension" donnera naissance à 3 films (1983, 1985, 2002) et 3 séries TV dont une en cantonais avec des acteurs chinois de Hong Kong. Il est vrai qu’avec 1.3 milliards d’habitants, la Chine est un marché très lucratif. En 1963, Leslie Stevens et Joseph Stefano produisent durant 2 saisons la série "Au-delà du réel" pour le compte de la MGM et United Artists Television. Les amateurs l'ont gardé en mémoire, non pas pour ses créatures monstrueuses extraterrestres animales ou végétales que les critiques ont tourné en dérision dès les premiers épisodes, mais pour son générique qui fit le tour du monde. Accompagné d'une bande son propice à inspirer la crainte, il commençait en effet par ces mots : "Ce n'est pas une défaillance de votre téléviseur, n'essayez donc pas de régler l'image. Nous avons le contrôle total de l'émission. Contrôle du balayage horizontal, contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi bien vous donner une image floue qu'une image pure comme le cristal. Pour l'heure qui vient, asseyez-vous tranquillement. Nous contrôlerons tout ce que vous verrez et entendrez. Vous allez participer à une grande aventure et faire l'expérience du mystère avec "Au-delà du réel"". La série s'inspirait de "La Quatrième Dimension" mais dans un registre plus folklorique et sera diffusée en France à partir de 1972. Parmi les séries TV à succès, citons bien sûr les séries cultes "Star Trek" (1966, 80 épisodes) et ses nombreuses suites dont " The Next Generation" (1987, 178 épisodes), "Deep Space Nine" (1993, 176 épisodes), "Voyager" (1995, 172 épisodes) et "Enterprise" (2001, ~97 épisodes), "Les Envahisseurs" (1967, 43 épisodes), "Cosmos 1999" (1975, 48 épisodes), "Babylon 5" (1993, 105 épisodes), "Sliders, les mondes parallèles" (1995, 87 épisodes) et les séries B de moindre envergure telles que "UFO - Alerte dans l’espace" (1970, 26 épisodes), "L’Age de cristal" (1977, 14 épisodes et un film), "Battlestar Galactica" (1978, 24 épisodes), "Buck Rogers au 25eme siècle" (1979, 36 épisodes), "V" (1983, 24 épisodes) cette dernière n’étant qu’une adaptation du film "Invasion Los Angeles" pour la télévision, "Starman" (1986, 22 épisodes), "Futur Immédiat" (1989, 23 épisodes et 5 téléfilms adaptés du film "Alien Nation"), "Earth 2" (1994, 22 épisodes), "Dark skies" (1996, 19 épisodes), "Invasion Planète Terre" (1997, 88 épisodes), "First wave" (1998, 44 épisodes) et dernièrement "Andromeda" (2000, 88 épisodes à ce jour). Bien sûr cette liste n'est pas exhaustive. La plupart de ces séries ont été diffusées sur un nombre très restreint de chaînes francophones et généralement privées pour citer RTL Club, M6 et 13eme Rue essentiellement.
Convaincu de la réalité des extraterrestres, en 2002 Stephen Spielberg produit "Taken", une série produite par Leslie Bohem comprenant 10 épisodes de 1h30 chacun. La série reprend les principales notifications d'OVNI des 50 dernières années, y compris les "crop circles", les enlèvements et beaucoup d'autres événements que reconnaîtront les passionnés d'ufologie. Elle ne sera traduite en français qu'en 2005 sous le titre "Disparitions". La série "Au-delà du réel" (X-files) de Chris Carter fut un succès incontesté des années '90. Diffusée entre 1993 et 2002, durant 9 saisons soit 202 épisodes de 52 minutes chacun, elle plongea le téléspectateur dans le monde du fantastique et du paranormal, abordant ses sujets dans un style moderne et dynamique où les situations étaient, dit-on, parfois proches des attitudes des citoyens ou des autorités actuelles. La série donnera naissance à deux longs métrages (2002) et de nombreux livres. Leurs héros furent tellement sollicités par les publicitaires qu’en 1997 et 98 l’agent Mulder, David Buchovny, cherchait les traces d’OVNI à bord d’une Ford. L’agent Scully, Gillian Anderson, fut tellement plébiscitée par le public qu’elle accepta en 1995 de présenter la série télévisée "Weird Science" sur BBC1 consacrée aux découvertes les plus folles de la science. Depuis, d’autres acteurs, notamment les héros des différentes séries de Star Trek, ont été sollicités pour présenter des documentaires scientifiques. En 1998, notre héroïne présentait l’émission "Future Fantastic" sur BBC World qui, comme son nom l’indique était un essai de prospective à partir des nouvelles technologies. Gillian Anderson discuta en autre de science-fiction et d’astronautique, mêlant de temps en temps les OVNI et les extraterrestres à ses réflexions. Tout cela n'était pas très rigoureux mais le public était ravi... Forte de ce succès, la chaîne populaire BEL-RTL diffusa une nouvelle série du même acabit, "Les dossiers de l’étrange" en 1998. Mais il semble que le public francophone n'apprécie guère ces documentaires à l’inverse du public anglo-saxon ou anglophile.