Article de ASTROSURF 1 - Le défi des OVNI

Le défi des OVNI

Introduction (I)

Depuis que nous existons, notre curiosité nous a permis de comprendre et parfois de canaliser ou maîtriser certains phénomènes naturels. D'autres phénomènes jugés exceptionnels car peu communs (feu Saint-Elme, rayon vert, éclair en boule, phénomènes lumineux transitoires, vague scélérate, chute de météorite, etc) ont semé le doute dans l'esprit des scientifiques durant des décennies jusqu'à ce qu'ils observent eux-même ces phénomènes, simulent leur activité ou disposent d'enregistrements probants. Même si certains parmi ces phénomènes se produisent très rarement ou en des lieux pratiquement inaccessibles, plus personne ne remet leur existence en cause.

D'autres phénomènes restent difficiles à cerner. Ainsi en est-il de ces humanoïdes présumés sortis de "soucoupes volantes" issues d'un point précis de l'univers où une autre forme de vie évoluée existerait. La caricature est assez sévère mais c'est bien là que se cache l'objet du débat.

Chacun de nous a déjà entendu parlé des OVNI, les Objets Volants Non Identifiés, et bon nombre de personnes tournent ce phénomène en dérision. Mais ne l'enterrons pas trop vite.

L'objet de ce dossier n'est pas de prendre position en faveur ou contre la thèse extraterrestre, ce serait faire fi de la démarche scientifique et poser un acte intellectuel stérile, subjectif et non fondé eu égard à l'ensemble des données que nous possédons. Cela ne viendrait qu'alimenter la trop longue polémique se développant autour du sujet sans apporter la moindre explication ou début de preuve.

Si nous voulons pour une fois faire preuve d'intelligence en cette matière, nous devons commencer par analyser le phénomène dans toute son étendue. Nous devons critiquer objectivement les méthodes de travail des différents protagonistes ayant participé de loin ou de près à cette étude afin de tirer des conclusions pouvant à l'avenir faire progresser la recherche en ce domaine. L'idéal serait de changer le statut de l'ufologie, et de pseudoscience la transformer en science à part entière afin de soulager l'anxiété des témoins.

En effet, ce n'est qu'une fois le problème identifié et correctement décrit dans ce cadre scientifique que l'on pourra éventuellement établir une théorie, définir son cadre formel le cas échéant et ensuite se prononcer sur son origine. 

La démarche scientifique doit faire son oeuvre et extraire les éléments clés de la problématique, quitte à l'occasion à devoir remettre en question certaines conclusions posées hâtivement ou au contraire tenir compte de nouveaux concepts si le verdict de l'expérience nous apporte des éléments de réponse probants.

Faire de l'ufologie une science et expliquer le phénomène restent aujourd'hui deux voeux pieux, aussi utopiques que la recherche du Saint Graal. Nous verrons en effet que trop de paramètres restent libres et le sujet trop empirique pour envisager un changement de mentalité à court terme. Ce n'est pas gagné mais puisse ce travail y contribuer.

Feu le Dr James E.McDonald[1], physicien de l'atmosphère travaillant activement dans les années 1960 à élucider le problème OVNI, estimait que c'était "le plus grand problème scientifique de notre temps". En compagnie de quelques chercheurs, il défendit farouchement l'étude scientifique du problème OVNI. Malheureusement, près d'un demi-siècle plus tard, malgré quelques victimes, la rédaction de millions de procès-verbaux, l'enregistrement de milliers d'images, de centaines de films et d'échos radars, la majorité des scientifiques demeurent réservés voire hostiles au phénomène.

Les plus hostiles, parmi lesquels nous trouvons des astronomes, considèrent que les OVNI relèvent de méprises ou d'hallucinations, d'autres - une minorité aujourd'hui - sont convaincus que ce phénomène n'a pas sa place dans un cadre scientifique. Les uns en appel à notre méconnaissance des lois de la Nature, les autres à la sociopsychologie, au paranormal, voire au mythe religieux. Toutes ces tentatives d'explication ne sont pas négatives pour autant. Car ce quel'on considérait jadis comme du ressort de la métaphysique ou du paranormal trouve aujourd'hui une explication rationnelle. Les éclairs, les météorites, les comètes ou les éclipses n'effrayent plus personne. La théorie du Big Bang nous permet d'entrevoir les forces de la Création et la physique quantique nous permet de sonder les soubassements de la matière et d'entrevoir une harmonie entre énergie et matière. Ces théories sortent du cadre de la métaphysique et nous les considérons avec le plus grand respect.

