Psychohistoire (Asimov)

 

Psychohistoire (Asimov)

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La psychohistoire est une science fictive imaginée par l'auteur de science-fiction Nat Schachner puis développée plus largement par Isaac Asimov (1920-1992) dont le but est de prévoir l'Histoire à partir des connaissances sur la psychologie humaine et les phénomènes sociaux en appliquant une analyse statistique à l'image de la thermodynamique.

Asimov imagine le concept de psychohistoire dans une série de nouvelles écrites entre 1942 et 1944 et, encouragé par son éditeur, John Campbell, il le développe dans ce qui deviendra le Cycle de Fondation, un ensemble de romans qui décrivent l'histoire sur la longue durée de l'Empire Galactique. Asimov dit avoir été inspiré par l'Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain écrite par Edward Gibbon à la fin du XVIIIe siècle et l'idéologie scientiste.

En réalité, le concept de psycho-histoire semble avoir été inventé par un écrivain qu'Isaac Asimov admirait : il s'agit de Nat Schachner, qui, dans une nouvelle intitulée L'arme suprême (en : Beyond all weapons) met en scène, un dictateur auquel s'oppose le héros, John Martin, professeur de psychohistoire dans l'université de la capitale : Megalon. Cette nouvelle est parue dans le numéro 132 de la revue Astounding stories en novembre 1941 [1]. Dans cette nouvelle, le concept de psychohistoire est l'élément central de la narration : d'une part, règne un dictateur qui se fait appeler le Directeur, qui règne grâce à sa police, les S.S.S. (Service de la Surveillance Secrète) depuis son palais bâti sur un nid d'aigle, d'autre part, un professeur d'histoire accusé de fomenter un complot, mais que le régime ne peut jamais prendre en flagrant délit. Or une rumeur croît, faisant état de l'arrivée d'un homme providentiel, qui viendra renverser le régime... À la fin, la révolution se déclenche sur la base de cette rumeur, créée de toutes pièces par John Martin, le psycho-historien, et renverse le dictateur.[travail inédit ?]

Principe[modifier | modifier le code]

Toujours selon les principes établis par Asimov, cette science permettrait de prévoir par le calcul les évolutions sociales.

Bien que capable de prédire la réaction de masses humaines à certains événements, elle ne fonctionne que pour un très grand nombre d'individus et est incapable de prévoir la réaction d'un individu isolé face à un stimulus donné. Elle reconnaît par contre l'influence d'actes de petite envergure sur l'ensemble de la population qu'elle considère. On peut en cela l'apparenter à la - tout-à-fait scientifique - théorie du chaos.

Elle permettrait donc d'établir des probabilités qui seraient d'autant plus fiables que celles-ci porteraient sur des populations de grande taille. À l'inverse, elle serait d'autant plus hasardeuse qu'elle se verrait appliquer à un petit nombre d'individus, jusqu'à devenir absurde au niveau individuel.


Afin d'éviter les paradoxes de prophétie autoréalisatrice, la psychohistoire est censée ne fonctionner que sur des populations qui ne sont pas (trop) informées, dans le détail, de ses conclusions. C'est pourquoi dès le départ la Fondation est coupée en deux : la partie visible qui ne s'occupe que de sciences exactes et historiques, et la Seconde Fondation, « à l'autre bout de la galaxie », qui veille dans l'ombre à la bonne application du Plan Seldon malgré les multiples aléas de l'histoire réelle. En fait, cette science avait été imaginée et conçue par un robot nommé R. Giskard Reventlov qui apparaît dans la série Robots. Étant donné qu'il avait été modifié, il pouvait voir et influencer les sentiments et décisions des humains. Il était « télépathe ». C'est cette qualité qui lui a permis de fonder la psychohistoire qu'il a ensuite révélée à son ami R. Daneel Olivaw qui lui-même la souffla à Hari Seldon. R. Daneel Olivaw était lui aussi devenu un robot « télépathe » à la mort de R. Giskard Reventlov.


Contexte de la création de l'idée[modifier | modifier le code]

Quand il élabore l'idée de fondation en s'inspirant de la chute de l'empire romain, Isaac Asimov est un étudiant en chimie de 21 ans. Il propose son idée de nouvelle à John Campbell (son éditeur) qui veut en faire une série, allant jusqu'à la création d'un second empire (d'où l'idée de cycle). Il explique que cette période de trouble serait exposée « à la lumière de la science de la « psychohistoire » dont Campbell et [lui eurent] bientôt dégrossi les grandes lignes. »[2]

Les bases et références scientifiques[modifier | modifier le code]

La référence à la chimie est clairement établie, notamment l'analogie avec les lois statistiques de la thermodynamique qui permettent de prévoir précisément le comportement de la matière en n'ayant comme données que des probabilités au niveau unitaire.

Lien avec la cybernétique[modifier | modifier le code]

Elle est souvent citée comme étant une forme de vulgarisation de la cybernétique ou des mouvements qui en sont issus (systémique, théorie du chaosetc.), mais il faut bien noter pourtant que la cybernétique n'est formalisée sous ce nom par Norbert Wiener qu'en 1947-48, alors que les grandes lignes de la psychohistoire datent de 1941. On ne peut donc que supposer des références communes.

Pourtant, le fait que John Campbell ait été un ami de Norbert Wiener au Massachusetts Institute of Technology (MIT) laisse à penser qu'il peut bel et bien y avoir un lien avec le mouvement associé qui avait lui déjà commencé.

Une science réelle[modifier | modifier le code]

Indubitablement universitaire, la psychohistoire présente cependant un développement obscur, probablement du fait de sa proximité de connexions politiques. Existent une Société Française de Psychohistoire[3] et un Institut for Psychohistory[4] ainsi que des départements universitaires consacrés à l'étude de l'histoire et des sciences politiques.

Une première théorie psychologique de l'histoire avec classification d'âges psychologiques de développement social a été établie par l'historien Karl Lamprecht (qui distingue les cinq âges : Symbolique, Typal, Conventionnel, Individualiste, Subjectif) puis reprise par le politicien védantiste Aurobindo Ghose. La psychanalyse de Sigmund Freud a également contribué à joindre la psychologie et l'histoire (Totem et Tabou, Moïse et le Monothéisme). Actuellement l'Institut pour la Psychohistoire de New York met l'accent sur l'histoire de l'enfance, introduisant de ce fait un concept de paedomorphose (épigenèse du développement mental[5]).

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'homme dissocié édité en 1973 par Jacques Sadoul dans la collection J'ai lu
  2. Isaac Asimov, avant-propos de Terre et fondation
  3. Société Française de Psychohistoire [archive]
  4. Institute for Psychohistory [archive]
  5. épigenèse du développement mental : http://escol.univ-paris8.fr/IMG/pdf/TELEMAQUE.pdf [archive]

Voir aussi[modifier | modifier le code]



26/10/2013
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