& Entre-temps il manquait une série de space opera hollywoodienne dans laquelle les Terriens pouvaient se battre au corps à corps ou par vaisseaux spatiaux interposés avec des extraterrestres convoitant la Terre. La lacune fut comblée en 1994 lorsque les productions Artisan Home Entertainment sortirent le film "Stargate", avec Kurt Russell et James Spader. Reprenant le fameux thème des êtres extraterrestres ayant soi-disant fondé les grandes civilisations dont celles de Sumer, de Chine et d'Egypte (Cfr les ouvrages de Erich von Däniken, Zecharia Sitchin, Louis Pauwels et Jacques Bergier et autre T.Lopsang Rampa), et bénéficiant d'effets spéciaux originaux, le film recevra un accueil chaleureux dans le public. Aussitôt le film fut adapté pour la télévision mettant en vedette et produit par Richard Dean Anderson, alias McGyver dans le rôle du Colonel O'Neill, hommage évidemment au célèbre expert en technologie spatiale des années 1970. Rebaptisée "Stargate SG-1", la série tira avantage du concept des trous de vers pour centrer l'action des personnages autour de la "Porte des Etoiles" et du danger que représentent les envahisseurs Goa'uld. La série se déroulant (soi-disant) dans la base de Cheyenne du NORAD, ayant l'appui de l'Armée de l'air, en liaison directe avec la Zone 51 et le Président des Etats-Unis et s'opposant aux actions illégales du NID et autre agence d'espionnage, "Stargate SG-1" donne au téléspectateur le sentiment de refléter un contexte et des situations tout à fait crédibles quoique improbables.
A l'opposé de la série "X-files" dans laquelle les deux héros évoluent sur Terre et sont confrontés à des décisions administratives et des actions sous le manteau qui ruinent leurs actions ou les mettent en danger de mort, "Stargate SG-1" est constituée d’une équipe complète sous le couvert des autorités et à l'avantage de transporter le téléspectateur à travers la Galaxie et au-delà, à la rencontre de diverses sociétés extraterrestres et à la recherche des cités habitées par les Anciens, ceux qui bâtirent le réseau des Portes des Etoiles. La série deviendra rapidement une série culte confrontant notre société à tout un univers mythologique peuplé d'extraterrestres belliqueux ou bienveillants et équipés d'une technologie à faire pâlir les experts de la Zone 51. "Stargate SG-1" fut diffusée durant 9 saisons totalisant 194 épisodes de 43 minutes chacun sans compter la série "Atlantis", en particulier sur la chaîne de science-fiction de la BBC, la chaîne allemande RTL II et la chaîne française M6, égalisant ainsi le record établit par "X-files". Avis aux amateurs. A consulter: SCIFI - Les affiches de cinéma - TopKool Séries cultes ou séries B, tous ces contes et reportages de fiction donnent des idées aux téléspectateurs et nous influencent inconsciemment. Même rationnels et de formation scientifique, l'écrivain ou le journaliste y fait parfois référence quand il parle de sciences alternatives, de l'avenir de l'astronautique, de prospective ou de l'éventualité d'une vie extraterrestre. Dans ces conditions, il n'est que normal que les amateurs les moins critiques, plus idéalistes ou plus émotifs considèrent ces sujets comme autant de réalités alternatives toutes aussi vraies qu'un reportage télévisé décrivant un événement historique qu'ils n'ont jamais connu. Combien de fois les journaux ne nous rapportent-ils pas des faits divers où des adolescents ont reproduit dans la réalité ce qu'ils avaient vu à la télévision, au cinéma ou dans les jeux vidéos... Prochain chapitre | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
[12] P.Lowell, "Mars as Abode of Life", "Mars and its Canals". Pour leur défense, il est vrai qu'en 1869 on venait juste d'achever la construction du canal de Suez ! [13] M.Meurger, “Alien Abduction”, Encrage, 1995 (en français) - F.Fontaine, “La Science Fiction”, Les essentiels Milan, 1996 - “La science fiction”, PUF-Que sais-je ? |