Notre attitude est toute différente en ce qui concerne le phénomène OVNI car il soulève de nombreuses questions sur sa nature et par voie de conséquence sur la complétude de nos théories. Nous verrons plus loin que ces "objets" issus on ne sait d'où ont quelquefois laissé des traces tangibles sur le sol, sur les objets et même sur quelques malheureux témoins trop téméraires. Ces apparitions étant fugaces et aléatoires, sans preuves indiscutables reproductibles ce sujet rencontre difficilement l'approbation des scientifiques. C'est la principale raison pour laquelle la plupart d'entre eux ont rejeté la problématique OVNI dans le domaine des pseudosciences. Toutefois il faut saluer le courage de quelques chercheurs qui n'hésitent pas à quitter leur laboratoire pour tenter d'expliquer l'impossible.

Aujourd'hui en effet, contrairement à la période antérieure à l'exploration spatiale, on peut sérieusement considérer que le phénomène OVNI est du ressort des sciences exactes; il peut-être étudié par les physiciens par exemple. La Science met à leur disposition des moyens de détection, pour ne citer que les satellites artificiels et leurs détecteurs multispectraux. On ne peut plus être d'accord avec les scientifiques qui considèrent que le phénomène OVNI ne peut-être abordé que par les disciplines qui touchent aux sciences humaines. Les associations qui osent s'attaquer à ce problème disposent aujourd'hui d'outils performants, d'arguments suffisamment étayés et du support des universités et parfois même de l'armée pour tenir tête à leurs détracteurs. J'espère que l'étude qui suit vous en convaincra.

Définition

Ainsi que le compte-rendu historique le rappellera ci-dessous, le Dr Allen Hynek fut conseiller scientifique de l'Armée de l'air américaine et considéré comme l'un des astronomes les plus objectifs de cette controverse, souhaitant une étude approfondie du problème OVNI. Décédé[2] en 1986, il était directeur du Centre de recherche astronomique Lindheimer de l'Université NorthWestern en Illinois et avait fondé en 1973 le Center for UFO Studies (CUFOS) toujours actif aujourd'hui. Il relata son expérience de plus de 20 années d'étude du phénomène OVNI dans un ouvrage célèbre intitulé "Les Objets Volants Non Identifiés : mythe ou réalité ?"[3], dans lequel il définit un OVNI de la façon suivante : "La perception relatée sous forme écrite, d'objets ou de lumières, observés dans le ciel ou au sol et dont l'aspect, la trajectoire, le comportement général et la luminescence ne suggèrent pas une explication logique et conventionnelle, et qui est non seulement mystérieuse pour l'observateur original, mais demeure non identifiée après examen minutieux de toutes les preuves disponibles par des personnes qui sont techniquement capables de procéder à une identification de sens commun, si cela est possible".

Approche du phénomène

Si on estime à quelques centaines les notifications d'OVNI qui, chaque jour, sont rapportées sur l'ensemble de la Terre, on peut se demander pourquoi le phénomène OVNI reste-t-il si mystérieux ? En fait, les OVNI sont observés par M. Tout-le-monde, vous et moi le cas échéant, et à de rares exceptions près, jamais deux fois par la même personne et dans les mêmes conditions. C'est le premier facteur qui démotive les scientifiques.

Devant l'ampleur du phénomène, de nombreux pionniers, souvent indépendants et solitaires ont cherché à comprendre ce que la science refusait de reconnaître. Il faut en effet bien constater que depuis plus d'un siècle des témoins ont aperçu quelque chose d'inhabituel dans le ciel ou près du sol, qu'un jour ou l'autre les universités devront prendre en considération et surtout ne pas négliger. C'est le premier pas d'une démarche scientifique qui, nous le verrons, n'est pas toujours prise en compte. De nos jours cette prise de conscience s'effectue de façon discrète, notamment à travers la participation de quelques chercheurs avec les associations nationales.

Aux yeux des témoins, les lumières ou les objets qu'ils ont vu présentent tous les aspects de la réalité, mais chacun reconnaît qu'il s'agit là d'une interprétation subjective qui doit être objectivée. La plupart du temps l'observation est en effet bien réelle, les canulars étant plutôt rares. Mais ainsi que nous le verrons, les témoins ont peut-être assisté à la manifestation d'un phénomène rare mais naturel, dont ils ignoraient l'existence : combien d'entre nous ont déjà vu un éclair en boule, la chute d'une météorite ou la réflexion de lumières dans l'atmosphère ? Mon père a personnellement assisté aux trois phénomènes, c'est exceptionnel, ce n'est pas pour autant qu'il pense que toutes les manifestations d'OVNI concernent des événements naturels inconnus à ce jour.

Ce qui est "non identifié" pour les uns est de nature bien définie pour d'autres. Chacun de nous voit tous les jours des objets "non identifiés" : une ombre fugitive dans un arbre, un point brillant qui file dans le ciel, une masse qui s'engouffre dans un fourré. Par l'expérience acquise, l'observation détaillée de la nature et notre culture, nous savons par exemple que les objets entr'aperçus sont respectivement un oiseau, un avion de ligne et peut-être notre chat. Pour être précis nous aurions eu besoin d'affiner notre analyse de la situation. C'est l'expérience du témoin et la précision des données qui bien souvent font défaut dans les notifications d'OVNI.

A l'heure actuelle, dans la majorité des cas, l'interprétation rationnelle des faits permet d'élucider jusqu'à 90% des témoignages. A travers une critique des sources méthodique qui tamise très finement les comptes-rendus, des enquêteurs aguerris à ce genre de travail peuvent conclure sereinement, au grand regret des témoins, que la plupart du temps ces derniers ont eu la méprise de confondre un OVNI avec un phénomène naturel ou un objet connu.

L'impact des réactions sociopsychologiques est un autre aspect du phénomène qui n'est pas négligeable non plus. L'étude du comportement des hommes en société, l'influence inconsciente des médias et les motivations du témoin sont des facteurs dont les enquêteurs doivent tenir compte et nous prendrons le temps d'analyser cette approche du phénomène.

A consulter : Le sociologue face au phénomène OVNI

Malgré le filtrage de l'information brute, une fois objectivée il reste un pourcentage de manifestations réfractaire à toute explication. Après avoir conduit une enquête minutieuse auprès des témoins et tenté de trouver une explication rationnelle à leur observation, le mystère demeure.

Parfois les faits sont corrélés avec des conditions physiques particulières que l'on retrouve dans d'autres notifications équivalentes. Malgré la collaboration des autorités - souvent impliquées dans des missions tenues secrètes -, dans un certain nombre de cas irréductibles, tous les spécialistes avouent finalement leur incompétence devant notre méconnaissance de la nature.

Les traces matérielles d'OVNI ou leur photographie, les échos radars multiples et corrélés avec les observations des témoins ou les rencontres rapprochées avec des humanoïdes symbolisent toute la problématique du phénomène OVNI. Nous avons des traces tangibles ou des mesures physiques mais l'expérience n'est pas reproductible.

Notre démarche n'est pas ambiguë car c'est une saine curiosité qui nous motive. Malgré la nature indéterminée du phénomène et son inconstance, nous devons réunir toutes les compétences pour repousser toujours plus loin les limites du savoir. Seuls des chercheurs non conformistes, ayant le goût de comprendre l'inexpliqué renverseront le statut de l'ufologie, celui d'une science en quête de légitimité.

Classification des rapports

Toutes manifestations d'OVNI confondues, on recense sur les quatre continents des événements inexpliqués. Les observations sont pour la plupart effectuées dans les pays où sont menées les investigations les plus actives. Il s'agit notamment des Etats-Unis, du Canada, de la France, de l'Espagne, de l'Australie, de l'Argentine et de l'Angleterre. Il faut également citer le Brésil, l'Allemagne et la Belgique qui, ces dernières années, ont fait l'objet de nombreuses dépositions.

Tous les témoins relatent l'observation d'objets matériels ou de lumières, mobiles ou fixes, plus ou moins rapprochés, de traces sur le sol ou des effets inhabituels, et exceptionnellement de la présence de créatures douées de mouvement alentour. Au-delà de la méprise ou d'un signe de folie, ces expériences relatent des incidents réels mais temporaires que le Dr Hynek[4] classa naturellement en deux grandes catégories d'événements.

1. Les rapports dans lesquels l'OVNI est décrit comme ayant été observé à une certaine distance :

- Les Lumières Nocturnes : des lumières non identifiées sont vues la nuit dans le ciel. Ce sont presque invariablement la luminosité, la couleur et le mouvement d'une lumière qui sont les seuls éléments remarqués. Les rapports de cette catégorie sont les moins étranges mais constituent un groupe notable parmi les "véritables" notifications d'OVNI.

- Les Disques diurnes : des OVNI observés en plein jour, de forme fréquemment discoïdale ou ovoïde. Beaucoup moins nombreux que la catégorie précédente, il subsiste toutefois plusieurs centaines de cas qui résistent au filtrage.

- Les Radar-Optiques : l'OVNI est capté au radar et visuellement (la détection radar seule n'étant pas retenue en raison de l'absence de filtrage suffisant pour établir avec une certitude raisonnable l'origine du phénomène).

Les Lumières Nocturnes et les Disques Diurnes ne s'excluent pas mutuellement mais pour les observations de nuit seules les caractéristiques de la ou des lumières sont la plupart du temps remarquées.

2. Les rapports concernant les observations rapprochées :

- La rencontre rapprochée du 1er type : un OVNI est vu de près sans qu'il y ait d'interaction avec l'environnement (à l'exception du choc émotionnel que subit l'observateur).

- La rencontre rapprochée du 2eme type : une rencontre du 1er type à laquelle s'ajoute des effets physiques sur l'entourage, vivant ou inanimé. Elle se manifeste habituellement par des traces sur le sol ou la végétation, la panique chez les animaux, des pannes momentanées des objets inanimés (principalement des automobiles). Il est indiqué, dans ce cas précis, que dès la disparition de l'OVNI, les véhicules fonctionnent à nouveau normalement.

- La rencontre rapprochée du 3eme type : ce sont des rapports mentionnant la présence d'"occupants" tout autour de l'OVNI. Cette catégorie impose la crédibilité foncière du témoin.

Le Dr Hynek fait une distinction nette entre les rapports de ceux qui font état de la présence d'être supposés intelligents dans l'"engin spatial" et ceux qui émanent de soi-disant "contactés", car ils se croient souvent chargés divinement de diffuser un message. Non seulement ces "communicants" se révèlent souvent être des fanatiques pseudo-religieux, mais ils présentent invariablement un très faible indice de crédibilité. Cela provoque la risée des scientifiques et du public, renforçant l'image populaire des "Martiens" et le côté science-fiction du problème. Ces derniers "sont dit-il, en général "refoulés au portail" par le filtrage".

Mais dans ce flot interrompu de notifications, il reste malgré tout un petit pourcentage de cas qui n'admettent aucune explication rationnelle et sur lesquels la Science doit se pencher.

Nous allons décrire ces différents événements et tenter d'apporter un peu de lumière sur ces cas réellement énigmatiques en proposant des méthodes de travail et quelques axes de recherche.

Je ne vous propose pas une explication définitive mais un nouveau regard, celui de la science, le seul domaine de la connaissance où les méthodes sont suffisamment rigoureuses et critiques pour être capables, en principe, d'appréhender l'inexplicable.

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Aperçu historique

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[1] J.McDonald, "OVNI : Le plus grand problème scientifique de notre temps", texte présenté à la Société américaine des Directeurs de Journaux, traduit in Phénomènes Spatiaux, N° spécial, 1969.

[2] K.Henize, "J.Allen Hynek: 1910-1986", Sky & Telescope, August 1986.

[3] J.A.Hynek, "The UFO Experience - A Scientific Inquiry", Chicago:Henry Regnery, 1972 traduit in J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", Belfond, 1974; Robert Laffont, 1978 - J.A.Hynek, "The Hynek UFO report", Dell, 1977.

[4] J.A.Hynek, "Les Objets Volants Non Identifiés: mythe ou réalité ?", op.cit., pp46-51.

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Le défi des OVNI

Aperçu historique (II)

Les OVNI font partie du décor de l'humanité depuis la préhistoire et l'apparition de l'art pariétal. Mais suffit-il d'interpréter une peinture rupestre ou une statue en fonction de ses émotions pour affirmer qu'il s'agit de la représentation d'êtres extraterrestres ? Bien sûr que non. Et pourtant... Les ufologues idéalistes voient par exemple dans les fameuses peintures rupestres des grottes du Sahara ou de Valcamonica en Italie du Nord, des figures humaines portant des casques hermétiques hérissés d'antennes. Pour le paléoethnologue Jean-Loïc Lequellec[6] il s'agirait plutôt de la symbolisation d'un masque "calebasse". Ailleurs, dans les grottes d'Altamira ou en Ardèche les hommes préhistoriques ont dessiné des objets possédant une sorte de "train d'atterrissage". Lequellec ou Anati y voit des symboles initiatiques.

Enfin, l'archéologue Robert Temple voit dans la cosmogonie Dogon une influence extraterrestre. La plupart des ethnographes et les astronomes n'y voient qu'une contamination culturelle déguisée.

Scientifiquement parlant, de nombreux témoignages ont été recueillis depuis l'Antiquité mais ils ne reposent sur aucune donnée fiable. Les comptes-rendus sont allégoriques, fragmentaires et manquent souvent de crédibilité. Tous les auteurs citent toutefois l'observation d'objets brillants en vol ou sur le sol. Citons les "chars volants" et les "dragons de feu" de la Chine impériale, les "buissons ardents" du Proche-Orient ou le projectile "flamboyant, brûlant d'un feu sans fumée" dans le Drona Parva indien. Plus récemment, nous pouvons lire les descriptions de "chérubins s'élevant de terre, accompagnés de roues" chez le prophète Ezéchiel[7] (593 avant JC) ou la poursuite de l'armée d'Alexandre le Grand (329 avant JC) par deux objets volants. Tite-Live, Pline l'Ancien ou Cicéron, réputés pour leur intelligence et leur rigueur, rapportent des manifestations d'OVNI tout aussi énigmatiques.

D'autres soi-disant preuves sont reproduites sur des fresques médiévales ou de la Renaissance. On y voit des objets dans le ciel, renfermant quelquefois une silhouette. Enfin de nombreux "experts" ont reconnu des "extraterrestres" dans des statuettes japonaises, de l'île de Pâques, du Pérou, d'Egypte ou d'Australie. Tous ces indices n'ont encore une fois qu'une valeur anecdotique et chacun sait qu'une oeuvre d'art, comme un texte sacré, peuvent être interprétés par chacun de plusieurs façons. Nous reviendrons sur ces thèmes et leurs interprétations en temps utile, mais il est déjà aisé de comprendre que beaucoup de ces phénomènes s'expliquent aujourd'hui de façon naturelle.

Nous pouvons toutefois citer quelques événements historiques qui ont marqué la mémoire des hommes, au point de figurer dans les comptes-rendus scientifiques.

En 1561 par exemple, les habitants de Nuremberg observèrent des objets cylindriques et des sphères en évolution au-dessus de leur ville tandis que le même événement se reproduisit au-dessus de Bâle en 1566.

Le 20 mai 1646 au-dessus de Londres "d’étranges signes sont apparus dans le ciel et des sons indésirables". L’événement fut remarqué par “divers civils honnêtes, sobres et de bon crédit" écrivit T.Forcet cette année là. Les témoins ont vu des hommes dans le ciel faisant des efforts, s’acharnant et tirant ensembles, l’un d’eux tenant un glaive. Plus tard "entre Newmarket et Thetford on vit un pilier de nuages descendre sur la terre, la garde d’épée dirigée vers le bas". Le phénomène dura environ une heure et demi.

De 1762 à 1870 de nombreuses observations ont été consignées. Quelques unes décrivent des lumières mystérieuses dans le ciel ou des objets arrondis observés de jour. Il est important de relater ces observations car à cette époque il n’existait pas de télégraphe, ni de téléphone ou de radio pour rapidement propager ces nouvelles.

De 1870 au tournant du XXeme siècle, une série de notifications font état de la présence d’objets en vol. En Angleterre, le "Times" rapporta l’observation d’une forme elliptique suivie d’une sorte de queue qui s’étendait sur quelque 30” d’arc et qui traversa le limbe de la Lune. La même année l'astronome français Trouvelot de l'Observatoire de Paris observa dans le ciel des objets qui ressemblaient à ceux de Bâle et de Nuremberg et qui "se déplaçaient comme un disque tombant dans l'eau".

Le 1er août 1871, un grand objet circulaire fut observé au-dessus de Marseille, en France.Il se déplaçait lentement dans le ciel, apparemment à haute altitude et fut visible environ 15 minutes (Comptes Rendus des séances de l'Académie des Sciences, 1871, volume 73, en particulier "Observation d'un bolide faite à l'Observatoire de Marseille le 1er août. Note de M. Coggia, présentée par M. Le Verrier").

C’est le 25 janvier 1878 que pour la première fois on compara un OVNI avec une soucoupe volante. John Martin, fermier habitant près de Denison, Texas, rapporta dans le "Daily News" avoir observé le mardi matin un objet sombre dans le ciel qui se rapprochait de lui : "Sa forme particulière et sa vitesse d’approche ont attiré mon attention. L’objet est passé presque au-dessus de moi à une altitude respectable et avait la dimension d’une grande soucoupe. Il ressemblait à un ballon. Il est ensuite parti si rapidement que je l’ai vite perdu de vue dans le ciel".

Le 22 mars 1880, plusieurs objets brillamment lumineux furent observés à Kattenau en Allemagne. Observé juste avant le lever du Soleil, ils ont été décrits comme venant de l’horizon et se déplaçant d’est en ouest. Cette observation a été publiée dans la magazine "Nature"[8].

En 1885, le magazine français "L’Astronomie" publia la première photographie d’un OVNI. Elle avait été prise le 12 août 1883 à l’Observatoire de Zacatecas au Mexique par José Bonnila. Alors qu’il observait la surface solaire au télescope, il vit plus de 300 objets traverser le disque du Soleil. Equipé de plaques photographiques humides il prit plusieurs photographies du phénomène au 1/100e de seconde. Malgré les bruits les plus divers, il semblerait toutefois que Bonnila ait observé une formation d’oies sauvages. La même année, M.Mavrogordato observa en Turquie de curieux objets évoluant à basse altitude. L'un d'eux ressemblait à un disque dont la taille apparente valait 4 à 5 fois celle de la Lune.

En 1893, des roues et des disques diurnes furent observés en mer du Japon. Le 26 août 1894, un amiral anglais rapporta l’observation d’un grand disque muni d’une sorte de queue.

L’année suivante, Anglais et Ecossais relatèrent l’observation d’objets de forme triangulaire, similaires à ceux observés dans les Indes Hollandaises. Etant donné qu’aucun avion ou dirigeable ne ressemblait à ces objets, plusieurs astronomes ont supposé que ces mystérieux objets pouvaient provenir de l’espace.

Les Etats-Unis connaîtront leur première vague d'OVNI en novembre 1896 lorsque plusieurs centaines d'habitants de la région de San Francisco aperçurent un grand objet sombre "en forme de cigare, avec des ailes tronquées". L'objet sera aperçu dans les heures qui suivirent par des milliers d'autres personnes au Nord de la Californie. Quelques mois plus tard, en avril 1897, le "New York Herald Tribune"[9] rapporta cette observation : "Pendant plusieurs jours, des milliers de personnes ont signalé un mystérieux aéronef en forme de torpille, qui volait au-dessus des Etats-Unis : Kansas City, Chicago, Benton, etc. La nuit, des lumières rouges et vertes scintillaient sur ses côtés. De puissants faisceaux lumineux partaient de l'appareil, explorant le paysage en-dessous de lui". Selon les astronomes qui l’observèrent au télescope, de petites ailes se projetaient sur les côtés de l’objet. L’OVNI fut observé dans le Midwest mais également au Sud de St Louis et dans le Colorado.

Le 16 avril l’objet disparut du Midwest pour réapparaître - ou un objet similaire - le 19 avril à SisterVille en Virginie occidentale. Ce matin là la ville fut réveillée par les sifflements d’une scierie. Les personnes qui sortirent de leur maison firent une étrange observation. Un objet en forme de torpille se trouvait au-dessus d’eux, projetant une lumière aveuglante vers le sol, en balayant la région. L’OVNI semblait mesurer 60m de long et 10m de diamètre. Il disposait de bouts d’ailes et de lumières rouge et verte sur les côtés. Durant près de 10 minutes l’objet survola la ville puis tourna vers l’Est et disparut.

Ces deux étranges ballets aériens méritent d'être relatés parce qu'ils impliquèrent des milliers de personnes. Le raisonnement qu'on applique d'ordinaire à l'observation isolée, en la rejetant bien souvent par manque de données ou comme étant le produit de coïncidences ou d'une méprise, s'applique difficilement lorsqu'il se produit en présence d'une masse de témoins. La probabilité qu'il s'agisse d'une coïncidence est extrêmement... improbable, car le risque d'avoir mal interprété un phénomène connu n'existe pratiquement plus (on peut toujours quantifier une probabilité négative).

Du reste, il est possible que certains observateurs aient conservé en mémoire le vol expérimental du “vaisseau de Pennington” qui s’envola du Mont Carmel en Illinois en 1891, et relaté à l’époque dans "Scientific American". Construit à l’image des vaisseaux de Jules Verne, ce dirigeable en forme de torpille disposait d’une immense hélice à l’avant, d’une grande crête dorsale et d’un empennage de belle taille. En-dessous de la torpille, dans laquelle était disposée deux hélices verticales, se trouvait une longue nacelle équipée de 13 hublots. Illustrant l’un des nombreux projets de l’époque, ce vaisseau a pu servir de modèle à la vague de 1896.

M’adressant aux détracteurs du phénomène OVNI, les objets observés durant la vague américaine sont également intéressants car ils décrivent des "airships" dont les performances et les caractéristiques ne pouvaient pas être égalées par les aéronefs de l'époque. Le Zeppelin ne sera inventé que trois ans plus tard, en Allemagne, et ne disposait pas de projecteurs. Quant au premier avion, il est français. En 1897 Clément Ader effectuera un vol de 300 m sur l'Eole III.

Il n’empêche qu’à cette époque là déjà, l’ufologie avait ses détracteurs et ses canulars[10]. Ainsi en 1824, l’astronome allemand Franz von Paula Gruithuisen raconta comment il avait découvert les traces d’une forteresse sur la Lune. D’autres soi-disant découvertes seront publiées dans les années qui suivirent, tant en Europe qu’aux Etats-Unis.

En 1835 par exemple, le journaliste new-yorkais Richard Adams Locke du nouveau journal "The Sun"[11] publia un article rapportant que l’éminent astronome John Herschel, alors en Afrique du Sud, avait découvert un humanoïde portant une toison de la plus belle teinte cuivrée et doté d’ailes de chauve-souris... Locke vendit la mèche l’année suivante lorsque l’astronome Camille Flammarion réfuta la découverte d’Herschel devant l’Académie des Sciences à Paris. De l'aveu même de Locke cela avait été "une façon de se moquer de certains astronomes avocats de l’existence d’une vie intelligente sur la Lune". Cette fois-ci le fondateur du "Sun", Benjamin Day, avait été complice de cette supercherie pour accroître les ventes de son journal !

Enfin, en 1896 le colonel H.G.Shaw[12] dit avoir rencontré des humanoïdes près à l’enlever à bord d’un “airship” à destination de Mars et un journal de Virginie[13] relata le débarquement de sept géants martiens au crâne disproportionné en 1897. On peut donc considérer que le concept de l’enlèvement extraterrestre tel que nous le connaissons aujourd’hui remonte à cette époque là, bien qu’il existe des textes antérieurs à cette époque.

Parmi les récits a priori dignes de foi, l’observation la plus étonnante fut réalisée le 2 juillet 1907, près de Burlington, Vermont, lorsque plusieurs témoins ont observé un objet en forme de cigare survoler la ville. Peu après l’avoir vu, un objet rond lumineux descendit du ciel en clignotant, puis explosa[14].

Le 8 avril 1914, des témoins ont observé à Fort Worth, Texas, une étrange ombre sous les nuages bas. Elle semblait provoquée par un énorme objet planant au-dessus des nuages. Malgré le fait que la couche nuageuse se déplaçait, l’ombre demeurait immobile. Elle diminua ensuite de taille et disparut rapidement, comme si elle s’élevait verticalement[15].

En 1934 Nicholas Roerich[16], chef d’une expédition au Tibet et ses équipiers observèrent très haut dans le ciel national un objet se déplaçant à grande vitesse du nord au sud. Muni de jumelles, Roerich nota que l’objet avait une forme ovale, visiblement de grande taille et reflétait les rayons du Soleil comme s’il s’agissait d’un matériau brillant poli. Alors qu’il le suivait du regard, l’objet a soudainement changé de direction pour se diriger vers le Sud-Ouest. Il disparut en quelques instants. A cette époque les dirigeables étaient bien connus de la plupart des gens. Certains pensaient qu’il s’agissait de vaisseaux américains. Mais une vérification ultérieure prouva qu’aucune nation ne possédait de tels vaisseaux. Ce fut la dernière observation faite avant la Seconde guerre mondiale.

Durant l’été de 1946, après que les Russes aient pris Pennemunde, la base de missile Nazi, des “fusées fantômes” furent observées au-dessus de la Suède. Pratiquement toutes les observations furent faites de nuit et personne ne put les décrire comme des soucoupes volantes ou similaires aux objets diurnes “habituels”. Les témoins dirent avoir observé des lumières rouge, verte, bleue et orange souvent floues ou vaporeuses suite à leur grande vitesse de déplacement.

Vers janvier 1947, la vague de “fusées fantômes” s’évanouit progressivement en Europe. Au même moment, le phénomène OVNI resurgit aux Etats-Unis.

Mais il est plus étonnant encore que des lumières et quelquefois des soucoupes volantes soient simultanément notifiées au-dessus de la Turquie, de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal et même du Maroc.

La problématique

Sans dire qu’il y eut des milliers d’autres témoins, parfois groupés en un même lieu, on peut raisonnablement conclure que des OVNI sont apparus dans le ciel à la fin du XVIIIeme et au XIXeme siècle. Si ces objets proviennent véritablement de l’extérieur du système solaire, il y a là matière à penser, sujet sur lequel nous reviendrons car il pose plus de questions qu’il n’en résout.

Même si les détails de ces observations sont perdus, la question est de savoir ce que ces témoins ont observé. Considérant que les témoins ont relaté une expérience authentique, leur profession - militaires, astronomes, chefs d’entreprises, responsables publics - me poussent à penser que leur désir de discrétion fut contré par une situation extraordinaire qui dépassa leur entendement. Sinon, autant le dire brutalement : tous les témoins sont des mythomanes !

De nos jours les scientifiques restent très prudents quand ils se prononcent sur le sujet. La plupart des astrophysiciens questionnés considèrent que nous connaissons encore fort mal les phénomènes atmosphériques et géophysiques en général, sous-entendant que les OVNI ne seraient que des manifestations bien naturelles ou des interprétations erronées de phénomènes connus. S’ils n’en sont pas, ces OVNI tombent alors dans le domaine du mythe et des comportements socio-psychologiques... Les rares scientifiques ayant tenté leur chance dans la voie d’une explication en relation avec les “extraterrestres” ont encore beaucoup de travail à abattre pour persuader leurs confrères[17].

C’est ainsi que feu le Dr Donald H. Menzel, astrophysicien et ancien directeur du Harvard College Observatory et membre du Smithsonian Astrophysical Observatory était un farouche adversaire de la thèse extraterrestre. Il voyait dans tous ces événements des effets optiques ou des hallucinations collectives.

Mais la répétition et la cohérence des témoignages nous poussent à considérer que tous les narrateurs ne sont pas des mythomanes. Si les événements qu'ils ont relatés ont dépassé leur sens commun, on peut valablement imaginer qu'ils ont observé quelque chose d'inhabituel dans le ciel ou sur le sol à cette époque là. Quant à savoir s'ils avaient toutes les données en main, probablement pas, mais personne ne peut l'affirmer. Dans ces conditions il serait contraire à la démarche scientifique de ne voir dans toutes ces manifestations que des phénomènes naturels ou des créations de l'esprit. Nous sommes toutefois contraints de les classer dans la rubrique des anecdotes par manque de preuves, d'évidences comme diraient les avocats de la défense.

C'est ce manque de rigueur qui enferme toute la problématique OVNI dans un débat oiseux et stérile où les réactions sont souvent épidermiques. Si nous voulons discuter sérieusement de ce problème, poser aujourd'hui les jalons d'une future discipline à part entière, nous devons donc nous tourner vers des sources contemporaines[18], pour lesquelles tout l'arsenal de la science peut-être mis en oeuvre. Ce sera l'objet du chapitre suivant.

Deuxième chapitre

La naissance d'un phénomène

Retour aux OVNI

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[5] H.Evans, J.Spencer et BUFORA “Phenomenon - Forty years of Flying saucers”, Avon Books, 1989 - Pour ceux qui préfèrent consulter des ouvrages iconographiques grand format lire, “Le phénomène des OVNI”, Time-Life, 1988 - J.Spencer, “World Atlas of UFOs



19/04/2008
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